Lake Louise en Alberta. (©Pixabay)
Le Canada, pays grand comme 18 fois la France métropolitaine, est un producteur, un consommateur et un exportateur de premier plan dans le paysage énergétique mondial.
Dernières données sur l'énergie au Canada (rapport officiel du Ministère des Ressources naturelles)
Production et consommation
Le Canada est « un chef de file mondial en matière d'énergie » selon les termes du dernier cahier d'informations sur l'énergie 2024-2025 publié par le ministère canadien des Ressources naturelles(1).
Et pour preuve, le pays est le 6e producteur mondial d'énergie primaire en 2022 (4% du total mondial), derrière la Chine (21%), les États-Unis (15%), la Russie (10%), l'Arabie saoudite (5%) et l'Inde (4%). Il se classe parmi les plus grands acteurs mondiaux pour les différentes sources d'énergie, comme le montre le tableau ci-après du ministère des Ressources naturelles.
En 2022, la consommation d'énergie primaire du Canada a reposé à près de 77% sur les énergies fossiles (41% gaz naturel, 33% pétrole, 2% charbon), souligne le ministère des Ressources naturelles, soit moins que la moyenne mondiale (81%).
La production d'électricité du Canada s'est élevée à 639 TWh en 2022, reposant à 61,6% sur la seule filière hydroélectrique.
Échanges d'énergie
En 2023, les exportations d'énergie du Canada se sont élevées à 199,1 milliards de dollars. Les exportations de pétrole et de gaz ont atteint 177 milliards de dollars cette année-là, dont 95% à destination des États-Unis.
Le Canada a dans le même temps importé 57,9 milliards de dollars d'énergie en valeur en 2023 (les États-Unis comptant pour 78% de ce total).
Compte tenu de la situation énergétique du pays, l'intégralité des volumes d'électricité importés et exportés par le Canada ont lieu avec le voisin américain.
Le regard de l'AIE sur la situation énergétique canadienne (rapport de janvier 2022)
Consommation d'énergie et réserves
La consommation d’énergie primaire du Canada, pays d’un peu plus de 38 millions d’habitants, s’est élevée à 287,6 Mtep en 2020, selon un rapport de l'AIE consacré à ce pays publié en janvier 2022(2). Elle reposait à près de 76,5% sur les énergies fossiles, gaz naturel (39,1%) et pétrole en tête (32,7%).
Le pays fait partie des dix principaux producteurs mondiaux de pétrole, de gaz naturel, d’hydroélectricité, d’uranium mais aussi d’électricité d’origine nucléaire ainsi que d’origine éolienne ou encore de biocarburants. Il extrait par ailleurs d'importantes quantités de minéraux « critiques » essentiels dans le cadre de la transition énergétique. Au total, le Canada a exporté 44% de sa production d’énergie en 2020, indique l’AIE.
Production d'énergie
La production énergétique du Canada repose pour près de moitié sur le pétrole (51% en 2020). Le pays dispose des troisièmes réserves prouvées au monde de pétrole(3) (dont 97% sous forme de sables bitumineux et seulement 3% de réserves dites « conventionnelles)(4) et a produit près de 5,2 millions de barils par jour de pétrole brut en 2020, soit 55% de plus qu’en 2010(5).
Le Canada dispose d’une production d’électricité décarbonée à près de 83%, essentiellement grâce à son parc hydroélectrique (60% du mix électrique national en 2020) et dans une moindre mesure du nucléaire (près de 15%), et le pays ambitionne de porter cette part à 90% à l’horizon 2030. Dans cette optique, le gouvernement fédéral s’est entre autres engagé à faire fermer toutes les centrales à charbon « traditionnelles » du pays d’ici à 2030 et à lancer de nouveaux projets hydroélectriques. L’AIE souligne que l’intégration de nouvelles capacités éoliennes et solaires dans le mix électrique canadien sera facilité par le parc hydroélectrique de ce pays, constitué de larges réservoirs permettant un stockage à grande échelle.
Quelques recommandations de l'AIE
Comme dans chacun de ces « policy reviews » consacrés à des pays, l’AIE souligne les transformations en cours du système énergétique canadien et émet des recommandations pour renforcer notamment les engagements dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le Canada ambitionne de réduire de 40% à 45% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à 2005 (et d’atteindre « zéro émission nette » d’ici à 2050). Pour soutenir ses engagements climatiques, le pays a entre autres mis en place un système de tarification du carbone et dispose d’un règlement fédéral portant sur les émissions de méthane de son important secteur pétrolier et gazier.
L’AIE souligne l’importance de réduire l’intensité carbone liée à l’extraction de pétrole et de gaz au Canada (celle-ci est déjà en déclin depuis plusieurs années), qui compte pour un quart des émissions nationales de gaz à effet de serre. L’Agence internationale de l’énergie souligne également le rôle moteur du Canada dans de nombreux domaines d'innovation comme « la capture, l’utilisation et le stockage de CO2, l’hydrogène propre et les SMR, avec la perspective d’être un fournisseur de solutions énergétiques et climatiques aux autres pays ».
L'AIE recommande par ailleurs de promouvoir une stratégie nationale en faveur de l'efficacité énergétique, d'augmenter les interconnexions électriques entre les différentes provinces canadiennes, d'étendre l'accès à l'énergie auprès des communautés autochtones isolées du nord du pays et de prévoir des actions de soutien pour les travailleurs du secteur du charbon qui seront affectés par la transition énergétique.
Rapports précédents sur l'énergie au Canada (archives)
Rapport de l'EIA américaine (octobre 2019)
En 2018, le Canada était le 4e producteur mondial de pétrole (après les États-Unis, l’Arabie saoudite et la Russie) mais aussi de gaz (après les États-Unis, la Russie et l’Iran) selon l’analyse publiée en octobre 2019 par l’EIA américaine (Energy Information Administration)(6). Le pays disposait des 3e réserves prouvées de pétrole au monde (167,8 milliards de barils de pétrole à fin 2018), celles-ci devant toutefois être extraites de sables bitumineux, mélange de bitume brut, de sable, d’eau et d’argile.
Il y est entre autres rappelé que le Canada a produit 5,2 millions de barils de pétrole et d’autres hydrocarbures liquides par jour (Mb/j) en 2018. Précisons que la quasi-totalité des exportations canadiennes de pétrole brut est acheminée vers les États-Unis (96% en 2018, contre seulement 2% vers l’Europe) et que la production pétrolière canadienne devrait croître « modestement en 2019 et 2020 » en raison des capacités d’exportation limitées dont dispose actuellement le pays (ce qui entraîne de fréquents débats au sujet de nouveaux oléoducs comme Keystone XL).
Le Canada est également le 3e producteur hydroélectrique au monde (après la Chine et le Brésil). En 2018, près de 59% de la production électrique de ce pays a été fournie par l’énergie hydraulique. Le Canada dispose par ailleurs d’un parc de 19 réacteurs nucléairescomptant pour près de 15% de son mix de production électrique.
La production électrique du Canada est dite « décarbonée » à plus de 80%. (©Connaissance des Énergies, d'après EIA)
Rapport de l'Office nationale de l'énergie (février 2016)
Les gaz d'enfouissement désignent les gaz (typiquement composés de 50 % de méthane et 50 % de CO2) produits par la décomposition des matières organiques enfouies dans les décharges qui sont récupérés. (©Connaissance des Énergies)
En 2014, le Canada était, au niveau mondial, le 2e producteur d’uranium naturel (derrière le Kazakhstan) et d’hydroélectricité (derrière la Chine), le 4e producteur de pétrole brut et le 5e producteur de gaz naturel, selon un autre rapport de l'Office national de l'énergie canadien publié en 2016(7). Le Canada disposait entre autres des 3e réserves prouvées de pétrole au monde (dont 97% se trouvent dans des sables bitumineux) et des 4e ressources identifiées d’uranium naturel.
Dans cette étude, l’Office national de l’énergie, organisme de réglementation canadien, présentait un état des lieux détaillé de la situation énergétique de ce pays ainsi que les perspectives d’évolution de la production et de la demande d’ici à 2040. Un scénario de référence présentait des projections de base (avec un baril du brut remontant autour de 80 $ en 2020 et jusqu’à 107 $ en 2040) et 5 autres scénarios sont exposés suivant différentes hypothèses : des prix des hydrocarbures bas ou élevés, des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) nulles ou élevées, une absence de nouvelles infrastructures significatives pour transporter le pétrole canadien.
Une production pétrolière en hausse de 56% à l'horizon 2040 selon le scénario de l'Office
Dans son scénario de référence, l’Office national de l’énergie envisageait une croissance de la production canadienne de pétrole brut de 56% d’ici à 2040 (par rapport à 2014) qui atteindrait alors 6,1 millions de barils par jour (Mb/j) à cet horizon. La production de gaz naturel, dont l’évolution dépend en partie des capacités d’exportations sous forme de GNL, pourrait quant à elle augmenter de 22% à l’horizon 2040. Cette étude prévoyait par ailleurs une forte hausse de la production d’électricité, principalement liée aux centrales à gaz et aux nouvelles capacités renouvelables (l’hydroélectricité restant de loin la première source de production électrique en 2040, comptant à cette date pour 56% du mix contre 62% en 2014).
La demande d’énergie canadienne devrait poursuivre sa croissance mais à un rythme annuel moyen de seulement 0,7% entre 2014 et 2040, soit presque deux fois plus lent que sa croissance entre 1990 et 2013, prédisait alors l'Office. L’intensité énergétique de l’économie canadienne (consommation d’énergie par point de PIB) devrait parallèlement continuer à diminuer, à un rythme moyen de 1% par an entre 2013 et 2040.La hausse de la production d’énergie cumulée à une croissance limitée de la demande devrait ainsi, selon l’Office national de l’énergie, permettre au Canada d’augmenter sensiblement ses exportations, sous réserve de bénéficier de nouveaux moyens pour les acheminer (au sein de nouveaux oléoducs pour le pétrole, sous forme de GNL pour le gaz).
Oléoducs et émissions de gaz à effet de serre : deux préoccupations compatibles ?
Le Canada est le plus important exportateur de pétrole brut vers les États-Unis et l’absence de nouvel oléoduc d’envergure vers ce pays (tels que Keystone XL qui a été abandonné en novembre 2015) pourrait entraîner une baisse de la production pétrolière nationale à l’horizon 2040 estimée à 8% par rapport au scénario de référence, indiquait en 2016 l'Office national de l'énergie. En effet, ce scénario dit « de capacité limitée » contraindrait les producteurs canadiens à avoir recours au transport ferroviaire, plus coûteux, pour acheminer leur pétrole. Signalons ici que la réglementation de la construction et de l’exploitation des oléoducs et gazoducs fait partie des principales attributions de l’Office national de l’énergie.
Suite à la COP21, la question des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Canada est enfin être de plus en plus sensible : ce pays était à l’origine d’environ 2% des émissions mondiales en 2013 et les émissions par habitant sont, au Canada, parmi les plus élevées au monde en raison du climat et de la géographie du pays (qui implique de nombreux transports). Notons que près de 81% des émissions canadiennes de GES en 2013 étaient imputables à la combustion d’énergie. Dans le cadre de la Conférence Climat de Paris, le Canada s’était fixé pour objectif de réduire ses émissions totales de GES de 30% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2005.