Le gisement uranifère de Cigar Lake est situé à des profondeurs de 410 à 450 m. (©Cameco)
Au cœur du Canada, la mine d’uranium de Cigar Lake a été mise en service en mars dernier, 9 ans après le début des travaux sur ce site. Elle renferme de vastes ressources d’uranium de très haute qualité. Pour en extraire ce riche minerai, des techniques innovantes ont dû être employées.
Un gisement au minerai exceptionnel
Situé au nord de la province du Saskatchewan, le gisement uranifère de Cigar Lake a été découvert en 1981 mais n’est en service que depuis près d’un mois. Il s’agit du 2e plus important gisement d’uranium à haute teneur au monde derrière Mc Arthur River, site qui n’est situé qu’à quelques dizaines de kilomètres plus au sud.
Le minerai contient en moyenne près de 18,3% d’uranium naturel, un pourcentage exceptionnel alors que la plupart des gisements exploités dans le monde ne dépasse pas 1%. Au total, les réserves prouvées d’uranium de Cigar Lake atteignent près de 233 600 tonnes d’uranium selon l’exploitant canadien Cameco. En y ajoutant les réserves « probables », la mine pourrait contenir près de 537 100 tonnes d’uranium naturel, de quoi satisfaire les besoins du parc nucléaire mondial pendant plus de 8 ans.
Près de 2,4 milliards de dollars ont été investis au total dans les travaux de la mine de Cigar Lake. Il est prévu que l’exploitation de la mine dure au minimum jusqu’en 2028. La production maximale devrait être atteinte en 2018, date à partir de laquelle la mine devrait fournir près de 7 000 tonnes d’uranium par an, soit approximativement 12% de la production mondiale actuelle. Le Canada, 2e producteur mondial d’uranium naturel derrière le Kazakhstan, pourrait in fine quasiment doubler sa production avec la mise en service de Cigar Lake.
Une exploitation par « jet boring »
La mise en service du gisement de Cigar Lake a nécessité le recours à des techniques innovantes. Le forage est effectué par injection d’eau à haute pression (technique du « jet boring »). Les terrains autour des poches de minerai ont été congelés grâce à un liquide réfrigérant afin que l’eau ne s’infiltre pas dans la mine. Grâce à ces deux procédés, l’extraction de minerai uranifère à Cigar Lake s’effectue sans qu’aucun mineur n’intervienne dans la mine.
Une première livraison de minerai d’uranium de Cigar Lake a déjà été réalisée le mois dernier vers l’usine de Mc Lean, à 70 km du gisement. Là, le minerai est transformé en « yellowcake », une pâte jaune contenant environ 75% d’oxyde d’uranium (U3O8). Cette transformation est effectuée par Areva qui détient 37,1% des parts de la joint-venture exploitant Cigar Lake (50,025% des parts sont détenues par Cameco). Le yellowcake formé sera par la suite envoyé dans des usines d’enrichissement, en particulier en France, pour être converti en hexafluorure d’uranium et enrichi. Le combustible nucléaire résultant de ces transformations pourra alors être exploité dans les réacteurs nucléaires.