- Source : EIA
Dépourvue d’importantes ressources énergétiques sur son territoire, la Corée du Sud fait partie des principaux importateurs d’énergie dans le monde. Ce pays de près de 51 millions d’habitants est en particulier le 3e importateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL) derrière le Japon et la Chine et le 4e importateur de charbon après la Chine, l’Inde et le Japon.
Dans cette note en anglais publiée le 16 juillet, l’EIA américaine (Energy Information Administration) présente ses derniers chiffres clés relatifs à l’énergie en Corée du Sud (données en grande majorité liées à la production et à la consommation de pétrole et de gaz) ainsi que la stratégie énergétique du plus grand des dragons asiatiques, avec notamment le 8eBasic Plan for Electricity Supply and Demand.
En 2017, la Corée du Sud a consommé près de 2,8 millions de barils par jour (Mb/j) de pétrole brut et d’autres hydrocarbures liquides, ce qui en fait le 8e consommateur au niveau mondial(1). La demande interne a augmenté de 300 000 barils par jour au cours des 3 dernières années, notamment en raison de la baisse des prix des carburants dans les transports et d’une plus forte consommation de gaz de pétrole liquéfié (GPL) et de naphta par la pétrochimie. Précisons que la Corée du Sud, bien que dépendant presque entièrement des importations pour satisfaire ses besoins de pétrole brut(2), dispose de 3 des 10 plus grandes raffineries au monde (avec des capacités de raffinage s’approchant de 3,2 Mb/j à fin 2017(3)).
Au total, le pétrole et les autres hydrocarbures liquides ont compté pour 44% de la consommation sud-coréenne d’énergie primaire en 2017. Séoul encourage les investissements à l’étranger des compagnies sud-coréennes dans l’amont pétrolier « pour compenser le manque de réserves domestiques et sécuriser davantage les approvisionnements de pétrole brut ». La Corée du Sud dispose également d’importantes réserves stratégiques de pétrole brut et de produits raffinés, avec 9 grandes installations publiques de stockage(4).
Le charbon est la 2e grande source d’énergie dans le mix sud-coréen, comptant pour 29% de la consommation nationale d’énergie primaire en 2017. Les importations de charbon ont augmenté de plus de 50% au cours des dix dernières années, principalement à des fins de production électrique. Elles ont connu une croissance de 9% en 2017, avec la mise en service de plusieurs grandes centrales électriques alimentées par ce combustible en 2016 et 2017 (d’une capacité cumulée de 12 GW) et une reprise de l’activité manufacturière.
Dans son 8eBasic Plan for Electricity Supply and Demand, le gouvernement sud-coréen prévoit de mettre un terme aux constructions de nouvelles centrales à charbon et d’arrêter celles exploitées depuis plus de 30 ans. En raison de son prix peu élevé, le charbon « devrait toutefois encore jouer un rôle important » en Corée du Sud dans les prochaines années selon l’EIA, plusieurs centrales étant actuellement en construction en vue d’une mise ne service en 2024.
En 2017, le gaz naturel a compté pour 14% de la consommation sud-coréenne d’énergie primaire, une part amenée à augmenter dans les prochaines années. Dépourvue de gazoducs transfrontaliers, la Corée du Sud dépend entièrement des navires méthaniers pour ses importations de gaz. En 2017, les importations sud-coréennes de GNL provenaient environ pour moitié du Qatar et d’Australie. Le pays dispose d’importantes capacités de stockage sur ses sites de regazéification pour renforcer la sécurité d’approvisionnement nationale (la compagnie publique KOGAS prévoit de disposer de capacités de stockage équivalant à 20% de la consommation gazière domestique d’ici à 2029).
En 2017, les énergies fossiles ont compté pour près de 87% de la consommation d’énergie primaire de la Corée du Sud. (©Connaissance des Énergies, d’après BP Statistical Review of World Energy)
Après le charbon (qui a compté pour près de 40% de la production électrique en 2016), le nucléaire constitue l’autre grande source d’électricité en Corée du Sud (près de 30% du mix électrique en 2016). Séoul prévoit de réduire respectivement à 36% et 24% les parts de ces énergies dans le mix électrique national à l’horizon 2030. Le parc nucléaire sud-coréen, constitué de 24 réacteurs(5) (auxquels s’ajoutent 4 tranches supplémentaires en cours de construction), est le 6e au monde en matière de capacité installée. Le pays s’est historiquement fortement appuyé sur ce parc mais « l’opinion publique est devenue hostile » à cette énergie suite à l’accident de Fukushima Daiichi en 2011 et aux falsifications de certificats de conformité portant sur certains réacteurs coréens en 2012.
Outre l’énergie nucléaire, Séoul a peu développé les autres énergies bas carbone dans son mix électrique à ce jour. Le gouvernement prévoit de porter à près de 20% en 2030 la part des énergies renouvelables dans la production nationale d’électricité (contre environ 5% en 2016), en s’appuyant principalement sur l’éolien et le solaire photovoltaïque. D’ici à 2030, la Corée du Sud prévoit de réduire de 26% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à un scénario « business as usual » à cet horizon et de 62% ses émissions de particules fines.
Sources / Notes
- Selon le BP Statistical of World Energy, juin 2018.
- La Korea National Oil Corporation (KNOC) produit moins de 1 000 barils par jour de pétrole brut ultra-léger (condensats) sur le champ gazier de Donghae 1.
- Et des capacités d’exportation de 1,4 Mb/j de produits raffinés.
- Exploitées par la KNOC, ces installations ont une capacité totale avoisinant 146 millions de barils.
- Parc nucléaire de la Corée du Sud, AIEA.