La production d'électricité de la Corée du Sud a augmenté de 5% par an au cours de la dernière décennie. (©photo)
Alstom a annoncé le 17 décembre avoir remporté un contrat prévoyant la fourniture de 6 éoliennes pour le parc de Gowon en Corée du Sud. Dans le même temps, ce pays construit 5 réacteurs nucléaires, confirmant sa volonté de poursuivre le développement de l’atome. Présentation de la stratégie électrique du plus grand des quatre dragons asiatiques.
Un timide développement des énergies renouvelables
Les 6 éoliennes qu’Alstom va fournir à la Corée du Sud vont être implantées dans la province de Gangwon à près de 170 km à l’est de Séoul. Ces éoliennes, de modèle ECO 110, disposent d’une puissance unitaire de 3 MW et comportent des mâts de 90 m de haut. Le parc de Gowon devrait être pleinement opérationnel d’ici à fin 2015. Cette commande s’ajoute à un autre contrat de 10 éoliennes pour le parc de Gimnyeong déjà remporté par Alstom cette année.
D’ici à 2020, la Corée du Sud souhaite porter à 20% la part des énergies renouvelables dans sa production d’électricité. Celle-ci se limitait à 2,2% en 2012, la majeure partie provenant de l’hydroélectricité (devant le photovoltaïque et l’éolien). Rappelons que la Corée du Sud a la particularité de disposer de la plus puissante installation marémotrice au monde (254 MW, soit légèrement plus que la centrale française de la Rance) à Sihwa, au nord-ouest du pays.
Le pari du nucléaire
Avec 23 réacteurs nucléaires installés d’une capacité cumulée de 20,7 GW, la Corée du Sud possède le 5e plus grand parc nucléaire au monde en matière de puissance, derrière les États-Unis, la France, le Japon et la Russie (et juste devant la Chine qui dispose également de 23 réacteurs opérationnels). Le parc nucléaire coréen a généré près de 132,4 TWh en 2013, soit 27,6% de la production nationale d’électricité.
La Corée du Sud prévoit de poursuivre le développement du nucléaire pour augmenter sa très faible autonomie énergétique : le pays dépend encore aujourd’hui à près de 96% des exportations pour couvrir ses besoins énergétiques(1). Outre son intérêt en termes d’indépendance énergétique, la production électrique d’origine nucléaire se distingue par son coût : selon les estimations du gouvernement elle serait près de 40% moins chère que celle issue du charbon en 2012 et resterait très compétitive en intégrant un renforcement des normes de sécurité.
La Corée du Sud souhaite ainsi augmenter la part du nucléaire dans le mix énergétique national jusqu’à un niveau de 29% à l’horizon 2035. Pour atteindre ce niveau, la puissance du parc nucléaire coréen devrait plus que doubler pour atteindre près de 43 GW installés à l’horizon 2035. Le nombre précis de réacteurs nucléaires à déployer reste à préciser. A l’heure actuelle, 5 réacteurs nucléaires (à eau pressurisée) sont en cours de construction dans le pays.
Un mix électrique qui reste très carboné
Nucléaire et renouvelables ne satisfont encore qu’une part minoritaire de la consommation électrique coréenne puisque près de 70% des besoins étaient encore satisfaits par des centrales thermiques fossiles en 2012. Les centrales à charbon, dont la capacité cumulée dans le pays atteint près de 24,5 GW (soit 30% de la puissance du parc électrique coréen), continuent notamment à satisfaire une part importante de ces besoins. D’ici à fin 2017, le gouvernement prévoit même d’installer 15 centrales à charbon supplémentaires alors même que le charbon importé pèse sur la facture énergétique nationale ainsi que sur les émissions de gaz à effet de serre du pays.
Toutes les sources de production devraient être mises à contribution dans les années à venir. Le gouvernement coréen estime en effet que la consommation électrique devrait fortement croître et atteindre 610 TWh en 2020, 762 TWh en 2030 et enfin 816 TWh en 2035, soit 75% de plus qu’en 2012 (consommation de 465 TWh). Précisions que cette consommation d’électricité ne constitue qu’un cinquième de la consommation globale d’énergie en Corée du Sud.
Mix énergétique et électrique de la Corée du Sud en 2012 (©Connaissance des Énergies)