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L'UE ne « construit pas d'assez de parcs éoliens », déplore WindEurope

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Éolienne en mer de 15 MW d'Østerild

Éolienne en mer de 15 MW d'Østerild au Danemark. (©Vestas)

L'énergie éolienne aurait couvert près d'un cinquième des besoins d'électricité en Europe en 2024, selon les dernières estimations de WindEurope. L'organisation, qui défend les intérêts de la filière, déplore toutefois le rythme insuffisant du déploiement de nouveaux parcs.

Environ 13 GW de nouveaux parcs éoliens dans l'UE

En 2024, près de 15 GW de nouvelles capacités éoliennes - dont 13 GW d'installations terrestres et 2,3 GW de parcs offshore - ont été installées en Europe (au sens large, en incluant notamment le Royaume-Uni ou la Turquie), selon les dernières estimations de WindEurope.

L'Union européenne a compté pour la grande majorité de cette puissance, avec 11,4 GW de nouveaux parcs éoliens terrestres et 1,4 GW en mer. Mais pour atteindre ses objectifs énergie-climat à l'horizon 2030, l'UE « devrait construire 30 GW de nouveaux parcs éoliens par an » selon WindEurope.

L'éolien aurait couvert environ 19% de la consommation d'électricité de l'UE en 2024, à comparer avec l'objectif de porter cette part à 34% en 2030 et plus de 50% à l'horizon 2050.

Cette part était déjà de 19% en 2023 et est donc restée inchangée, précise WindEurope. En matière de production, la filière éolienne a produit 138 TWh dans l'UE en 2024, soit légèrement moins qu'en 2023 (142 TWh) : les installations supplémentaires de 2024 n'ont que partiellement compenser « une année de vent légèrement moins bonne » qu'en 2023.

Les raisons d'un développement ralenti

WindEurope insiste sur 3 principales raisons au développement insuffisant de l'éolien en Europe :

  • le ralentissement de l'électrification en Europe ;
  • un retard des raccordements de parcs ;
  • la non-application par la plupart des pays « des nouvelles règles européennes d'autorisation » devant permettre d'accélérer le développement de nouveaux projets éoliens (WindEurope souligne à ce titre que l'Allemagne doit servir d'exemple aux autres pays).

Pour rappel, l'UE a mis en place une cadre réglementaire « d'urgence »(1) en matière d'approvisionnement énergétique en 2022, dans le contexte de la crise énergétique suite au sabotage de Nord Stream 2. Cette « emergency regulation » a depuis été prolongée en juillet 2024 et doit être appliquée jusqu'à fin juin 2025. Ce cadre comprend « des délais plus courts pour les autorisations (en particulier pour les projets de repowering) et la notion importante d'intérêt public primordial pour l'énergie éolienne et d'autres énergies renouvelables », souligne WindEurope.

Par ailleurs, la directive révisée sur les énergies renouvelables, dite « RED III », a été adoptée fin 2023(2) (les États membres ont jusqu'au 21 mai 2025 pour la transposer dans leurs droits nationaux, ce que la majorité n'ont pas encore fait à ce jour, déplore WindEurope). Cette directive vise entre autres de porter à au moins 42,5% (en s'efforçant de viser 45%) la part des sources renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie de l’UE en 2030. Dans cette optique, elle simplifie notamment les procédures d'octroi de permis, en particulier dans les « zones d'accélération des énergies renouvelables ».

Consulter la directive « RED III » en français (directive du 18 octobre 2023 modifiant la directive (UE) 2018/2001, le règlement (UE) 2018/1999 et la directive 98/70/CE en ce qui concerne la promotion de l’énergie produite à partir de sources renouvelables, et abrogeant la directive (UE) 2015/652 du Conseil).

Des vents contraires fin 2024

Fin 2024, plusieurs actualités dans le nord de l'Europe ont témoigné des difficultés de l'éolien en Europe. 

En novembre tout d'abord, la Suède a annulé 13 projets de parcs éoliens le long de ses côtes en mer Baltique, à cause de leur impact sur « ses capacités de défense » (les tours et les pales rotatives des éoliennes émettant des échos radar et produisant des interférences susceptibles de ralentir le délai pour détecter une attaque de missiles selon l'armée).

Une décision insensée selon WindEurope, « d’autant plus que tous les autres pays riverains de la mer Baltique veulent construire davantage d’éoliennes offshore et progressent bien dans ce sens ». L'organisation impute la décision de la Suède à une « préférence politique très marquée pour l’utilisation de l’énergie nucléaire » à l'heure actuelle.

Début décembre, l'Agence danoise de l'énergie a par ailleurs déploré n'a reçu aucune offre à un grand appel d'offres sur l'éolien offshore en mer du Nord. Réponse des acteurs de la filière : « les vents sont bons et les fonds marins aussi mais économiquement cela ne justifiait pas que nous fassions une offre », indique alors le porte-parole de Vattenfall Rasmus Helveg Petersen au quotidien Finans.

WindEurope évoque à ce sujet « une énorme déception » dans le pays de naissance de l'éolien offshore mais un résultat « pas surprenant » compte tenu du système d'enchère danois (aucun soutien public comme les compléments de rémunération courants dans d'autres pays comme en France, « les développeurs éoliens doivent au contraire payer un droit à construire un parc »)(3).

En ce qui concerne les perspectives de l'éolien européen pour 2025 et pour les années à venir, WindEurope publiera fin février ses prévisions.

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