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Environnement: des établissements publics sous le feu des critiques

  • AFP
  • parue le

Critiqués pour leur coût ou des contrôles jugés trop intimidants, les établissements publics chargés de l'environnement se retrouvent actuellement sous le feu des critiques de la part de la droite et jusqu'au sommet de l'Etat, créant de l'inquiétude en leur sein.

Après avoir affirmé que l'écologie n'était "pas le problème" mais "la solution", le Premier ministre François Bayrou a particulièrement ciblé mardi l'Office français de la biodiversité (OFB), dont des locaux ont été récemment saccagés par des membres de la Coordination rurale (CR).

Dans son discours de politique générale, il a qualifié d'"humiliation" et de "faute" certaines inspections d'agents de l'OFB auprès des agriculteurs, "une arme à la ceinture dans une ferme déjà mise à cran par la crise".

"Le Premier ministre a souhaité envoyer un message politique de soutien aux agriculteurs dans la crise actuelle", a relativisé la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.

Selon elle, M. Bayrou souhaite simplement que "s'applique pleinement" une circulaire ministérielle de décembre imposant aux agents de l'OFB un "port d'arme discret" lors des contrôles administratifs.

Ces agents sont chargés de faire respecter les règles en matière d'usage des pesticides, d'arrachage de haies ou de respect des arrêtés sécheresse, mais aussi, au-delà des agriculteurs, de contrôler les chasseurs, de lutter contre le braconnage ou le trafic d'espèces protégés.

- "Boucs émissaires" -

Cet effort d'exégèse n'a pas calmé l'inquiétude des agents, ni freiné la polémique.

"Le Premier ministre traduit bien le fait qu'il est plus facile de critiquer injustement la force publique que de remettre dans l'ordre les problèmes de l'agriculture française", ironise Vincent Vauclin, cosecrétaire adjoint de la CGT Environnement, joint par l'AFP.

"Nous sommes confondus par ces propos inadmissibles", abonde Eric Gourdin, secrétaire général de l'Unsa Ecologie, qui promet "un mouvement d'actions".

"Cela fait maintenant une année que le gouvernement ne cesse de nous prendre pour les bouc-émissaires alors que nous faisons simplement notre métier", selon lui.

"L'humiliation, c'est nous qui la subissons", a aussi jugé sur France Inter un membre du syndicat SNAPE-FO.

"On a le sentiment que ce que veulent les agriculteurs, c'est ne plus nous voir dans leurs exploitations. C'est du même ordre que si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités pour empêcher le deal", a-t-il avancé.

Des propos "indignes", a réagi le président du conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand.

"Ignominie", "comparaison honteuse": les deux syndicats agricoles majoritaires, FNSEA et Jeunes Agriculteurs ont demandé mercredi lors d'une conférence de presse la suspension des contrôles de l'OFB après ces déclarations.

"Les propos tenus par certains représentants syndicaux n'engagent en aucun cas notre établissement", a prudemment réagi le directeur général de l'OFB, Olivier Thibault, vantant le "dialogue" avec le monde agricole.

- "Démagogie"-

Autre établissement public, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) s'est aussi retrouvée ciblée par des personnalités de droite depuis quelques jours, obligeant sa direction mercredi à défendre son "rôle stratégique" et sa gestion financière "rigoureuse et transparente".

"Moi je supprimerais l'Ademe et je transférerais le budget de l'Ademe aux régions", a prôné la présidente (LR) du conseil régional d'Ile-de-France, Valérie Pécresse.

"Si on supprime une agence, évidemment on supprimera tous les frais fixes et tous les frais de structure", a-t-elle fait valoir.

"Quand vous avez l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie qui a plus de 4 milliards de budget et près de 1.100 équivalents temps plein, la question de l'efficacité de la dépense publique se pose", a aussi attaqué le président (LR) du Sénat, Gérard Larcher, dans Le Parisien.

Mme Pannier-Runacher a pour sa part déploré des "attaques teintées de populisme et de démagogie".

"Parmi ses personnels, près de 700 sont en appui de mairies ou de collectivités locales pour des missions précises sur la transition écologique. Les dépenses de fonctionnement hors personnel de l'Ademe c'est... 25 millions d'euros! Voilà la réalité des enjeux!", a-t-elle détaillé sur X.

"On a décidé d'une victime expiatoire et là, tout d'un coup, les pauvres, ça tombe sur l'Ademe, ça tombe sur l'OFB...", a regretté l'ancien ministre (Modem) de l'Agriculture Marc Fesneau, tout en souhaitant une réflexion sur une utilisation "plus efficace de l'argent public".

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