En 2016, près de 41% de la population de la Birmanie n’avait pas accès à l’électricité. (©Pixabay)
Depuis 2000, la consommation d’énergie de l’Asie du Sud-Est a augmenté de deux tiers. Elle pourrait encore croître dans des proportions similaires d’ici à 2040 selon le dernier rapport de l’AIE publié le 24 octobre. Focus sur la situation énergétique des dix pays concernés.
Une consommation énergétique amenée à augmenter sensiblement
Les dix pays membres de l’ASEAN (Association des nations d’Asie du Sud-Est) constituent une des zones « dynamiques » du système énergétique mondial selon les termes de l’AIE. Déjà peuplée de près de 640 millions d’habitants (contre près de 510 millions pour les 28 membres de l’Union européenne), l’Asie du Sud-Est pourrait voir sa population augmenter de près de 20% d’ici à 2040 (avec une hausse de la population urbaine de près de 150 millions de personnes).
L’AIE estime que la consommation d’énergie primaire de l’Asie du Sud-Est pourrait encore augmenter d’environ deux tiers d’ici à 2040, en raison de la démographie mais aussi de la forte croissance économique de cette région et des efforts pour donner accès à l’électricité à toute la population (encore 65 millions de personnes en sont dépourvues en 2016). L’Asie du Sud-Est pourrait ainsi compter pour environ 11% de la hausse de la demande mondiale durant cette période (contre 26% pour l’Inde et 21% pour la Chine).
Toutes les sources d’énergie devraient contribuer à satisfaire la hausse de la consommation de l’Asie du Sud-Est selon l’AIE. Le charbon pourrait en particulier satisfaire 40% des besoins complémentaires de cette région, dépassant ainsi le gaz naturel dans le mix de production électrique. Il en résulterait une très forte hausse des émissions de CO2 liées à l’énergie (+ 75% d’ici à 2040) malgré le recours à des centrales au charbon supercritiques ou ultra-supercritiques (charbon « propre »)(1).
En 2016, les énergies fossiles ont compté pour 76% de la consommation d’énergie primaire de l’Asie du Sud-Est. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
Des importations de pétrole très coûteuses en 2040
La consommation de pétrole de l’Asie du Sud-Est pourrait augmenter de 4,7 millions de barils par jour (Mb/j) à l’heure actuelle à près de 6,6 Mb/j en 2040, avec une forte hausse du transport routier. Dans le même temps, la production régionale de brut pourrait continuer à décliner selon l’AIE. Dans ces conditions, le montant des importations nettes de pétrole de l’Asie du Sud-Est pourrait s’élever à près de 280 milliards de dollars par an à l’horizon 2040. La facture énergétique totale des 10 pays de l’ASEAN pourrait alors compter pour près de 4% du PIB régional.
La part des énergies renouvelables (en excluant la biomasse solide) dans le mix énergétique de l’Asie du Sud-Est pourrait doubler, principalement à des fins de production électrique. Elle resterait toutefois encore minoritaire dans le mix de 2040.
L’AIE appelle les pays de cette région à entreprendre une transition énergétique plus poussée, en encourageant davantage le développement des énergies renouvelables et en menant des actions d’efficacité énergétique pour limiter la hausse de la demande. Ce scénario dit « NSD » (pour « new sustainable development ») permettrait, à l’horizon 2040, de réduire de 50% les émissions de CO2 liées à l’énergie par rapport au scénario de référence de l’AIE(2).
En 2040, l’Asie du Sud-Est pourrait consommer quasiment 4 fois plus de pétrole qu'il n'en produira selon l'AIE. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)