- Source : Ifri
En Corée du Sud, le charbon et le nucléaire ont respectivement compté pour 45,3% et 30,3% de la production électrique nationale en 2017. A son arrivée au pouvoir en mai 2017, le président sud-coréen Moon Jae-in avait annoncé « un véritable tournant énergétique » au profit des énergies renouvelables et du gaz.
Dans cet éditorial en anglais publié par le Centre Énergie de l’Ifri, Sylvie Cornot-Gandolphe fait état de la nouvelle stratégie électrique mise en place par la Corée du Sud, dans le cadre de son 8e plan à long terme portant sur la période 2017-2031 (adopté fin décembre 2017). Elle y souligne que ce plan ne correspond pas à la « révision complète attendue » du mix électrique sud-coréen et illustre la difficulté « de réduire dans le même temps les productions électriques à partir du nucléaire et du charbon, problématique partagée par l’Allemagne ».
Pour lutter contre la pollution de l’air, Moon Jae-in s’était engagé lors de la campagne présidentielle à fermer les dix plus vieilles centrales à charbon du pays d’ici à 2022. Dès mai 2017, la nouvelle administration a décidé de fermer temporairement les centrales à charbon de plus de 30 ans(1) durant le mois de juin 2017, puis chaque année entre mars et juin (lorsque les pics de pollution atmosphérique sont atteints). La construction de 7 nouvelles centrales au charbon a toutefois été confirmée(2) pour des raisons économiques (et contractuelles), témoignant d’une « réduction marginale des capacités » du parc de centrales à charbon durant la décennie 2020.
Avec 24 réacteurs en service en Corée du Sud et un premier contrat remporté par le pays à l’étranger en 2009 aux Émirats arabes unis, la filière nucléaire a pour sa part longtemps été considérée comme « une fierté nationale ». Le Président Moon Jae-in s’est engagé à une sortie du nucléaire très progressive (à l’horizon 2060), motivée par les inquiétudes domestiques en matière de sûreté. Compte tenu des 4 réacteurs en cours de construction(3), le parc nucléaire devrait toutefois encore s’agrandir d’ici à 2022 (la puissance du parc nucléaire sud-coréen est censée être de 20,4 GW en 2030 contre 22,5 GW à fin 2017).
Dans ces conditions, le charbon et le nucléaire devraient encore être les principales sources d’électricité à l’horizon 2030 (comptant respectivement pour 36,1% et 23,9% du mix de production selon le 8e plan électrique). L’ambition de fortement développer le gaz a été révisée à la baisse, ce combustible étant censé seulement compter pour 18,8% de la production électrique sud-coréenne en 2030 (contre 16,9% en 2017). Pour rappel, la Corée du Sud est actuellement le 3e importateur mondial de gaz naturel liquéfiée (GNL) après le Japon et la Chine et reçoit l’intégralité de son gaz sous forme liquéfiée.
L’objectif de porter à 20% la part des énergies renouvelables dans le mix électrique sud-coréen à l’horizon 2030 (contre 6,2% en 2017) a en revanche été confirmé dans le 8e plan électrique national. Cet objectif peut sembler modeste, en comparaison avec d’autres pays, mais Sylvie Cornot-Gandolphe souligne plusieurs obstacles à leur développement au « Pays du matin frais », comme « le manque d’espace et la réticence d’une partie des autorités locales à délivrer des permis ».
Sources / Notes
- D’une puissance cumulée de 3,3 GW.
- Pour une mise en service d’ici 2022.
- Donnée de l’AIEA au 12 mars 2018.