
La diversité des sources d'approvisionnement et les contrats de long terme influencent la sécurité énergétique et les coûts. (©photo)
La France importe la très grande majorité du pétrole et du gaz qu'elle consomme. Elle importe et exporte également de l'électricité via des interconnexions avec les pays voisins. Les excédents ou déficits de cette balance commerciale peuvent varier selon la demande intérieure et les conditions de production.
Définitions
La balance énergétique française désigne le rapport « importations - exportations » d’énergie (pétrole, gaz naturel, électricité, etc.). Elle peut s'exprimer en térawattheures (TWh) ou en million de tonnes équivalent pétrole (Mtep).
La facture énergétique désigne le solde financier entre les importations et exportations d'énergie. De fait, il est fréquent de donner la balance énergétique d'un pays en monnaie qu'en TWh ou en Mtep.
Montant de la facture énergétique française
Balance énergétique en 2024
La facture énergétique de la France s'est élevée à 55,6 milliards d'euros en 2024(1), contre 48 milliards d'euros en 2010 et 24,1 milliards d'euros en 2000.
La facture liée aux importations d'hydrocarbures et de pétrole raffinée a atteint 62,5 milliards d'euros en 2024. Elle n'a été que très partiellement compensée par un solde exportateur net record d'électricité de la France l'an dernier (+ 89 TWh), ayant rapporté au pays près de 5,1 milliards d'euros.
Un déficit record en 2022
En 2022, le solde de la facture énergétique de la France avait atteint un niveau record de 116,3 milliards d'euros en 2022 (soit 157% de plus qu'en 2021), dans le contexte de la flambée des cours des hydrocarbures - avec une forte hausse des prix du pétrole (+ 15,4 milliards d'euros) et du gaz (+ 32,8 milliards d'euros) - et d'indisponibilité d’une partie du parc électronucléaire (+ 10 milliards d'euros).
Ce solde négatif a fortement creusé le déficit de la balance commerciale française, ayant atteint cette année un chiffre record 162,7 milliards d'euros(2).
En 2022, les importations énergétiques de la France ont atteint 148 milliards d'euros, comparativement à 58 milliards d'euros en 2019. Le solde net de la facture énergétique est passé de 46 milliards d'euros en 2019 à 116,3 milliards d'euros en 2022.
Alors que les prix de l'énergie importée ont augmenté de 162 % entre 2019 et 2022, les volumes d'énergie importée, mesurés en TWh, ont diminué de 5%. Selon les Douanes, « les craintes de pénurie ont conduit à une augmentation des réserves de gaz en France en 2022, malgré la hausse des prix ». En parallèle, « la nette hausse des prix du pétrole et de la houille s’est accompagnée d’une baisse des volumes importés ».
Notons que la balance commerciale de la France a également été exceptionnellement impactée en 2022 par un solde importateur net d'électricité (pour la première fois depuis 1980), avec une facture associée de 10,2 milliards d'euros au cours de l'année.
La facture gazière de la France a par ailleurs plus que triplé pour atteindre 46,7 milliards d'euros en 2022 (contre 13,9 milliards d'eurosen 2021).
Sources : SDES, Bilan énergétique de la France - Graphique : Selectra
Ce que cela représente pour les Français
En 2022, les dépenses énergétiques moyennes d'un ménage français (électricité, chaleur distribuée par réseau et différents combustibles dans le logement + carburants) se sont élevées à 3 552 € (soit environ 9,5% du budget moyen d'un ménage français), selon les dernières données ministérielles(3).
Celles-ci se décomposent comme suit : 1 744 € de dépenses dans le logement (dont 1 039 € en électricité, 379 € en gaz naturel, 210 € en produits pétroliers, 62 € en bois et 53 € en chaleur distribuée par réseau) et 1 808 € de dépenses de carburants.
Ce calcul ne prend bien sûr pas en compte la hausse de la dette à rembourser, du fait de l'achat de ces hydrocarbures et des mesures de soutien du bouclier tarifaire pour limiter la hausse des factures d'énergie.
Evolution historique de la facture énergétique de la France
La facture énergétique de la France s’élevait à 44,3 milliards d’euros en 2021 (Md€). Elle restait en dessous de son niveau de 2019 (46 Md€) mais avait augmenté de 19,1 Md€ par rapport à 2020.

- 2013 : 55,8 milliards d’euros
- 2014 : 54,6 milliards d’euros
- 2019 : 46 milliards d’euros
- 2020 : 25, 2 milliards d’euros
- 2021 : 44,3 milliards d’euros
- 2022 : 116,3 milliards d’euros
- 2023 : 71,2 milliards d’euros
- 2024 : 55,6 milliards d’euros
Source : www.douane.gouv.fr - Graphique : Selectra
Facteurs impactant la balance énergétique française
La balance énergétique française est influencée par un ensemble complexe de facteurs économiques, politiques, technologiques et environnementaux.
Impact du prix des énergies fossiles
Les énergies fossiles satisfont encore près de deux tiers de la consommation française d’énergie finale. Or, la France importe près de 98% du gaz et près de 99% du pétrole et du charbon(4) qu’elle consomme. Chaque année, la majeure partie de la facture énergétique est ainsi imputable aux produits pétroliers (pétrole brut + produits raffinés). Notons que ce solde intègre les importations françaises de gazole ainsi que les exportations des excédents d’essence.
Les fluctuations des prix internationaux du pétrole et du gaz naturel impactent directement la balance énergétique (illustration ci-après avec les prix du pétrole sur la période 2000-2014). Les variations peuvent être causées par des tensions géopolitiques, des décisions de l'OPEP+, ou des découvertes de nouvelles réserves d'hydrocarbures. Bien que son utilisation soit en déclin, le prix du charbon peut encore affecter certaines industries.
Evolution de la facture énergétique française et des prix du pétrole importé (©Connaissance des Énergies, d’après données du SOeS)
Notons qu'une hausse des prix influe souvent sur la consommation à la baisse.
Production nationale d'énergie
Exception faite de 2022, l'électricité reste le seul poste créditeur de la balance énergétique française. Précisons que le coût des importations d’uranium nécessaire à une grande partie de la production électrique française n'est pas comptabilisé dans cette facture énergétique : l'uranium est considéré comme un minerai et non comme un combustible (il doit être enrichi pour être utilisé dans les réacteurs nucléaires) dans les nomenclatures internationales.
La France est un leader mondial dans l’énergie nucléaire, ce qui stabilise une grande partie de sa production d'électricité et permet le plus souvent d'être excédentaire en production électrique. Toutefois, les coûts de maintenance et de modernisation peuvent affecter la balance.
L’augmentation de la production d’énergie renouvelable (éolienne, solaire, hydroélectrique, biomasse) réduit aussi la dépendance aux énergies fossiles, mais nécessite des investissements initiaux importants. Et la plupart sont des filières à production intermittente, qui dépendent des conditions climatiques.
Les progrès dans les technologies de stockage, comme les batteries, permettront à l'avenir une meilleure gestion des énergies intermittentes (solaire, éolien).
Les événements climatiques tels que les tempêtes ou les sécheresses peuvent aussi perturber la production et la distribution d’énergie.
Demande énergétique
Un pays en croissance démographique et économique augmente généralement la demande énergétique pour l'industrie, le transport et les ménages.
Les tendances de consommation, telles que l’adoption des véhicules électriques, l'efficacité énergétique des bâtiments, et l’urbanisation affectent la demande. Les avancées technologiques dans les appareils ménagers, les systèmes industriels, et les infrastructures de transport peuvent toutefois réduire la consommation énergétique.
Les hivers rigoureux ou les étés caniculaires augmentent la consommation d’énergie pour le chauffage et la climatisation.
Comment expliquer les variations de la facture énergétique des dernières années ?
En 2020, la pandémie de COVID-19 a eu un impact significatif sur la facture énergétique française. Avec les confinements successifs et la réduction des activités économiques, la consommation d'énergie a drastiquement chuté, entraînant une baisse des dépenses énergétiques. Les prix des carburants ont également chuté en raison de la réduction de la demande mondiale de pétrole. Cette diminution de la demande a permis aux ménages français de réaliser des économies sur leurs dépenses énergétiques, notamment pour les carburants.
Cette situation a également mis en évidence la vulnérabilité de l'économie aux fluctuations de la demande énergétique.
L'année 2022 a au contraire marqué une hausse notable de la facture énergétique en France, en grande partie en raison :
- des tensions géopolitiques, au premier rang desquelles la guerre en Ukraine. Ce conflit a perturbé les approvisionnements en gaz naturel et en pétrole, entraînant une augmentation des prix de l'énergie sur les marchés internationaux. Cette situation a mis en évidence la dépendance énergétique de la France aux importations de combustibles fossiles et l'importance de diversifier ses sources d'énergie.
- de la reprise économique post-COVID, la hausse de la demande faisant monter les prix.
- de plusieurs centrales nucléaires françaises ayant été temporairement mises à l'arrêt en raison de problèmes de corrosion, ce qui a réduit la production d'électricité et augmenté la dépendance aux importations.
La hausse des prix, combinée à une communication gouvernementale sur la sobriété énergétique, expliquent en grande partie la baisse de la consommation énergétique des Français et des entreprises depuis 2022.
Parallèlement, les efforts pour la transition énergétique ont également influencé la facture énergétique française. L'augmentation des investissements dans les énergies renouvelables, tels que l'éolien et le solaire, et les mesures d'efficacité énergétique ont commencé à porter leurs fruits, bien que ces initiatives nécessitent des investissements initiaux importants.
Perspectives d'évolution
L'électrification du parc automobile et la fin des chaudières de gaz, couplée aux forts investissements dans les capacités de production électrique et dans la filière biogaz, pourraient permettre à la France de devenir excédentaire en énergie d'ici à la prochaine décennie.