Les États-Unis et la Norvège sont les deux principaux fournisseurs de gaz naturel de la France. Les importations françaises de GNL ont doublé entre 2021 et 2022, faisant du gaz américain une source majeure d'approvisionnement. Ici une installation de liquéfaction américaine. (©Golden Pass LNG)
La très grande majorité de la demande française de gaz naturel est actuellement satisfaite grâce aux importations(1). Les États-Unis sont le premier fournisseur de gaz de la France. Contrairement à une idée assez répandue, même avant l'invasion de l'Ukraine et la hausse des importations de GNL américain, le principal fournisseur de gaz de la France n'était pas la Russie... mais la Norvège.
Les États-Unis, 1er fournisseur de gaz de la France depuis 2022
Les États-Unis sont devenus le premier fournisseur de gaz naturel de la France en 2022 (25% des entrées brutes). Précisons que ces importations sous forme liquéfiée (GNL) étaient en partie destinées à d'autres pays européens, après regazéification, selon les données du ministère de la Transition écologique.
Les autres principaux fournisseurs de gaz de la France en 2022 étaient :
- la Norvège (22% des entrées brutes) ;
- la Russie (15%) ;
- l'Algérie (8%) ;
- le Qatar (4%) ;
- les Pays-Bas (3%).
Source : Ministère de la Transition Écologique - Graphique : Selectra
Dans l'édition 2024 de sa publication de référence « Chiffres clés de l'énergie »(2), le ministère de la Transition écologique ne précise plus l'origine par pays des importations de gaz naturel de la France. Il y est toutefois souligné que les importations françaises de gaz naturel ont baissé en 2023 (532 TWh PCS(3), soit une baisse de 16,7% par rapport à 2022). Il y est également mentionné le rôle prépondérant du GNL dans les approvisionnements français : « la part du GNL dans les importations, qui a fortement progressé en 2022 dans le contexte de réduction des exportations de gaz russe vers l’Union européenne, se stabilise à 59%, en 2023 comme en 2022. Elle était beaucoup plus faible auparavant (35 % en 2021) ».
Source : SDES, Bilan énergétique de la France
Les importations russes en légère baisse
Même avant le début de l'invasion de l'Ukraine et la crise énergétique de 2022 (entraînant une envolée des livraisons de GNL américain), la Russie n'était pas le premier fournisseur de gaz de la France, mais le deuxième après la Norvège.
Historiquement, les importations françaises de gaz naturel reposaient sur 4 fournisseurs(4) :
- la Norvège (36% des entrées brutes de gaz en France en 2020) ;
- la Russie (17%) ;
- l’Algérie (8%) ;
- les Pays-Bas (8%) ;
On peut ajouter à cette liste, depuis le début des années 2000, le Nigéria (7% des entrées brutes de gaz en 2020, ce qui en faisait le 5e fournisseur).
La catégorie « autres et indéterminés » englobe principalement les achats de gaz naturel sur les marchés du Nord-Ouest de l'Europe sur lesquels le lieu de production n'est pas connu avec précision. (©Connaissance des Énergies)
Malgré l’importance historique de ces 5 fournisseurs, la France a diversifié l’origine de ses importations afin de limiter les conséquences d’aléas techniques ou politiques éventuels (ex : conflits gaziers russo-ukrainiens). À cet égard, les importations sous forme de gaz naturel liquéfié ont notamment permis à la France de s’approvisionner auprès de nouveaux fournisseurs (comme les États-Unis) en acheminant du gaz jusqu’aux terminaux méthaniers, indépendamment du réseau existant de gazoducs.
« Depuis la guerre en Ukraine nous avons cherché à réduire notre sensibilité au gaz russe et à remplacer ces approvisionnements russes par du gaz d'autres provenances », soulignait ainsi Claire Waysand, directrice générale adjointe d'Engie, en août 2022.
Évolution et origine des importations françaises de GNL
Les importations françaises de gaz naturel liquéfié se sont envolées ces dernières années. Elles ont régulièrement progressé entre 2015 et 2019 (6,4 milliards de m3 en 2015, 9,1 Gm3 en 2016, 10,9 Gm3 en 2017, 12,7 Gm3 en 2018, 23,2 Gm3 en 2019) avant de doubler entre 2021 (17,6 Gm3) et 2022 (35,5 Gm3), dans le contexte de la chute des livraisons de gaz russe.
En 2023, la France - qui dispose de 4 terminaux de regazéification (Fos Cavaou, Tonkin, Montoir-de-Bretagne et Dunkerque) - était toujours le premier importateur de GNL en Europe (30,7 Gm3), devant l'Espagne (24,9 Gm3) et le Royaume-Uni (19,4 Gm3), selon le « Statistical Review of World Energy 2024 » de l'Energy Institute.
Les principaux fournisseurs de GNL de la France en 2023 étaient :
- les États-Unis (43% des flux de GNL vers la France en 2023 avec 13,2 Gm3) ;
- l'Algérie (18,2% avec 5,6 Gm3) ;
- la Russie (15,6% avec 4,8 Gm3) ;
- le Qatar (7,5% avec 2,3 Gm3) ;
- l'Angola (2,9% avec 0,9 Gm3) ;
- le Nigéria (près de 2% avec 0,6 Gm3) ;
- le Pérou et Trinité-et-Tobago (environ 1,3% chacun, avec 0,4 Gm3 provenant de chacun de ces 2 pays).
Montant de la facture gazière de la France
En 2023, la facture énergétique de la France s'est élevée à 71,2 milliards d'euros. Durant la crise énergétique, cette facture avait atteint un pic historique de 124,1 milliards d'euros en 2022.
La facture liée aux importations de gaz naturel de la France a atteint 26,1 milliards d'euros en 2023 (près de la moitié du montant de 2022), ce qui en fait le 2e principal poste de la facture énergétique de la France, derrière le pétrole (27,1 milliards d'euros pour le pétrole brut en 2023, montant auquel s'ajoute une facture de 9,5 milliards d'euros d'importations nettes de produits raffinés et de biocarburants cette année-là).
Baisse de la consommation de gaz en France et hausse de la production nationale
La consommation française de gaz naturel a baissé de 20% entre 2021 et 2023. Cette chute historique est entre autres liée à la hausse des prix et aux campagnes de sobriété énergétique. En 2023, le gaz naturel comptait encore pour 13,5% de la consommation d'énergie primaire de la France (18% de la consommation d'énergie finale), selon les données du ministère de la Transition écologique.
Données corrigées des variations climatiques - À jour en 2024 - Source : Ministère de la Transition Écologique (SDES)
La production de biométhane (biogaz injecté dans les réseaux après épuration) en France a par ailleurs fortement progressé ces dernières années (9 TWh PCS en 2023, contre 7 TWh PCS en 2022), même si les volumes restent encore faibles à l'heure actuelle.
Ces tendances et le rôle stratégique du stockage de gaz (la France dispose de 130 TWh de capacités de stockage de gaz, ce qui correspond à environ un tiers de sa consommation annuelle) réduisent les risques pesant sur l'approvisionnement gazier de la France, malgré le retrait du gaz russe.
La France demeure toutefois l'un des principaux importateurs de gaz dans le monde, mais comme ailleurs en Europe, la demande baisse alors qu'elle augmente dans toutes les économies en développement, en particulier en Asie.
En milliards de mètres cubes de gaz naturel produit - Source : CIA World Factbook - Graphique : Selectra
En milliards de mètres cubes de gaz naturel importé - Source : CIA World Factbook - Graphique : Selectra
Quid des importations de gaz au niveau européen ?
En 2023, la Norvège était le principal fournisseur de gaz de l'Union européenne (87,8 milliards de m3, soit 30,3% des importations européennes de gaz)(5).
La Russie, fournisseur historique majeur des pays européens, comptait encore pour environ 15% des importations gazières de l'UE en 2023. Ce qui constitue un recul majeur : en 2019, ce pays comptait pour près de 41% des importations gazières de l'UE (contre 16% pour la Norvège)(5) , étant incontournable pour de nombreux pays d'Europe de l'Est (pays baltes, Pologne, République tchèque, Slovaquie, etc.).
Fait important : les livraisons de gaz russe à l'Europe par gazoduc via l'Ukraine ont pris fin le 1er janvier 2025, après l'expiration d'un contrat signé entre les deux parties fin 2019 et maintenu malgré l'invasion du pays par la Russie.