Les investissements mondiaux dans les réseaux électriques ont atteint 277 milliards de dollars en 2016. (©photo)
Les investissements mondiaux dans l’énergie se sont élevés à près de 1 700 milliards de dollars en 2016, selon le dernier rapport de l’Agence international de l’énergie (AIE) publié hier. En voici les principaux enseignements.
718 milliards d’investissements liés à l’électricité en 2016
En 2016, les investissements mondiaux dans le secteur électrique ont atteint 718 milliards de dollars, soit légèrement moins qu’en 2015 (- 1%) avec une baisse des financements pour la production électrique compensée en partie par une hausse de ceux pour les réseaux. Pour la première fois, les investissements dans l’électricité ont dépassé ceux liés au pétrole et au gaz (hors production électrique) en 2016.
Dans les secteurs pétrolier et gazier, les investissements mondiaux ont en effet été réduits de 38% entre 2014 et 2016 (de 44% pour la seule partie amont). Ils s’élevaient toutefois encore à 649 milliards de dollars en 2016 et l’AIE annonce un rebond – certes modeste – en 2017, tiré par les investissements au Moyen-Orient et surtout dans le schiste américain.
Dans le secteur électrique, les investissements mondiaux dans de nouvelles capacités renouvelables ont atteint 297 milliards de dollars en 2016. C’est 3% de moins qu’il y a cinq ans mais ces investissements portent sur des capacités 50% plus élevées (avec une production électrique attendue 35% supérieure), grâce à une chute des coûts des filières photovoltaïque et éolienne. Les investissements mondiaux dans les réseaux électriques ont pour leur part atteint un niveau historiquement élevé de 277 milliards de dollars en 2016. Près de 30% de ces investissements concernent les réseaux de distribution chinois.
Troisième grand domaine d’investissements, l’efficacité énergétique a encore bénéficié de financements en hausse (231 milliards de dollars au niveau mondial en 2016), malgré les prix bas de l’énergie. La majorité de ces investissements est orientée vers le secteur des bâtiments (133 milliards de dollars en 2016) qui absorbe près d’un tiers de la demande mondiale d’énergie.
Environ 39% des investissements mondiaux dans l’électricité en 2016 ont concerné les réseaux. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
Un risque de sous-investissements à moyen terme ?
En 2016, les investissements mondiaux dans l’énergie ont au total baissé de 12% par rapport à 2015. Cette tendance ne génère « pas d’inquiétudes majeures » à court terme mais l’AIE pointe toutefois le risque d’un manque de capacités et de flexibilité dans le futur. Ce risque a entre autres déjà été exprimé par IFP Énergies nouvelles, qui souligne la chute des investissements dans l’exploration pétrolière et gazière et la baisse des découvertes d’hydrocarbures conventionnels.
En matière d’électricité, l’AIE souligne également l’importance de continuer à investir dans des unités « flexibles » pour accompagner le développement des filières à production intermittente (photovoltaïque et éolien) et garantir ainsi l’équilibre offre-demande sur les réseaux électriques. Au niveau mondial, les installations d’unités « flexibles » et de solutions de stockage ont baissé à hauteur de 130 GW en 2016, soit à peu près autant que le niveau des capacités éoliennes et photovoltaïques installées la même année (125 GW).
Il est rappelé dans l’étude que ces différents investissements débouchent sur des réalisations plus ou moins différées dans le temps. Ainsi, les nouvelles capacités nucléaires mises en service en 2016 ont atteint 10 GW, soit le plus haut niveau depuis 15 ans, mais elles sont le fruit de décisions d’investissements bien antérieurs(1).
L’AIE note par ailleurs que les États conservent un « rôle clé » dans les investissements en matière d’énergie. Les entreprises publiques ont été à l’origine de 42% de ces investissements en 2016 et de nombreuses mesures de soutien public permettent d’orienter les financements dans certains secteurs. L’AIE signale néanmoins une quasi-stagnation des investissements dans la production électrique bas-carbone, les filières « historiques » (hydroélectrique et nucléaire) ayant vu leurs investissements chuter de moitié au cours des cinq dernières années.
La part des énergies fossiles dans les investissements mondiaux liés à la fourniture d’énergie a diminué de 68,9% en 2014 à 57,1% en 2016. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)