- Source : Emmanuel Hache (IRIS)
Malgré la chute des cours du pétrole (- 65,7% entre juin 2014 et mars 2016), les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables ont atteint, hors grands projets hydroélectriques, un montant record de 286 milliards de dollars(1) en 2015, soit 5% de plus que l’année précédente. La très grande majorité de ces investissements concerne deux filières productrices d’électricité : l’éolien et le solaire photovoltaïque.
Dans cette tribune publiée par l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), le chercheur Emmanuel Hache, Docteur en Sciences économiques de l’Université Paris I, indique qu’il existe des dynamiques régionales très différenciées : pour la première fois, les pays en développement ont, en 2015, davantage investi dans les énergies renouvelables que les pays développés dont les investissements dédiés ont diminué de façon quasi-constante depuis un pic en 2010. En Europe, ces investissements, très liés aux incitations fiscales et réglementaires, ont même diminué en 2015 de 21% par rapport à 2014.
La Chine occupe en revanche une place de plus en plus importante sur les marchés des renouvelables (EnR) : en 2015, environ 36% des investissements mondiaux dans les EnR ont eu lieu dans ce pays et le montant de ces investissements s’accroît de 38% par an en moyenne depuis 2004. C’est en outre dans ce pays que sont déposés le plus grand nombre de brevets dédiés à ces filières, de nombreux centres de recherche s’y délocalisant.
Selon les dernières statistiques diffusées début avril 2016 par l’IRENA(2), plus de 40% des nouvelles capacités électriques renouvelables installées dans le monde en 2015 ont ainsi été implantées en Chine. Rappelons ici que les données de puissance installée ne peuvent être comparées d’un pays à un autre ou d’une filière à une autre sans prendre en compte le facteur de charge. En France, le facteur de charge de l’éolien a par exemple atteint 24,3% en 2015 selon RTE tandis que celui du solaire photovoltaïque a avoisiné 15% (1 « MW éolien » a ainsi produit en moyenne près de 62% d’électricité en plus que 1 « MW photovoltaïque »).
Dans le cadre des transitions énergétiques, Emmanuel Hache rappelle les différents enjeux auxquels sont confrontées les filières renouvelables : contraintes techniques d’intégration au réseau, politiques de soutien avec l’attribution d’un prix du carbone, formation, etc. Il souligne par ailleurs que les énergies renouvelables sont également sujettes à la problématique de dépendance, en particulier à certains minerais dits « stratégiques ». Pour rappel, la consommation énergétique mondiale est encore satisfaite à plus de 80% par les énergies fossiles(3).
Sources / Notes
- Chiffre incluant « les investissements dans les nouvelles capacités, les nouvelles technologies et la R&D ».
- Renewable Capacity Statistics 2016, IRENA, avril 2016
- D’après les dernières données consolidées de l’AIE, la consommation mondiale d’énergie primaire reposait à 81,4% sur les énergies fossiles en 2013 (dont 31,1% sur le pétrole).