- Source : IFP Energies nouvelles
En 2015, le prix annuel moyen du baril de Brent a atteint 52 dollars, soit une chute de 47% par rapport au niveau de 2014. La chute des cours a amplifié la baisse attendue des investissements en exploration-production (pétrole et gaz naturel) dans le monde qui ont diminué drastiquement de près de 140 milliards de dollars, atteignant un niveau de 539 milliards de dollars durant l’année 2015.
IFP Energies nouvelles détaille dans cette étude la structure des investissements dans le pétrole et le gaz, tant dans les secteurs aval qu’amont. Lors de la présentation de cette étude le 2 février, Nathalie Alazard-Toux, directrice Economie et Veille d’IFPEN, a dressé un état des lieux « particulièrement dramatique » dans l’exploration-production qui contraste avec l’année « plutôt bonne » qu’a connu le secteur du raffinage.
Une chute des investissements en exploration-production de 21,1%
Entre 2009 et 2013, les investissements mondiaux en exploration-production avaient connu une forte croissance de 60% qui s’était ralentie en 2014 (+ 3%). Ils ont revanche diminué de 21,1% en 2015, atteignant ainsi leur plus bas niveau depuis 2010. L’évolution de ces investissements est assez contrastée selon les acteurs et les régions.
Les sociétés ayant le plus souffert sont les « indépendants », de petite et moyenne taille, très impliquées dans l’exploitation des hydrocarbures de schiste en Amérique du Nord : leurs investissements ont baissé de 34% en 2015 tandis que ceux des « majors » et des sociétés nationales ont respectivement limité cette baisse à 15% et 11%.
D’un point de vue géographique, les régions les plus marquées par la baisse des investissements sont sans surprise l’Amérique du Nord et ses bassins de schiste (- 35%) et l’Europe où des signes de ralentissement étaient déjà visibles avant la chute des cours compte tenu de l’absence de grands nouveaux projets (- 34%). Seul le Moyen-Orient a connu une hausse de ses investissements en 2015, estimée à environ 3%, principalement sous l’influence de deux pays : Oman (champ de gaz non conventionnel et récupération assistée de pétrole) et le Koweït (champ pétrolier de Burgan).
En 2015, le Koweït est l'un des rares pays à avoir augmenté ses investissements en exploration-production, d'environ 16,5%. (©Kuwait Oil Company)
En amont de la chaîne exploration-production, le secteur de la géophysique a été très touché par la chute des investissements en 2015 (- 28%), tombant à un niveau inférieur à celui de la crise de 2009. L’année 2015 a été marquée par une baisse assez drastique du nombre de forages (environ 71 000 nouveaux puits forés contre plus de 100 000 les années précédentes), en particulier aux États-Unis (- 50%), ainsi que par une baisse des découvertes annoncées : environ 130 découvertes ont été recensées dans le monde « contre près de 200 par an, voire au-delà » dans le passé, a précisé Nathalie Alazard-Toux en conférence de presse. IFPEN indique qu’il est nécessaire d’accélérer le rythme de ces découvertes, y compris dans un contexte de lutte contre le réchauffement climatique, afin de continuer à satisfaire la demande mondiale.
Selon les prévisions d’IFPEN, les investissements en exploration-production devraient continuer à baisser en 2016 mais connaître une chute moins marquée « de l’ordre de 10% ».
Une « bouffée d’air » temporaire pour le raffinage ?
En 2015, les investissements mondiaux en raffinage ont augmenté de près de 15% et atteint 94 milliards de dollars. La baisse des prix du brut a été favorable à ce secteur et les marges brutes de raffinage (différence entre la valorisation des produits raffinés et le cours du brut) ont très fortement augmenté. IFPEN précise toutefois que ce secteur reste confronté à des difficultés structurelles (forte compétition et surcapacités sur le marché).
En France, la marge de raffinage a atteint 6,63 $ par baril en moyenne en 2015 (selon l'indice reconstitué par la DGEC(1)), un niveau historiquement élevé, en hausse de près de 60% par rapport à 2014. Cette remontée des marges est entre autres due à une reprise de la demande américaine (la France exporte beaucoup d’essence vers les États-Unis) et à la fermeture d’un certain nombre de raffineries en Europe. Beaucoup de spécialistes indiquent que ce rebond ne devrait toutefois pas durer et cet indice est retombé à 4,9 $ par baril en janvier 2016.
Selon les prévisions d’IFPEN, les investissements mondiaux en raffinage devraient connaître une croissance limitée à 3% en 2016. Le ralentissement des nouveaux projets de raffineries constaté dans le monde en 2015 pourrait, selon l’institut, s’accentuer en 2016.