Directeur de l’agence de conseil en développement durable Transitions
Ancien directeur exécutif de Greenpeace France (1997-2003)
En reprenant la main sur les enjeux énergie et climat, les collectivités locales, dans la diversité des formes qu’elles prennent dans les différentes régions du monde, imposent une approche nouvelle des politiques énergétiques nationales.
Comme les États, ces territoires mesurent leur dépendance aux énergies venant de l’extérieur de leurs frontières et comprennent plus vite encore que l’échelon national, l’intérêt d’une transition associant la réduction des consommations d’énergie pour tous les usages et quelles que soient les ressources mobilisées, et le développement des énergies renouvelables et locales… Cette transition-là est un fantastique levier de relocalisation de l’économie, de valorisation des ressources locales – énergétiques, techniques et humaines – et d’innovation sous toutes les formes : technologiques, organisationnelles et socio-politiques.
Le mouvement européen des territoires 100% ENR a trouvé sa déclinaison française avec le réseau des TEPOS, des territoires « à énergie positive » qui s’engagent à consommer moins d’énergie que ce qu’ils produiront à partir de sources renouvelables et locales à l’horizon 2050. Soutenus par le Ministère de l’écologie, de l’énergie et de la mer avec l’appel à projet TEPOS pour la croissance verte, les territoires en transition foisonnent en France.
Le réseau régional des TEPOS-CV d’Auvergne Rhône Alpes concernera par exemple bientôt plus de 50% de la population de cette grande région et couvrira près de 40% de son territoire. Sur les 40 territoires que comptera prochainement ce réseau régional, 19 ont adopté des trajectoires de « transition » qui impulse – de facto – une transformation systématique du profil énergétique régional.
Les effets économiques sont déjà sensibles. Ces 19 territoires affichent collectivement une facture énergétique de près de 5 milliards d’euros, facture qui se réduit chaque année de plus de 70 millions d’euros du fait des économies engagées. Le développement des énergies renouvelables apportera en outre chaque année 60 millions d’euros de revenus supplémentaires.
Ainsi, la facture énergétique nette des territoires concernés sera réduite à 500 millions d’euros en 2050, permettant la réinjection de 4,5 milliards d’euros dans l’économie locale par rapport à un scénario tendanciel ! Il n’est donc pas étonnant que les élus de tous bords soutiennent ce mouvement au regard de ces perspectives économiques et des créations d’emplois qui les accompagnent. Ceux-là au moins ont compris que la transition énergétique est un investissement rentable, et non une dépense inutile comme aiment à la marteler les promoteurs du statu quo.
Et au-delà de ces bénéfices économiques de plus en plus évidents, cette transition permet d’améliorer la qualité de l’air, de réduire par la promotion de l’économie circulaire la production de déchets, d’optimiser le cadre de vie par le verdissement des espaces urbains… et n’ayons pas peur de le dire, de redynamiser la démocratie locale en permettant aux citoyens de passer d’une posture de consommateurs passifs d’énergie à celle d’acteurs engagés dans la transition, soucieux de maîtriser leur demande d’énergie et fiers de devenir eux-mêmes producteurs d’une énergie qui servira en priorité les besoins de leur collectivité.
Sources / Notes