
Les PPE doivent permettre de préciser la trajectoire de la transition énergétique française.
Prévue par la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) fixe, énergie par énergie, les grandes orientations de la politique énergétique en France métropolitaine continentale(1).
La PPE est l’un des deux outils précisant la feuille de route de la la transition énergétique française, avec la stratégie nationale bas carbone (SNBC) qui précise les trajectoires de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces documents sont en particulier censés préciser les orientations permettant d'atteindre l'objectif de « neutralité carbone » de la France en 2050.
Ambition initiale
La PPE a vocation à préciser les priorités d’actions et moyens mis en œuvre pour atteindre les objectifs de la loi de transition énergétique adoptée à l'été 2015, notamment en matière de :
- production d’énergie (la loi prévoit entre autres de porter la part des énergies renouvelables dans le mix électrique français à 40% à l’horizon 2030) ;
- maîtrise de la consommation d’énergie (la loi prévoit une réduction de moitié de la consommation d’énergie finale d’ici à 2050 par rapport à 2012) ;
- flexibilité des réseaux énergétiques et développement des solutions de stockage (notamment pour faciliter l’intégration d’unités de production électrique intermittentes).
La PPE doit indiquer entre autres les enveloppes maximales de ressources publiques qui pourront être mobilisées pour chaque filière. Elle doit in fine également contribuer à la sécurité d’approvisionnement en réduisant la dépendance française aux importations d’énergies fossiles (dont la loi de 2025 prévoit de réduire la consommation de 30% d’ici à 2030 par rapport à 2012).
Précisons que la PPE fusionne et complète les « PPI » (programmations pluriannuelles des investissements).
La loi de transition énergétique pour la croissance verte souligne la volonté de promouvoir un « mode de développement économique respectueux de l'environnement, à la fois sobre et efficace en énergie et en consommation de ressources et de carbone, socialement inclusif, soutenant le potentiel d'innovation et garant de la compétitivité des entreprises ».
Périodicité
La première PPE a porté sur une période de 3 ans (« trajectoire cible » entre 2016 et 2018) et une seconde période de 5 ans (avec différents scénarios possibles entre 2019 et 2023). Elle a été officiellement adoptée fin octobre 2016(2).
Les PPE suivantes couvriront des périodes de 5 ans, calées sur les quinquennats.
Différentes PPE
Première PPE
La première PPE a été adoptée en octobre 2016. L'une des principales ambitions y étant mentionnées est la réduction significative de la consommation d'énergies fossiles : la consommation de charbon devrait être réduite de 27,6% en 2018 et de 37% en 2023 par rapport à 2012, celle de pétrole devrait voir une diminution de 15,6% en 2018 et de 23,4% en 2023, tandis que celle de gaz naturel devrait baisser de 8,4% en 2018 et de 15,8% en 2023. Ces réductions font partie d'un objectif plus large de diminuer la consommation primaire d'énergie fossile de 30% d'ici 2030, conformément à la loi de transition énergétique pour la croissance verte adoptée en 2015.
En parallèle, la PPE prévoit une augmentation substantielle des capacités de production d'énergie renouvelable. Les objectifs incluent 15 GW pour l'éolien terrestre d'ici 2018, passant à entre 21,8 GW et 26 GW d'ici 2023, 10,2 GW pour le solaire d'ici 2018 atteignant entre 18,2 GW et 20,2 GW en 2023, et une légère augmentation de la capacité hydroélectrique.
En outre, la PPE vise une augmentation de 50% de la production de chaleur et de froid renouvelables et de récupération, ainsi qu'un objectif ambitieux de 2,4 millions de véhicules électriques ou hybrides rechargeables en circulation d'ici 2023. Concernant le nucléaire, bien que l'objectif de réduire sa part à 50% dans la production électrique française d'ici 2025 soit réaffirmé, les modalités précises n'y sont pas précisés, à l'exception de la fermeture confirmée des réacteurs de la centrale de Fessenheim.
Révision de la PPE
La 2e PPE, à l'étude depuis 2017 (avec notamment la tenue d'un débat public en 2018 et mise à jour en janvier 2020, fixe des objectifs pour les années 2023 et 2028. Elle vise entre autres une réduction de la consommation finale d’énergie en France métropolitaine de 7,6% en 2023 et de 16,5% en 2028 par rapport à 2012. Une attention particulière est toujours accordée à la réduction des consommations d'énergies fossiles, avec des objectifs ambitieux de diminuer la consommation de pétrole de 34% et celle de charbon de 80% d'ici 2028.
Concernant les énergies renouvelables, la PPE révisée ajuste ses objectifs pour l'éolien et le biogaz. L'objectif de puissance installée de l'éolien offshore est augmentée pour atteindre entre 5,2 GW et 6,2 GW d'ici 2028, tandis que l'objectif pour l'éolien terrestre est légèrement réduit. La production de biogaz est également revue à la hausse, visant entre 24 et 32 TWh en 2028, dont une partie sera injectée dans les réseaux gaziers (biométhane).
Pour le nucléaire, la fermeture de 4 à 6 réacteurs est prévue d'ici 2028, incluant les deux de Fessenheim, avec un objectif de réduire la part du nucléaire à 50% du mix électrique français d'ici 2035 (au lieu de 2025 précédemment), conformément à la loi énergie-climat de 2019.
La PPE révisée caduque dès 2022
La PPE devient en partie caduque du fait de l'annonce du gouvernement français de relancer la filière nucléaire française : la PPE visait jusqu'ici une réduction progressive de la part du nucléaire dans le mix électrique français, fixant l'objectif à 50% d'ici 2035 et planifiant la fermeture de plusieurs réacteurs.
Cette relance du nucléaire, symbolisée par le discours de Belfort d'Emmanuel Macron en février 2022(3), implique non seulement la préservation des réacteurs existants, mais également la construction de nouvelles centrales nucléaires EPR, rendant les cibles de la PPE obsolètes et nécessitant une révision complète de la stratégie énergétique française pour intégrer cette expansion nucléaire dans les plans futurs.
La « PPE 3 » à l'étude
Les projets de « PPE 3 » et de nouvelle SNBC ont été présentés en novembre 2024 (avec une concertation du public jusqu'à mi-décembre 2024). La PPE s'appuie désormais sur 4 principaux leviers : l'efficacité énergétique (avec l'électrification des usages et la rénovation des logements), la sobriété énergétique, le développement des filières renouvelables (productrices d'électricité et de chaleur/froid) et la relance du nucléaire.
L'ambition est désormais de sortir des énergies fossiles à l'horizon 2050 en s'appuyant sur une production électricité bas carbone : la part de l'électricité dans la consommation finale d'énergie de la France passerait de 27% en 2022 à 34% en 2030, 39% en 2035 et 54% en 2050.
Le projet de PPE mentionne que la production d'électricité décarbonée, qui avoisinait 390 TWh en 2022, pourrait être portée à « au moins 560 TWh » en 2030 et « au moins 640 TWh » en 2035 selon la PPE. La hausse de production proviendrait principalement des filières renouvelables (avec une hausse entre 2022 et 2035 d'environ 111 TWh provenant de l'éolien - terrestre et offshore confondus - et de 64 TWh du solaire photovoltaïque), même si le nucléaire restera de loin la source de production dominante à l'horizon 2035.
Marc Ferracci, ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie, a lancé le 7 mars 2025 la consultation finale du public sur la PPE 3, qui prévoit notamment des ajustements sur l'énergie solaire.
Par la suite, « le décret PPE sera soumis au Conseil supérieur de l'énergie durant le mois de mars, et la PPE sera publiée fin mars-début avril » 2025, selon le ministère.
Consulter le Projet de PPE n°3 soumis à la consultation – mars 2025.