La PPE prévoit entre autres de porter à 15 GW la puissance installée du parc éolien terrestre en France métropolitaine continentale d’ici à fin 2018. Ici, les éoliennes d’Aumelas dans l’Hérault. (©EDF-Bruno Conty)
La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) a été officiellement adoptée aujourd’hui avec la publication d'un décret dédié au Journal officiel(1). Elle précise les objectifs de développement des différentes filières énergétiques en France d’ici à fin 2023, sans trancher clairement la question du nucléaire. Explications.
Une réduction de la consommation d’énergie fossile
Il s’agit de l’outil principal de pilotage de la « transition énergétique » en France, une transition désormais « irréversible » selon les termes du ministère en charge de l’énergie. La PPE, publiée aujourd’hui avec plusieurs mois de retard sur le calendrier initial, indique entre autres les objectifs français de réduction en matière de consommation d'énergies fossiles.
Parmi celles-ci, la feuille de route cible en particulier le charbon dont la combustion entraîne les plus fortes émissions de gaz à effet de serre. Il est ainsi envisagé de réduire sa consommation de 27,6% en 2018 et de 37% en 2023 par rapport à l’année de référence 2012(2). Aucune nouvelle centrale à charbon « non équipée de système de captage, stockage ou valorisation de CO2 » ne sera par ailleurs autorisée en France métropolitaine continentale.
Pour la consommation de pétrole, les objectifs de réduction sont fixés à - 15,6% en 2018 et à - 23,4% en 2023 par rapport à 2012. Les cibles sont enfin moins élevées pour le gaz naturel (- 8,4% d’ici à 2018 et -15,8% d’ici à 2023) qui est souvent présentée comme une énergie de transition, accompagnant le développement des énergies renouvelables en permettant notamment de pallier l’intermittence de certaines d’entre elles(3).
Pour rappel, il est prévu dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte (adoptée en France à l’été 2015) de réduire la consommation primaire d’énergie fossile de 30% d’ici à 2030 par rapport à 2012. Notons que la PPE précise également un objectif de réduction de la consommation d’énergie « finale » dans son ensemble : la baisse envisagée est, par rapport à 2012, de 7% en 2018 et de 12,6% en 2023(4).
Une augmentation des capacités électriques renouvelables
En matière d’énergie « renouvelable », la PPE précise pour chaque filière productrice d’électricité des objectifs de développement en matière de puissance installée. Rappelons ici que cette puissance doit être rapportée au facteur de charge (qui varie d’une filière à l’autre) pour pouvoir estimer la production qui en est in fine attendue.
Les objectifs des trois principales filières renouvelables productrices d’électricité sont :
- pour l’hydroélectricité (incluant l’énergie marémotrice) : 25,3 GW d’ici à fin 2018 et entre 25,8 GW (option basse) et 26,05 GW d’ici à fin 2023(5) contre 25,4 GW à fin 2015(6) ;
- pour l’éolien terrestre : 15 GW d’ici à fin 2018 et entre 21,8 GW (option basse) et 26 GW d’ici à fin 2023 contre 10,3 GW à fin 2015 ;
- pour le solaire : 10,2 GW d’ici à fin 2018 et entre 18,2 GW et 20,2 GW à fin 2023 contre 6,2 GW à fin 2015.
Des objectifs sont également fixés pour l’éolien en mer (posé), les énergies marines, la géothermie, le bois-énergie et la méthanisation et un calendrier provisionnel indique les différents appels d’offres qui doivent permettre d’atteindre ces cibles. Pour rappel, les énergies renouvelables comptaient pour 16,3% de la production électrique française en 2015 et pour seulement 6,4% hors hydroélectricité(7).
La PPE vise par ailleurs à augmenter de 50% la production de chaleur et de froid « renouvelables et de récupération » (la biomasse est de très loin la principale source renouvelable dans ce domaine(8)). En matière de mobilité, la feuille de route fixe un objectif de 2,4 millions de véhicules électriques ou hybrides rechargeables(9) en circulation à l’horizon 2023.
Quid du nucléaire ?
Si la PPE a été aussi longue à accoucher, c’est en grande partie en raison de désaccords sur la question du nucléaire. La loi de transition énergétique fixe pour objectif de ramener sa part dans la production électrique française à 50% à l’horizon 2025 (contre 76,3% en 2015). Les modalités pour « rééquilibrer » le mix de production restent toutefois à préciser. Et la PPE ne tranche pas clairement cette question.
Si l’objectif des 50% est réaffirmé dans l’article 12 du décret, l'exploitant du parc nucléaire français EDF est chargé d’établir dans un délai maximal de six mois un « plan stratégique compatible avec les orientations » de la PPE. Seule la fermeture des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) est actée dans la synthèse de la PPE(10), le nombre de réacteurs supplémentaires susceptibles d’être arrêtés durant les prochaines années restant flou.
Rappelons que la programmation pluriannuelle de l'énergie de la France métropolitaine continentale sera révisée en 2018, puis tous les 5 ans.
Répartition de la production électrique française en 2015 (©Connaissance des Énergies)