Gaz naturel : réserves, production et consommation dans le monde

Carte de réserves de gaz naturel dans le monde

Près de la moitié des réserves prouvées de gaz naturel sont réparties entre 3 pays. Et les États-Unis, premier producteur mondial, n'en fait pas partie. (©Connaissance des Énergies)

Etat des lieux

Les réserves de gaz sont constituées des volumes de gaz naturel récupérables dans des gisements exploités ou pouvant l’être au vu des critères techniques et économiques. Les réserves de gaz fluctuent donc en fonction de la disponibilité des moyens techniques permettant leur exploitation et des prix de marché au moment de leur exploration.

Les réserves « prouvées » de gaz naturel dans le monde avoisinaient 188 000 milliards de m3 à fin 2020 (après avoir atteint un pic d'environ 190 268 milliards de m3 à fin 2019), soit l'équivalent d'environ 49 ans de consommation mondiale au rythme actuel(1)

La Russie, l'Iran et le Qatar sont les 3 pays disposant des plus grandes réserves nationales de gaz naturel au niveau mondial (près de la moitié des réserves mondiales à eux 3). 

Les réserves les plus exploitées sont les réserves de gaz dites « conventionnelles ». Les réserves de gaz dites « non conventionnelles » nécessitent l’usage de techniques d’exploitation plus coûteuses, le gaz étant difficile à extraire : il s’agit principalement du gaz de charbon présent dans les mines de charbon profondes, du gaz de schiste emprisonné dans une roche imperméable et du gaz compact présent dans des réservoirs eux aussi peu poreux.

L’innovation technologique permet à l’exploration gazière de découvrir des réserves plus difficiles d’accès. Aujourd’hui, près de 2/3 des nouvelles découvertes sont des réserves offshore. C'est l'extraction des gisements non conventionnels qui a permis aux États-Unis de devenir le principal producteur de gaz.

Différents types de réserves

Classement des réserves de gaz

Les réserves de gaz naturel sont qualifiées et classées selon le potentiel économique qu’elles représentent :

  • les réserves prouvées concernent l’ensemble des quantités de gaz dont l'existence est établie et dont les chances de récupération et de rentabilisation, dans le cadre des données actuelles de la technique et de l'économie, sont d'au moins 90 % ;
  • les réserves probables ont été testées mais ne font pas l’objet d’une production. Elles concernent, pour un gisement identifié, les quantités de gaz ayant une probabilité supérieure à 50 % d'être économiquement exploitables ;
  • les réserves possibles concernent l’ensemble des quantités de gaz dont la probabilité de rentabilité est de 10%.

Ces critères ont un impact sur la vie économique des sociétés pétrolières ou gazières car ils influent directement sur leur valorisation boursière. Il existe une grande diversité de règlements de divulgation. Si une société souhaite être présente sur les marchés financiers à New York, elle doit se plier aux règlements de la SEC (Securities and Exchange Commission) qui harmonise les normes. La SEC ne rend obligatoire que la divulgation des réserves prouvées. 

Contrôle des réserves de gaz

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) n’a pour l’instant pas le mandat de contrôler l’exactitude des réserves annoncées. Tant que les États ne seront pas soumis à des normes communes, la transparence en matière de réserves est donc encore difficile à atteindre. Par ailleurs, chaque compagnie pétrolière a aussi ses méthodes de calcul de réserves.

Les réserves d’un pays ou d’une compagnie pétrolière sont recalculées chaque année :

  • les quantités produites dans l’année sont retirées des réserves ;
  • les volumes découverts par l’exploration sont ajoutés ;
  • les estimations des réserves des gisements en production ou susceptibles de l’être sont révisées.

Le comportement d’un gisement pendant sa phase de production est difficile à déterminer précisément. Les profils de production établis à partir de modèles ne se réalisent pas toujours. Le facteur de récupération (le pourcentage de gaz contenu dans le sous-sol qu’on parviendra à ramener à la surface) n’est précisément calculé qu’à la fin de la vie du gisement.

Niveau et répartition des réserves mondiales de gaz

Réserves 

Les cinq pays disposant des plus importantes réserves de gaz au monde sont : 

  • la Russie : 37 400 milliards de m3 de réserves prouvées de gaz naturel à fin 2020 (contre 31 300 Gm3 à fin 2013) ; 
  • l'Iran : 32 100 milliards de m3 de réserves prouvées à fin 2020 (contre 33 800 Gm3 à fin 2013) ; 
  • le Qatar : 24 700 milliards de m3 de réserves prouvées à fin 2020 (contre 24 700 Gm3 à fin 2013) ; 
  • le Turkménistan : 13 600 milliards de m3 de réserves prouvées à fin 2020 (contre 17 500 Gm3 à fin 2013) ; 
  • les États-Unis : 12 600 milliards de m3 de réserves prouvées à fin 2020 (contre 9 300 Gm3 à fin 2013).
Évolution des réserves prouvées de gaz naturel dans le monde - Energy Institute
AnnéesRéserves prouvées en milliards de m³
198070 889
1990108 363
2000138 023
2005153 393
2010179 941
2011181 919
2012180 795
2013181 299
2014183 162
2015181 193
2016183 536
2017187 828
2018189 054
2019190 268
2020188 074

Réserves mondiales de gaz naturel

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En matière d’exploitation, notons que le taux de récupération du gaz (environ 60% en moyenne) est aujourd’hui bien supérieur à celui du pétrole (environ 35% en moyenne).

Production et consommation

Grâce à l'exploitation des gaz de schiste, les États-Unis sont devenus le principal producteur annuel de gaz au monde - et de loin. 

La production mondiale de gaz s'est élevée à 4 059 milliards de m3 en 2023. Les cinq pays produisant le plus de gaz naturel au monde sont(2)

  • les États-Unis: 1 053,3 milliards de m3de production (+ 3,9% par an en moyenne sur la période 2013-2023) ;
  • la Russie (586,4 milliards de m3 en 2023) ; 
  • l'Iran (251,7 milliards de m3 en 2023) ; 
  • la Chine (234,3 milliards de m3 en 2023) ;  
  • le Canada (190,3 milliards de m3 en 2023).  

En milliards de mètres cubes de gaz naturel produit - Source : Enerdata - World Energy and Climate Statistics - Graphique : Selectra

La consommation mondiale de gaz a atteint à 4 010,2 milliards de m3 en 2023(3). Et les cinq plus grands consommateurs de gaz naturel dans le monde sont : 

  • les États-Unis (886,5 milliards de m3 de gaz consommés en 2023) ;
  • la Russie (453,4 milliards de m3 en 2023) ; 
  • la Chine (404,8 milliards de m3 en 2023) ;  
  • l'Iran (245,6 milliards de m3 en 2023) ; 
  • le Canada (120,73 milliards de m3 en 2023).  

L'Allemagne est le premier consommateur européen de gaz naturel (avec 75,7 Gm3 consommés en 2023 (la France a consommé 33,9 Gm3 de gaz cette année-là).

Rapportée à la population, la consommation intérieure de gaz est la plus forte dans les pays du Moyen-Orient. Les consommations annuelles y sont supérieures à 50 000 m3 par habitant au Qatar contre à peine plus de 600 m3 par habitant en France.

Données corrigées des variations climatiques - À jour en 2024 - Source : Ministère de la Transition Écologique (SDES)

Exportations et importations

Avant l'invasion de l'Ukraine, la Russie était de loin le principal exportateur de gaz naturel dans le monde. Suite aux sanctions occidentales liées à ce conflit, les exportations russes ont chuté de près de 43% entre 2021 (240,9 Gm3 exportés) et 2023 (138,1 Gm3 exportés).

Les États-Unis, devenus premier exportateur mondial en 2022, en ont profité pour livrer davantage de gaz naturel sous forme liquéfiée (GNL) à l'Europe.

Précisons que, si les exportations de gaz russe par gazoduc (ciblées prioritairement par les sanctions) ont massivement reculé, les exportations de gaz russe par voie maritime sous forme de GNL ont légèrement augmenté entre 2021 et 2022 (avant de légèrement diminuer en 2023).

En milliards de mètres cubes de gaz naturel exporté - Source : CIA World Factbook - Graphique : Selectra

Certains pays ayant fait le choix d'utiliser du gaz naturel pour chauffer les habitations et pour produire de l'électricité sont dépendants des importations de gaz naturel. Cette dépendance leur aura coûté des dizaines de milliards d'euros en 2022, lors de la crise des prix du gaz. La production industrielle de ces pays a également ralenti du fait de la hausse des coûts.

En milliards de mètres cubes de gaz naturel importé - Source : CIA World Factbook - Graphique : Selectra

De l'exploitation de gisements conventionnels à non conventionnels

Longtemps considéré comme un élément dangereuxprésent dans les gisements de pétrole, le gaz est progressivement exploité. Depuis les années 1970, les qualités énergétiques du gaz sont reconnues et la demande ne cesse d’augmenter. Sur les 20 dernières années du siècle dernier, les réserves de gaz conventionnel ont augmenté de presque 60%.

Cependant, la carte des réserves de gaz conventionnel est aujourd’hui connue et le rythme des découvertes ralentit. Ces dernières années, de nombreuses campagnes d’exploration consistent désormais en la recherche de gaz non conventionnel et plus particulièrement de gaz de schiste. 

Les ressources de gaz non conventionnel sont abondamment réparties sur la planète : Amérique du Nord et du Sud, Chine, Australie et plusieurs pays d’Europe. Pionniers dans l’exploitation de gaz de schiste, les États-Unis possèdent d’importantes réserves sur la quasi-totalité du territoire, surtout dans le Colorado. Le gaz de schiste est aujourd’hui la deuxième ressource énergétique des États-Unis, il alimente plus de la moitié des foyers du pays. 

L’estimation des réserves évolue en fonction de paramètres économiques et technologiques. Il est donc difficile de définir précisément et incontestablement le potentiel de production des réserves de gaz à moyen ou à long terme.

Cependant, le développement et la maîtrise de technologies avancées permettent d’envisager avec assurance une amélioration du taux de récupération à l’avenir ainsi qu’une mise en exploitation croissante de réserves de gaz non conventionnel. L’exploration s’intensifie dans des zones difficiles d’accès (région arctique, offshore ultra profond) qui pourraient renfermer d’importantes réserves de gaz.

Les États-Unis qui intensifient significativement d’année en année la prospection mais aussi leur production de gaz de schiste sont devenus en 2009 le premier producteur de gaz au monde devant la Russie. Ils développent par ailleurs tout comme d’autres pays « charbonniers » comme la Chine ou l’Inde des procédés pour valoriser le gaz de charbon.

Une consommation croissante de gaz naturel

Malgré une croissance en baisse(4), le gaz garde aujourd'hui encore une place importante dans la consommation énergétique mondiale. En 2023, la part du gaz dans la consommation mondiale d'énergie primaire a atteint 23,3% (contre 31,7% pour le pétrole et 26,5% pour le charbon).

Source : Energy Institute - Statistical Review of World Energy - Graphique : Selectra

On note toutefois une baisse importante en Europe depuis la hausse des prix du gaz, accélérant le processus d'électrification du chauffage dans certains pays. C'est le cas de la France, dont la consommation de gaz a baissé de 20% entre 2021 et 2023. En parallèle, la demande en gaz grandit dans les pays en développement, principalement en Asie.

Les acteurs de la filière d'exploitation des gisements de gaz

Les industriels : le groupe disposant des plus importantes réserves de gaz naturel est le géant russe Gazprom pour qui l’exploration est essentielle pour maintenir son statut de plus grand producteur et fournisseur mondial de gaz.

Les États : ils sont propriétaires des réserves de gaz naturel présentes sur leur territoire et dans les fonds marins n’excédant pas une distance de 200 milles marins (370,4 km) de leurs côtes.

Les compagnies chargées de l’exploration gazière doivent s’acquitter, auprès des États possédant les éventuels gisements, d’une licence d’exploration puis d’une licence d’exploitation.

Les organisations internationales : le forum international FPEG (Gas Exporting Countries Forum) et l’association internationale CEDIGAZ, regroupent les différents pays producteurs de gaz. Ils font état des réserves de gaz découvertes.

dernière modification le 16 décembre 2024

Sources / Notes

  1. Réseves de gaz naturel, Our World in Data.
  2. Statistical Review of World Energy 2024
  3. Ibid.
  4. Entre 1970 et 1980, la consommation mondiale de gaz a augmenté d'environ 48%, marquant une période de forte croissance en raison de l'industrialisation et de l'expansion des infrastructures énergétiques. La décennie suivante, de 1980 à 1990, a également vu une augmentation notable de 37%. De 1990 à 2000, cette croissance s'est légèrement ralentie (avec une augmentation de 23%), suivie d'une reprise plus forte dans les années 2000 à 2010 (avec une hausse de 32%). Enfin, de 2010 à 2020, la consommation a continué de croître, atteignant près de 39 000 TWh, soit une augmentation de 22%.

Energy Institute - Statistical Review of World Energy (2023) | Hannah Ritchie, Max Roser and Pablo Rosado (2020)

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