
Parc photovoltaïque de Luzia au Brésil. (©Iberdrola)
Les filières bas carbone ont compté pour plus de 40% de la production mondiale d'électricité en 2024 « pour la première fois depuis les années 1940 », selon le Global Electricity Review publié ce 8 avril par Ember.
Consulter le Global Electricity Review 2025 (Ember, avril 2025)
Les énergies bas carbone majoritaires dans 80 pays
En 2024, les énergies renouvelables ont produit 858 TWh de plus qu'en 2023 (soit l'équivalent de plus d'une fois et demie la production annuelle française d'électricité en plus). En y ajoutant la contribution du nucléaire, les filières bas carbone ont généré 12 609 TWh en 2024, soit 40,9% de la production mondiale d'électricité l'an dernier (contre 39,4% en 2023).
Selon Ember, 80 pays ont produit plus de la moitié de leur électricité en 2024 grâce aux filières bas carbone (et 47 pays en ont tiré plus de 75% de leur électricité).
Au niveau mondial, les principales sources d'électricité bas carbone sont, dans l'ordre :
- l'hydroélectricité (14,3% du mix électrique mondial en 2024) ;
- le nucléaire (9,0%, soit la plus faible part de la filière depuis 45 ans malgré le rebond de la production française selon Ember) :
- l'éolien (8,1%) ;
- le solaire (6,9%).
D'autres filières renouvelables, dont la bioénergie et la géothermie, ont contribué, en cumulé, à hauteur de 2,6% du mix électrique mondial en 2024.
Si les énergies fossiles ont mécaniquement vu leur part cumulée dans le mix électrique mondial chuter sous la barre des 60%, il convient de rappeler que le charbon - dont la combustion émet de très importantes quantités de CO2 - reste de très loin la principale source d'électricité dans le monde (34,4% en 2024).
Source : Global Electricity Review 2024, EMBER - Graphique : Selectra
Le solaire, « moteur de la transition énergétique mondiale »
L'énergie solaire est « devenue le moteur de la transition énergétique mondiale [...] établissant de nouveaux records en 2024 », tant en matière de nouvelles capacités installées (585 GW l'an dernier) que de production d'électricité (2 131 TWh en 2024, avec une production « doublant tous les 3 ans »).

La production mondiale d'électricité d'origine solaire a augmenté de 474 TWh en 2024, loin devant toutes les autres filières : hydroélectricité (+ 182 TWh), éolien (+ 182 TWh), charbon (+ 149 TWh), gaz naturel (+ 103 TWh).
Le solaire constitue ainsi pour la 20e année consécutive la source de production d'électricité progressant le plus vite, souligne Ember. Et cette filière a compté pour plus de 15% du mix électrique dans 21 pays en 2024.
La forte chute du coût des batteries (- 20% en 2024) fait de ces dernières des alliées précieuses pour stocker les excédents d'électricité produits par les installations solaires pendant les heures d'ensoleillement (la Californie utilise en particulier fortement cette combinaison solaire/batteries).
Au total, les énergies renouvelables ont couvert près des trois quarts de la hausse de la demande d'électricité dans le monde en 2024, précise Ember.
Quelle électrification au niveau mondial ?
En 2024, la consommation mondiale d'électricité a augmenté significativement, de l'ordre de 4% (après des hausses de 2,6% en 2023 et 2,3% en 2022), dépassant pour la première fois la barre des 30 000 TWh (30 856 TWh).
Selon Ember, la principale raison de la croissance très forte de la demande en 2024 par rapport aux années précédentes - outre le développement des véhicules électriques, des pompes à chaleur et des data centers - est la hausse du recours à la climatisation pendant les vagues de chaleur (si la consommation est « corrigée » de cette variable(1), elle est ainsi assez similaire en 2023 et 2024, année la plus chaude jamais enregistrée).
Quid des perspectives de hausse de la consommation d'électricité ? En octobre 2024, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a revu à la hausse ses prévisions de croissance de la demande entre 2023 et 2030, à hauteur de + 3,3% par an (et l'AIE envisage à court terme une hausse annuelle de 3,7% entre 2025 et 2027).
Pour Ember, « deux facteurs clés – l’impact des vagues de chaleur à l’échelle mondiale et le rebond de la demande industrielle en Chine en janvier 2024 – ont considérablement contribué à la croissance de la demande l’année dernière, mais ne contribueront pas dans la même mesure année après année ». Autrement dit, la hausse de la consommation électrique mondiale en 2025 devrait être réduite par rapport à l'an dernier selon le think tank. Ember reconnaît toutefois des incertitudes importantes dans des secteurs variés, à l'image de l'impact des data centers.