Gisement de gaz naturel en Pennsylvanie.
À quelques jours de l'élection présidentielle, l'EIA américaine(1) (US Energy Information Administration) a annoncé que la production de gaz de schiste des États-Unis avait « légèrement diminué au cours des neuf premiers mois de 2024 par rapport à la même période en 2023 ».
Une baisse d'environ 1% de janvier à fin septembre
Si cette tendance se confirme au dernier trimestre 2024, ce serait la première fois, depuis 2000 et le début de la collecte par l'EIA de données à ce sujet (Bill Clinton était encore Président à l'époque), que la production annuelle de gaz de schiste des États-Unis ne progresse pas.
Au cours des 9 premiers mois de l'année, cette production s'est élevée à 81,2 milliards de pieds cubes par jour selon l'EIA, soit environ 1% de moins qu'à la même période en 2023. Notons que la production gazière américaine hors gaz de schiste a pour sa part augmenté dans le même temps de 6%.
In fine, compte tenu de la prépondérance du gaz de schiste dans la production gazière américaine (environ 79% du total), cette dernière est restée relativement stable entre les 3 premiers trimestres de 2023 et de 2024.
Une chute de 79% du prix moyen du gaz en 2 ans
La chute de production du gaz de schiste américain provient de deux zones, Haynesville (formation au sud des États-Unis, s'étalant notamment au nord-est du Texas) et Utica (dans le nord-ouest du pays), moins connues que les bassins Permien (où la production a encore augmenté de 10% sur la période considérée) ou de Marcellus (principale zone de production du gaz de schiste américain, avec une évolution stable).
En cause ? La chute des prix du gaz américain (Henry Hub) depuis août 2022 avec des cours au plus bas au premier semestre 2024 : en mars 2024, le prix mensuel moyen du gaz (ajustée de l'inflation) a été le plus bas depuis « au moins 1997 » selon l'EIA (et le prix moyen de référence a chuté de 79% entre août 2022 et août 2024).
Le forage perpétuel de nouveaux puits de gaz de schiste étant devenu non rentable dans certaines zones, « plusieurs exploitants de Haynesville et du bassin des Appalaches ont arrêté la production et ont l'intention de poursuivre les réductions au cours du second semestre 2024 », indique l'EIA.
Dans le Bassin Permien en revanche, la production de gaz de schiste (souvent du gaz « associé » extrait au sein de puits de pétrole) a bénéficié de la hausse de la production pétrolière dans cette zone.
L'EIA envisage en définitive une très légère baisse de l'ensemble de la production gazière américaine en 2024, avant une nouvelle remontée (modérée) en 2025. Pour rappel, les États-Unis restent les premiers producteurs de gaz naturel et de pétrole au monde.