Une amélioration des conditions techniques et économiques permet d'augmenter le volume des réserves d'hydrocarbures. (©Gazprom)
Les ressources en gaz et en pétrole mettent des dizaines de millions d’années à se former. Elles diminuent progressivement car leur consommation est plus rapide que leur temps de renouvellement. Pour autant, de nouvelles sont identifiées, explorées et exploitées tous les ans.
Réserves actuelles
Par réserves, on désigne en effet les ressources qu’il est techniquement possible d’extraire. L’état des réserves est constamment réévalué en fonction des techniques d’extraction disponibles, des découvertes de gisements et du volume d’hydrocarbures consommé.
Une réserve est considérée comme prouvée lorsque ses chances de récupération dans des conditions économiques viables sont d’au moins 90%.
Au cours de 30 dernières années, les réserves prouvées de pétrole et de gaz dans le monde ont globalement augmenté de 50%.
- Il y avait 1 732 milliards barils de pétrole en réserve fin 2020, soit approximativement 52 ans de production au rythme actuel de consommation.
- Il y avait 188 074 milliards de m3 de gaz en réserve fin 2020, soit approximativement 50 ans de production au rythme actuel de consommation.
Les hydrocarbures non-conventionnels, un changement de paradigme
La prise en compte des hydrocarbures non conventionnels devenus accessibles, en particulier des gaz et des pétroles piégés dans leurs roches-mères (« schiste »), a entraîné une forte réévaluation à la hausse des réserves. Bénéficiant de la baisse de ses coûts de production, cette industrie investit à nouveau massivement dans l’exploitation de nouvelles ressources. La production de pétrole de schiste dans le Bassin permien au Texas est désormais rentable à près de 40/45 $ par baril.
Selon l’AIE, les réserves de gaz « techniquement recouvrables » (sans intégrer de critères économiques) pourraient atteindre 752 000 milliards de m3 de gaz, dont environ 44% classifiées comme « non conventionnelles ». Ce volume correspond à l’équivalent de près de 230 ans de production au rythme actuel.
Les volumes cumulés des réserves d'hydrocarbures conventionnels sont eux à la baisse.
Si les ressources conventionnelles comptent encore à l’heure actuelle pour la grande majorité de la production mondiale de pétrole brut, les hydrocarbures non conventionnels (schiste mais aussi sables bitumineux et huiles lourdes) sont appelés à jouer un rôle croissant sur les marchés pétroliers.
Principales découvertes de gisements d'hydrocarbures dans le monde
Les chiffres cités doivent être manipulés avec précaution du fait de leur caractère déclaratif et non contrôlé dans certains pays.
En 2014, six des dix principales découvertes y étaient concentrées. C’est toutefois le gisement de Pobeda dans la mer de Kara (Arctique russe) qui constitue la plus importante découverte de l’année. Les réserves de ce gisement sont estimées à 130 millions de barils de pétrole et 499 milliards de m3 de gaz techniquement récupérables. Selon Rosneft, la mer de Kara pourrait contenir des réserves équivalentes à celles de l’Arabie saoudite.
En 2015, le groupe italien ENI avait découvert un immense gisement dans l’offshore égyptien baptisé Zohr (637 milliards de m3 de réserves estimées). Ce gisement, dont la mise en production devrait débuter fin 2017, pourrait « changer la donne en Méditerranée », en permettant notamment à l’Égypte d’assurer son indépendance gazière.
En 2016, aucune découverte de réserves conventionnelles comparables à celles de Zohr n'a été réalisée. IFP Énergies nouvelles a répertorié 83 annonces de découvertes de pétrole ou de gaz dans 30 pays, pour un volume cumulé de réserves estimé à environ 11,6 milliards de barils équivalents pétrole (Gbep). La société américaine Apache a annoncé avoir découvert dans le bassin du Delaware un gisement qui pourrait contenir à lui seul plus de 15 Gbep d’hydrocarbures de schiste (dont 3 Gbep d’huile de schiste). La compagnie a identifié 2 000 à 3 000 sites de forage au sein d’une zone de 1 200 km2 qui pourrait faire l’objet de plus de 20 ans d’exploitation.
En 2017, plusieurs découvertes significatives ont été réalisées, notamment par ExxonMobil en Guyana avec les puits Turbot-1 et Snoek-1 dans le bloc Stabroek, estimés à 350 millions de barils équivalents pétrole (Mboe) chacun. Au Brésil, Petrobras a découvert 500 Mboe dans les champs Marlim et Marlim Sul. En Russie, Gazpromneft a fait une découverte majeure de 537 Mboe dans le champ Neptune, en mer d'Okhotsk.
L'année 2018 a vu la découverte de plusieurs gisements importants, notamment par Eni en Égypte avec le puits SWM B-1X dans le désert occidental, estimé à 35 mètres d'huile légère. Au large de l'Afrique du Sud, Total a fait une découverte majeure avec le prospect Brulpadda, contenant potentiellement jusqu'à 1 milliard de barils de ressources totales. Cette année a marqué le début d'une reprise dans les découvertes mondiales d'hydrocarbures après plusieurs années de déclin.
En 2019, ExxonMobil a continué d'enrichir ses découvertes au large du Guyana avec les puits Tilapia-1 et Haimara-1, ajoutant environ 1,2 milliard de barils équivalents pétrole. La même année, la Russie a également réalisé d'importantes découvertes en Sibérie orientale. Ce fut une année marquée par un rebond notable des découvertes mondiales, totalisant environ 9,4 milliards de barils équivalents pétrole, après la baisse observée entre 2014 et 2017.
Malgré une baisse mondiale du nombre de forages d'exploration, 2022 a été marquée par des découvertes de haute qualité, notamment en Namibie, au Brésil et en Algérie, cumulant environ 20 milliards de barils équivalents pétrole. La Namibie a notamment fait une découverte significative dans le bassin d'Orange, qui pourrait transformer le pays en un acteur majeur de l'industrie pétrolière en Afrique.
Différences entre ressources et réserves
Les ressources d’hydrocarbures désignent l'ensemble des volumes d'hydrocarbures contenus dans le sous-sol terrestre. Les réserves d’hydrocarbures désignent les volumes récupérables d'hydrocarbures aux conditions techniques et économiques du moment dans des gisements exploités ou en passe de l'être. Par conséquent, les réserves ne constituent qu’une partie des ressources estimées (près d’un quart selon les données de l’AIE).
Au sein de ces deux catégories, des sous-ensembles ont été définis.
Parmi les ressources, on distingue :
- les ressources ultimes : volumes générés au cours des temps géologiques, qu’ils aient déjà été exploités, soient en passe de l’être ou encore inexploités ;
- les ressources contingentes : volumes actuellement identifiés mais dont la mise en production n’est pas encore programmée ;
- les ressources potentielles : volumes productibles estimés dans les gisements non encore découverts.
Parmi les réserves, on distingue :
- les réserves courantes : volumes en cours d’exploitation ou en passe de l’être ;
- les réserves additionnelles : volumes devenus accessibles au sein de gisements déjà exploités grâce à la mise en œuvre de techniques plus performantes (amélioration du taux de récupération).
Par la mise en production de nouveaux gisements, certaines ressources (contingentes ou potentielles) passent dans la catégorie des réserves dites « nouvelles ».
Notons que les réserves sont parfois exprimées en termes probabilistes selon leur pourcentage de chance d’être récupérées : 1P (90%), 2P (50%), 3P (10%). Constamment réévaluées, les réserves 1P sont ainsi les plus probables. Leur volume correspond le plus souvent aux chiffres annoncés par les exploitants.