Parc éolien de Porte de Champagne (©EDF-Marc Didier).
L’Observatoire 2018 de l’éolien en France a été publié la semaine dernière par l’association France Energie Eolienne, porte-parole de la filière dans l’hexagone(1). Ce qu’il faut en retenir.
1 260 parcs éoliens en France à mi-2018
À fin juin 2018, la France comptait 7 370 éoliennes répartis entre 1 260 parcs (dont 279 situés dans les Haut-de-France et 241 dans la région Grand Est) selon les dernières données de France Energie Eolienne. La puissance cumulée(2) du parc éolien français atteignait 14 354 MW à cette date, sachant que les facteurs de charge de l’éolien en France ont été « à peu près constants sur les 5 dernières années » (près de 25% en moyenne, avec d’importantes différences entre les parcs).
Avec 24 TWh générés en 2017, ce parc éolien a compté pour 4,5% de la production électrique de la France métropolitaine l’an dernier selon RTE. Dans l’Observatoire de l’éolien, il est souligné que la production éolienne a couvert jusqu’à « près d’un quart de la consommation nationale d’électricité » le 13 septembre 2017. Les détracteurs de la filière pointent quant à eux l’intermittence et la variabilité de cette source de production.
En 2016, la production du parc éolien français avait légèrement baissé malgré une hausse des capacités installées, en raison de conditions météorologiques défavorables(3). France Energie Eolienne souligne à ce sujet les nombreux projets en cours relatifs au stockage d’électricité, problématique centrale dans le développement des filières renouvelables à production intermittente.
La part de l’éolien dans la production électrique de la France métropolitaine est passée de 3,9% en 2016 à 4,5% en 2017. (©Connaissance des Énergies)
Les objectifs de la PPE à fin 2018 en passe d'être atteints
La trajectoire actuelle d’installations éoliennes (record de 1,7 GW de nouvelles capacités en 2017, rythme qui « devrait être confirmé en 2018 ») « permettra d’atteindre les objectifs que la France s'est fixés » à fin 2018 (15 GW) dans le cadre de la première programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) selon l’Observatoire de l'éolien.
« L’accélération récente des volumes installés et raccordés s’explique par une relative stabilité du cadre économique éolien », indique France Energie Eolienne. Le groupe de travail sur l’éolien terrestre qu’avait piloté Sébastien Lecornu, ancien secrétaire d’État, a en particulier « ouvert la voie du grand chantier de libération des énergies renouvelables », avec l’adoption en janvier 2018 de mesures permettant entre autres d’améliorer l’acceptabilité des projets (réduction des flashs nocturnes, financement participatif, etc.) et de simplifier les procédures administratives de renouvellement des parcs. « Surtout, la suppression d’un niveau de juridiction pour le traitement des contentieux va permettre de diviser par deux la durée de montage d’un projet éolien terrestre », précise France Energie Eolienne.
L'association déplore toutefois l’impact de l’absence actuelle d’autorité environnementale qui « bloque des projets depuis bientôt un an » et qui impliquera des retards dans les mises en service initialement prévues à l’horizon 2021/2022.
Pour rappel, la feuille de route énergétique française fixe pour objectif 15 GW d’éoliennes terrestres installées en France à fin 2018 et « entre 21 800 et 26 000 MW en 2023 ». La cible de 26 GW nécessitera « une accélération du rythme actuel », à hauteur de 2 GW de nouvelles installations par an, précise France Energie Eolienne. Pour accélérer le développement de l’éolien, l’association appelle entre autres à « favoriser l’introduction de machines de dimensions plus grandes et plus performantes », comme en Allemagne.
Les installations de nouvelles capacités éoliennes en France ont atteint un record de 1,7 GW en 2017. (©Connaissance des Énergies, d'après France Energie Eolienne)
Signalons que France Energie Eolienne fait par ailleurs état, dans son Observatoire des coûts de l’éolien terrestre, d’un LCOE de 76/MWh sur 20 ans pour les parcs installés entre 2013 et 2017. Dans le cas des futurs parcs, « le LCOE est plafonné à 72€/MWh sur 20 ans pour les petites installations (guichet ouvert), et le résultat des derniers appels d’offres est de 65,4€/MWh (installations plus grandes) », précise l'association.
Un retard persistant dans l’offshore
Rappelons que la France ne compte pour l’heure qu’une éolienne flottante en service et aucun parc offshore alors que le pays dispose du 2e gisement éolien d’Europe après le Royaume-Uni. Le Grenelle de la Mer s’était fixé un objectif de 6 GW d’éolien offshore posé à l’horizon 2020 « alors que l’objectif du gouvernement britannique pour l’éolien en mer sur cette période est trois fois plus important avec une ambition initiale affichée de plus de 20 GW », déplore France Energie Eolienne.
Les prix des projets attribués dans le cadre des deux premiers appels d’offres français (6 projets attribués entre 2012 et 2014) ont été renégociés cette année avec « une baisse du coût du soutien public de 40% », se félicite le ministère en charge de l’énergie (tarif moyen renégocié en juin 2018 à 142€/MWh).
Selon France Energie Eolienne, « les retours sur expérience des premiers appels d’offres (AO) français et les progrès de la filière en Europe devraient permettre une baisse significative des coûts de l’éolien en mer en France, à partir du 3e AO éolien en mer posé (Dunkerque) et des suivants »(4).
Les premiers parcs éoliens posés devraient, selon le calendrier actuel, être mis en service à partir de 2020-2021 pour le 1er appel d’offres (2023-2024 pour le 2e).
Localisation des projets éoliens offshore au large des côtes françaises (©Connaissance des Énergies, d’après France Energie Eolienne)
Plus de 17 000 emplois directs et indirects
« La performance du secteur a notamment engendré l’augmentation des emplois éoliens sur le territoire français renforçant ainsi la structuration industrielle de la filière », juge France Energie Eolienne. L'association fait état de 1 230 emplois supplémentaires dans le secteur éolien en 2017, portant à 17 100 le nombre d’emplois directs et indirects recensés sur l’ensemble de la chaîne de valeur (+ 7,8% par rapport à 2016).
Les emplois dans l’éolien sont répartis entre 4 grands segments d’activité : études et développement, fabrication de composants, ingénierie et construction, exploitation et maintenance. À fin 2017, 3 616 personnes travaillaient notamment dans le génie civil et électrique, 3 065 dans la fabrication de composants et 2 131 dans des bureaux d’études et expertise.
France Energie Eolienne répertorie 1 070 « sociétés actives, allant de la TPE au grand groupe industriel ». (©Connaissance des Énergies, d’après France Energie Eolienne)
Au sein du parc éolien français, 12 exploitants gèrent chacun plus de 300 MW de capacités éoliennes, le principal d’entre eux étant Engie avec 1 900 MW gérés par ses filiales en prenant en compte ses participations (Engie Green, CNR). Suivent EDF Energies nouvelles (1 488 MW) et Energieteam (802 MW). Plus de la moitié du parc en puissance est constituée d’éoliennes construites par Vestas ou Enercon.
Une perception plus positive des Français ?
Les projets de parcs éoliens sont confrontés à des oppositions de type Nimby. Pourtant, France Energie Eolienne indique que près de 73% des Français ont désormais une bonne ou très bonne image de l’énergie éolienne sur la base d’un sondage réalisé avec Harris Interactive en octobre 2018(5). Cette proportion grimperait à 80% chez les riverains de parcs.
Près de 68% des Français estimeraient « à froid » (sans informations préalables) que l’installation d’un parc à proximité de leur territoire est « une bonne chose », principalement pour des raisons environnementales plus qu’économiques(6).