LM Wind Power a produit plus de 185 000 pales d'éoliennes depuis 1978. L'usine de Cherbourg sera le 15e site de fabrication de la société danoise. (©LM Wind Power)
Les 4e Assises nationales des énergies marines renouvelables se sont tenues le 22 mars au Havre. Le 23 mars, c'est la « première pierre » d’une usine de pales pour éoliennes offshore qui est posée à Cherbourg (Manche).
Une mise en service attendue courant 2018
La construction de l’usine de fabrication de pales de Cherbourg commence officiellement ce jeudi 23 mars. C’est la société danoise LM Wind Power, l’un des principaux fabricants de pales d’éoliennes offshore, qui exploitera cette usine dont la mise en service est attendue courant 2018, après près d’un an de travaux (réalisés par la SHEMA).
La future usine de près de 25 000 m2 construira et stockera des pales de très grandes dimensions, LM Wind Power évoquant notamment un modèle de 73,5 m de long destiné à des éoliennes offshore de 5 à 6 MW de puissance comme l’éolienne Haliade 150 de General Electric (6 MW). Le plus grand modèle de pale au monde (« LM 88,4 P » en référence à sa longueur) est également conçu par la société danoise et pourrait équiper des éoliennes géantes de 8 à 10 MW. Au total, LM Wind Power annonce vouloir produire annuellement un volume de pales correspondant à « une capacité éolienne cumulée de 1,2 à 2 GW ».
« Le port de Cherbourg est un lieu idéal pour toucher les parcs éoliens offshore en France et en Europe du Nord », indique LM Wind Power. Il est déjà prévu que l’usine fournisse les pales des trois projets de parcs éoliens en mer pilotés par Eolien Maritime France (EMF qui regroupe EDF Energies nouvelles, WPD et Enbridge), retenus dans le cadre du premier appel d’offres français : Saint-Nazaire, Fécamp et Courseulles-sur-Mer.
Précisons que General Electric souhaite finaliser prochainement le rachat de la société LM Wind Power, la Commission européenne ayant donné le 21 mars son feu vert à l’opération.
Une implication forte des collectivités
Sur le port de Cherbourg, de très importants aménagements ont été réalisés par l’autorité portuaire PNA (Ports Normands Associés(1)) : consolidation des quais pour accueillir des charges lourdes « hors normes » pour un port (de l’ordre de 15 tonnes/m2), mise à disposition de grandes parcelles en libérant des voiries, extension du port de 39 hectares de terre-pleins, etc.
Au total, l’investissement pour ces travaux avoisine 100 millions d’euros. L’État a fourni une aide de 10 millions d’euros, près de 15 millions d’aides ont été versés par le Fonds européen « FEDER », le reste ayant été financé à 60% par la Région et à 40% par le département de la Manche. Ces travaux ne se limitent naturellement pas à accueillir l’usine de pales de Cherbourg mais doivent permettre plus globalement aux industriels des énergies marines de s’implanter au plus près des futurs parcs. Un atelier d’assemblage d’hydroliennes de DCNS sera notamment également installé sur le port de Cherbourg pour équiper la ferme pilote du raz Blanchard.
Le coût de construction de l’usine de pales se compte quant à lui « en millions d’euros », indique LM Wind qui ne souhaite pas communiquer l’investissement total réalisé. Les collectivités ont apporté une subvention importante au projet (4 millions d'euros de la Région, 2 millions du département de la Manche et 2 millions de la ville de Cherbourg). Elles attendent des retombées locales « considérables », explique le Conseil départemental de La Manche. L’usine devrait employer 550 personnes, auxquelles pourraient s’ajouter 2 000 emplois indirects (génie civil, éléments mécaniques de transition entre pales et moyeux, etc.) selon LM Wind Power.
État des lieux sur l’éolien offshore en France
S’il est beaucoup question de l’éolien offshore depuis plusieurs années, aucun parc n’est encore en service en France à ce jour. Quatre appels d’offres dédiés ont été lancés en juillet 2011, mars 2013, avril 2016 et novembre 2016 et les premières mises en service de parcs sont attendues à l’horizon 2020. Ségolène Royal vient d’annoncer que les autorisations administratives du futur parc éolien offshore de Saint-Brieuc qui fait l’objet du 3e appel d’offres seraient délivrées « dans les prochains jours ». Des études techniques (conditions météo-océaniques, sédimentologie, bathymétrie, etc.) doivent débuter en avril 2017 sur la zone d’Oléron qui a été retenue pour le 4e appel d’offres.
La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) publiée en octobre 2016 pose pour objectif de disposer d’un parc de 3 000 MW d’éolien offshore « posé » en France à fin 2023, date à laquelle entre 500 MW et 6 000 MW de projets supplémentaires devront par ailleurs avoir été « attribués, en fonction des concertations sur les zones propices, du retour d’expérience de la mise en œuvre des premiers projets et sous condition de prix ». L’objectif de 3 GW installés à fin 2023 implique que tous les parcs éoliens en mer retenus dans le cadre des 2 premiers appels d’offres soient en service à cet horizon.
La PPE fixe par ailleurs un objectif de 100 MW de puissance installée à fin 2023 pour les autres énergies marines, comprenant entre autres l’éolien flottant. Dans le cadre du programme des investissements d’avenir, 4 projets éoliens flottants de fermes pilotes ont été retenus en 2016, 3 d’entre eux étant situés en Méditerranée et un quatrième en Bretagne, au large de l’île de Groix.
Localisation des projets d'installations éoliennes offshore en France (©Connaissance des Énergies)