Dans le bâtiment réacteur sur le chantier de l'EPR de Flamanville (©EDF-Alexis Morin)
Le nucléaire est la troisième filière industrielle en France(1), avec près de 220 000 emplois directs et indirects selon la Société française d’énergie nucléaire (SFEN). Cette dernière a publié mi-juin un « cahier des régions » faisant état de l’ancrage de cette industrie dans l’hexagone.
4 régions comptant pour plus de 75% de la production nucléaire française
Le parc nucléaire français, qui a généré 72,3% de la production électrique nationale en 2016, est constitué de 58 réacteurs en service, répartis entre 19 centrales. Ces centrales sont elles-mêmes implantées dans 18 départements différents. Parmi ces derniers, seule la Seine-Maritime dispose de 2 centrales sur son territoire (Paluel et Penly), avec 6 réacteurs en fonctionnement, soit autant qu’au sein de la centrale de Gravelines dans le Nord.
En 2016, plus des trois quarts de la production française d’électricité d’origine nucléaire provenait de 4 grandes régions(2) :
- Grand Est (4 centrales nucléaires) : production nucléaire de 82,7 TWh en 2016, soit 77% de la production électrique régionale cette année-là ;
- Centre-Val de Loire (4 centrales) : 75,7 TWh en 2016 (96% de la production régionale) ;
- Auvergne Rhône-Alpes (4 centrales) : 75 TWh en 2016 (69% de la production régionale) ;
- Normandie (3 centrales) : 57,3 TWh en 2016 (89% de la production régionale).
Pour rappel, la loi de transition énergétique pour la croissance verte adoptée en France à l’été 2015 fixe entre autres pour objectif de limiter à 50% la part du nucléaire dans le mix électrique français à l’horizon 2025(3). La loi plafonne par ailleurs à 63,2 GW la capacité installée du parc nucléaire français, ce qui correspond à sa puissance actuelle. Suivant l’engagement de son prédécesseur, Emmanuel Macron s’est engagé à fermer les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim (plus ancienne centrale nucléaire en service en France) lors de la mise en service de l’EPR de Flamanville, qui pourrait intervenir courant 2019.
Répartition des réacteurs du parc nucléaire français (©Connaissance des Énergies)
Les emplois de la filière nucléaire par région
Bien qu’elle ne compte aucun réacteur implanté sur son territoire, l’Ile-de-France est la première région française en matière d’emplois dans la filière nucléaire, avec 59 000 emplois directs et indirects selon la SFEN. De nombreuses organisations (sièges sociaux de grandes entreprises, services centraux de l’ASN et de l’IRSN, etc.) sont effectivement implantées à Paris ou à proximité de la capitale. La région dispose par ailleurs d’importants centres de recherche, en particulier sur le plateau de Saclay (EDF, CEA, etc.).
La SFEN souhaite montrer que, outre le fait que le nucléaire contribue très largement au mix électrique décarboné de la France, cette énergie stimule l’activité économique, et pas uniquement à des fins de production électrique. En Bretagne, région parfois qualifiée de « péninsule électrique » en raison de son isolement, la filière emploierait par exemple près de 1 000 personnes (emplois indirects) selon les estimations de la SFEN. De nombreux services de médecine nucléaire y sont en effet installés et permettent entre autres de diagnostiquer et suivre l’évolution de cancers avec des outils d’imagerie. Dans le Finistère, l’ancienne centrale à eau lourde de Brennilis est par ailleurs en cours de démantèlement depuis 1997. Ce chantier, sur lequel travaillent près de 80 personnes, devrait s’achever en 2032.
Aux 220 000 emplois directs et indirects de l’industrie nucléaire s’ajouteraient, selon la SFEN, 190 000 emplois « induits(4) » qui contribueraient à « la vitalité des territoires, notamment ruraux ou ceux touchés par la désindustrialisation ». L’association représentant l’industrie nucléaire française indique que près de 8 000 professionnels devraient être recrutés chaque année par la filière d’ici à 2020.
Répartition des emplois de la filière nucléaire en France continentale (©Connaissance des Énergies)