En 2018, les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables productrices d'électricité ont atteint 304 milliards de dollars selon l'AIE. (©Vestas)
Les investissements mondiaux dans l’énergie se sont stabilisés en 2018, après 3 années consécutives de baisse. Ils restent toutefois bien trop faibles pour mener à bien une transition « bas carbone », déplore l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son dernier rapport World Energy Investment 2019(1) publié le 14 mai. État des lieux.
Les investissements mondiaux dans l’énergie en 2018
En 2018, les investissements mondiaux dans l’énergie ont avoisiné 1 850 milliards de dollars selon l’AIE. Les dépenses consacrées à l’exploration et la production de pétrole et de gaz ont en particulier augmenté de 4% l'an dernier, avec la hausse des prix du brut et la poursuite du développement de projets d’hydrocarbures de schiste « à cycle court ». Les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables ont quant à eux légèrement baissé (notamment sous l'effet de la baisse des coûts de certaines technologies) tandis que les dépenses consacrées à l’efficacité énergétique sont restées relativement stables.
Depuis 2016, les investissements dans le secteur électrique dépassent ceux consacrés à l’approvisionnement en pétrole et en gaz naturel. Cette tendance reflète l’importance croissante de l’électricité dont la hausse de consommation a été « deux fois plus rapide que la croissance de la demande globale d’énergie » en 2018 selon l’AIE. L'Agence rappelle que les coûts (CAPEX) de certaines technologies dans le secteur électrique ont en outre très fortement chuté depuis 2010 : - 75% pour le solaire photovoltaïque, - 50% pour le stockage par batterie, - 20% pour l’éolien terrestre, etc.
D’un point de vue géographique, les investissements dans l’énergie en 2018 ont connu leur plus forte augmentation aux États-Unis, la hausse des dépenses énergétiques de ce pays étant en particulier consacrée aux hydrocarbures de schiste mais aussi aux réseaux électriques, précise l’AIE.
La Chine reste le 1er investisseur mondial dans l’énergie malgré la forte baisse de ses dépenses consacrées au solaire photovoltaïque en 2018. Dans l’Union européenne, les investissements comptabilisés par l'AIE ont diminué de 7% au cours des 3 dernières années mais la part dans ce total des dépenses consacrées aux sources d’énergie « bas carbone » s'élève désormais à presque 60%, constate l’Agence. En Afrique subsaharienne, les investissements dans l’énergie ont baissé de 15% depuis 3 ans, avec moins de dépenses consacrées aux projets pétroliers et gaziers et une légère hausse seulement de celles en faveur des énergies renouvelables.
Depuis 2016, les investissements mondiaux dans le secteur électrique dépassent ceux consacrés à l'oil and gas selon l'AIE. (©Connaissance des Énergies, d'après AIE)
Une « réaffectation majeure des capitaux » encore nécessaire
Il y a actuellement « peu de signes d’une réaffectation substantielle des capitaux vers l’efficacité énergétique et dans des sources d’énergie plus propres », déplore l'AIE. L’Agence fait ainsi état d'un « décalage croissant entre les tendances actuelles et la voie à suivre pour respecter l’Accord de Paris et les objectifs de développement durable ».
Concrètement, le scénario SDS (Sustainable Development Scenario)(2) de l’AIE - jugé compatible avec les ambitions de l’Accord de Paris (COP21) - nécessiterait « une augmentation globale modeste des investissements mais une réaffectation majeure des capitaux » en faveur des sources bas carbone et des réseaux électriques. Pour atteindre les objectifs de développement durable fixés par l'ONU(3), « les investissements dans l’efficacité énergétique devraient s’accélérer et ceux dans les énergies renouvelables devraient doubler d’ici à 2030 », précise l’AIE.
L’Agence internationale de l’énergie souligne par ailleurs que les nouveaux projets de pétrole et de gaz conventionnels approuvés sont inférieurs « au niveau requis pour satisfaire une croissance soutenue de la demande mondiale d’énergie ». Elle témoigne ainsi des nombreux « risques pour l’avenir » selon les termes du directeur exécutif de l’AIE Fatih Birol, qu’il soit question de transition énergétique ou d’approvisionnement en sources d'énergie « traditionnelles ».
Le développement des centrales à charbon dans les pays asiatiques - visant à combler les besoins croissants en électricité - témoigne des difficultés de réorienter les investissements en faveur d’une transition bas carbone(4).
L’AIE souligne enfin le manque d’investissements publics dans la R&D qui ont trop « modestement augmenté en 2018 » (+ 5%). En 2018, 5 pays (États-Unis, Chine, Japon, France et Allemagne) ont compté pour près de 70% de ces dépenses publiques en R&D. L’Agence souligne par ailleurs une nouvelle fois le rôle des gouvernements pour attirer les investissements dans les nouvelles technologies en réduisant les risques associés.
Le scénario NPS (pour « New Policies Scenario ») correspond à la trajectoire envisagée par l'AIE sur la base des politiques actuellement annoncées. Le scénario SDS (pour « Sustainable Development Scenario ») incarne la vision d'une transition bas carbone accélérée, en cohérence avec les objectifs climatiques de la COP21. (©Connaissance des Énergies, d'après AIE)