Selon l'AIE, les standards d'efficacité énergétique couvrent désormais plus de 60% de la consommation mondiale d'énergie liée à l'éclairage. (©photo)
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié aujourd’hui son dernier rapport sur l’efficacité énergétique dans le monde, en marge du Congrès mondial de l’énergie(1) qui vient de s’ouvrir à Istanbul. En voici les principaux enseignements.
Une baisse de de l’intensité énergétique…
L’intensité énergétique mondiale, c’est-à-dire la consommation d’énergie(2) par unité de PIB, a diminué de 1,8% en 2015 selon l’AIE. En 2014, l’Agence internationale de l'énergie avait déjà observé une baisse de 1,5% de cette intensité énergétique qui a même été divisée par 3 par rapport à la baisse moyenne entre 2003 et 2013 (- 0,6% par an). Autrement dit, l’économie mondiale est de moins en moins « énergivore ».
Si cette baisse de l’intensité énergétique est saluée par l’AIE, en particulier en 2015 dans un contexte de prix bas du pétrole n’incitant pas aux économies d’énergie, elle est encore trop lente selon l'Agence pour « mettre le monde sur les rails d’un système énergétique décarboné ». Selon l’AIE, l’intensité énergétique mondiale devrait baisser d’au moins 2,6% par an entre 2016 et 2030 pour se situer sur une trajectoire compatible avec les objectifs climatiques de la COP21.
Rappelons que certains pays ont, dans le cadre de la dernière Conférence Climat, exprimé leurs objectifs de lutte contre le réchauffement climatique en termes d’« intensité carbone » ou d'« intensité d'émissions » (émissions de gaz à effet de serre par unité de PIB). C’est notamment le cas de l’Inde qui a annoncé vouloir baisser ses émissions de gaz à effet de serre rapportées à son PIB de 33% à 35% en 2030 par rapport au niveau de 2005(3). Le géant indien ne souhaite pas entraver son développement économique à des fins climatiques et mise ainsi en grande partie sur l’efficacité énergétique pour limiter ses émissions de gaz à effet de serre.
… Particulièrement marquée en Chine
Lors de la présentation de ce rapport, le directeur exécutif de l’AIE Fatih Birol a insisté sur le fait que « l’efficacité énergétique est la seule ressource énergétique que tous les pays possèdent en abondance ». Elle n’est toutefois pas « exploitée » à la même hauteur dans les différents pays.
L’intensité énergétique de la Chine a par exemple diminué de 5,6% en 2015 (et de 30% depuis 2010) : la consommation d’énergie chinoise a seulement augmenté de 0,9% en 2015 (plus faible hausse depuis 1997) alors que le pays a connu une croissance annuelle de 6,9%.
La Chine a notamment mis en place des programmes d’efficacité énergétique contraignants dans l’industrie en ciblant les entreprises les plus énergivores. Entre 2006 et 2014, le pays a investi au total près de 370 milliards de dollars dans des actions d’efficacité énergétique. Selon l’AIE, ces actions auraient évité à la Chine d’émettre 1,2 milliard de tonnes supplémentaires de CO2 en 2014, soit l’équivalent des émissions annuelles de CO2 du Japon. Notons toutefois que l’intensité énergétique chinoise reste, à l'heure actuelle, près de 50% plus élevé que la moyenne des pays de l’OCDE.
La hausse de l’intensité énergétique du Brésil est due à la baisse du PIB national de 3,8% en 2015. (©Connaissance des Énergies)
Une hausse de 6% des investissements liés à l’efficacité énergétique
Les investissements mondiaux en matière d’efficacité énergétique en 2015 sont estimés par l’AIE à 221 milliards de dollars, ce qui constitue une hausse de 6% par rapport à 2014. Plus de la moitié de ces investissements ont été consacrés à l’amélioration de l’efficacité énergétique dans les bâtiments (en incluant l’éclairage(4) et l’électroménager y étant installé).
En 2015, les investissements liés à l’efficacité énergétique compteraient pour près de 14% des dépenses totales dans le système énergétique mondial selon l’AIE. (©Connaissance des Énergies)
Au total, l’AIE estime que près de 30% de la consommation mondiale d’énergie prend aujourd'hui en compte des standards d’efficacité énergétique, contre seulement 11% en 2000. L’Agence, qui plaide pour un renforcement des politiques publiques d’efficacité énergétique, déplore que plus des deux tiers de la consommation mondiale « échappent » ainsi encore à toute réglementation dans ce domaine.
L’AIE met en avant l’intérêt économique de ces actions d’efficacité qui auraient, selon elle, permis à ses 29 pays membres (appartenant à l’OCDE), d’économiser près de 540 milliards de dollars en 2015 (grâce aux progrès réalisés en matière d’efficacité énergétique lors des quinze dernières années).