Les chefs d’entreprises réunis au siège de l’Unesco ont été sondés hier sur le prix du carbone qu’ils jugeaient souhaitable aux horizons 2020 et 2030. (©Maël Dancette)
La COP21 a constitué un événement majeur dans l'histoire des COP et des négociations climatiques. La préparation de cette Conférence Climat s'est accompagnée de multiples événements en France et d'annonces à l'international, dont nous vous proposons de retrouver une partie ci-après.
Les entreprises planchent sur le prix du carbone lors du Business Climate Summit (22 mai 2015)
Les dirigeants de grands groupes internationaux se sont réunis les 20 et 21 mai 2015 à Paris pour discuter de leurs contributions à la lutte contre le changement climatique, dans l’optique de la COP21. Il a été largement question lors de ce « Business Climate Summit » de donner une valeur au carbone pour inciter les entreprises à réduire leurs émissions.
Un consensus pour fixer un prix au carbone
Pour aller vers une économie bas-carbone, les entreprises s’accordent sur la nécessité d’attribuer un prix minimum à la tonne de CO2 qui soit susceptible d’orienter leurs investissements vers des technologies plus sobres en carbone. Un cadre réglementaire stable est une autre demande répétée par les acteurs économiques dont les investissements s’effectuent sur le long terme (tandis que les plafonds d’émissions du marché carbone européen sont par exemple uniquement définis jusqu’à 2020).
Sur cette base, des entreprises sont prêtes à s’engager résolument dans la réduction de leurs émissions. Daniel Benes, dirigeant du groupe tchèque CEZ a par exemple annoncé que sa société dont la production électrique repose actuellement à 60% sur le charbon, pourrait être « neutre en carbone » d’ici à 2050.
D’autres entreprises présentes au sommet défendent naturellement la contribution de leurs énergies à une économie bas carbone, qu’elles soient « décarbonées » (renouvelables et nucléaire) ou qu’elles permettent d’accompagner le développement des énergies renouvelables intermittentes (en tant que centrales de « back up » comme les centrales gaz à cycle combiné).
De nombreuses autres propositions sont avancées afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère : suppression des subventions aux énergies fossiles, développement du capture et stockage du CO2, réduction de la pratique du torchage, etc. Pour ce qui est du prix du carbone, reste à trouver le cadre adéquat.
Quel cadre et quel prix ?
Pour fixer un prix à la tonne de carbone, il faut schématiquement choisir entre la mise en place d’une taxe carbone ou d’un marché du carbone sur lequel s’échangent des droits à émettre selon une logique d’offre et de demande. C’est cette deuxième solution que la plupart des entreprises grandes émettrices qui sont intervenues lors du sommet souhaitent privilégier en dépendant moins des décisions politiques.
Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la CCNUCC, a rappelé pour sa part qu’elle croyait en un grand marché du carbone unifié à l’échelle mondiale alors qu’il existe aujourd’hui un « patchwork » de systèmes de tarification du carbone par région (marché européen, Californie, provinces chinoises, etc.). La mosaïque actuelle d’une quarantaine de systèmes pourrait progressivement converger.
Les participants du sommet ont par ailleurs été interrogés sur le prix du carbone souhaitable. La majeure partie s’est prononcée pour un prix avoisinant 40 $ la tonne en 2020 et entre 100 et 200 $ la tonne en 2030.
Quid du marché du carbone européen?
Au niveau européen, le marché carbone, dit « SCEQE » (ou « EU ETS » en anglais), est inefficient en raison d’une allocation trop importante de quotas d’émissions face à une demande en baisse depuis la crise économique de 2008. La tonne de carbone se négocie aujourd’hui aux alentours de 7,3 €, un montant largement insuffisant pour inciter les entreprises à se détourner des technologies les plus émettrices.
Afin de remédier à cette inefficacité du marché carbone européen, il était prévu de mettre en place début 2021 une réserve de stabilité carbone, mécanisme consistant à geler une partie des crédits d’émissions en excédent. François Hollande a annoncé mercredi, en introduction de ce sommet, que ce mécanisme allait être inauguré 2 ans en avance, soit en janvier 2019.
Notons que la Caisse des Dépôts organise aujourd’hui le « Climate Finance Day » qui vise également à inciter les acteurs financiers à orienter leurs financements vers une société bas carbone. A moins de 200 jours de la Conférence Climat à Paris, le secteur privé affirme ainsi nettement ses ambitions, se plaçant, selon le Secrétaire général des Nations Unis Ban Ki-moon, « à l’avant-garde » de l’action climatique.
Comment le Sénat s'est préparé à la COP21 (29 mai 2015)
Le président du Sénat Gérard Larcher et différents présidents de commissions présentaient hier les actions de la Chambre haute du Parlement en vue de la COP21. (©Maël Dancette)
Le Sénat a présenté fin mai 2015 un programme d’actions en vue de la COP21. L’assemblée représentante des collectivités territoriales a précisé comment elle comptait peser sur les négociations de la Conférence Climat.
Comment la « diplomatie parlementaire » peut-elle se faire entendre ?
Le Sénat se fait l’écho des problématiques des collectivités locales et les « dérèglements climatiques » en font désormais partie : des territoires français sont déjà témoins, selon les sénateurs, de certaines manifestations de ces dérèglements (érosion du littoral, dates des vendanges, etc.), notamment en outre-mer. Si les sénateurs se sentent ainsi légitimes à aborder ce sujet, cela ne signifie pas qu’ils seront « audibles » lors de la COP21.
Pour avoir un plus grand pouvoir d’influence, le Sénat entend s’exprimer par le biais de l’Union Interparlementaire (UIP), une organisation de 166 parlements nationaux qui se rassemble plusieurs fois par an en assemblée ou lors de séminaires. Le 5 décembre prochain, l’UIP se réunira à l’Assemblée nationale puis au Sénat le 6 décembre afin d’adopter une déclaration censée refléter la position des parlementaires du monde entier.
Hervé Mourey (UDI-UC), président de la commission du développement durable du Sénat, doit proposer un avant-projet de déclaration aux membres de l’UIP d’ici à la fin de l’été. La déclaration de l’UIP sera remise aux négociateurs officiels et le Sénat souhaite que cette contribution soit notifiée dans l’accord final recherché (avec un suivi des avancées par les parlements nationaux après la COP21).
En décembre dernier au Pérou, l’UIP avait affirmé vouloir faire pression sur les gouvernements afin que ceux-ci déposent leurs contributions nationales le plus rapidement possible. Le président du Sénat Gérard Larcher a toutefois déploré hier que peu d'États aient à ce jour fait part de leurs intentions (37 selon le site dédié des Nations Unies).
Quelles sont les autres actions prévues par le Sénat ?
Le Sénat s’est doté en 2011 d’un groupe de travail relatif aux négociations internationales sur le climat et l’environnement, présidé aujourd’hui par Jérôme Bignon (UMP). Toutes les commissions et délégations du Sénat ainsi que l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques y possèdent au moins un représentant. Ce groupe de travail prépare actuellement une résolution (qui n’a pas de valeur contraignante(4)) qui sera examinée et débattue à l’automne au Sénat.
Outre les différents rapports préparés en commissions, des auditions ont été réalisées et la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable a prévu plusieurs déplacements sur la thématique du changement climatique. Différents colloques sont également organisés par le Sénat sur des thèmes peu abordés dans l’hexagone (regards croisés Europe-Amérique latine et Caraïbes, incidences sur les îles du Pacifique), à l’image de l’événement du 21 mai dernier consacré aux enjeux du climat pour les religions.
Enfin, deux événements phares des collectivités territoriales impliqueront le Sénat sur le sujet de la COP21 :
- le prochain Congrès des Maires à Paris du 17 au 19 novembre 2015;
- le Sommet mondial Climat et Territoires à Lyon les 1er et 2 juillet.
Quelle place pour les problématiques énergétiques ?
Le projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte en France a été adopté à l’Assemblée nationale le 26 mai dernier (en 2e lecture) et doit faire l’objet d’une nouvelle lecture au Sénat en séance publique le 30 juin prochain.
La commission des affaires économiques est notamment fortement impliquée dans l’examen de ce projet de loi et son président, Jean-Claude Lenoir (UMP) a rappelé hier qu’il entendait défendre, à cette occasion ainsi que lors des discussions autour de la COP21, 4 grandes thématiques :
- le maintien et le développement de l’énergie nucléaire (sans arrêt de réacteurs et en intensifiant les travaux de recherche) ;
- le soutien au bois énergie et plus généralement à la biomasse qui présente selon lui davantage de points forts que l’éolien et le solaire photovoltaïque à l’heure actuelle (tout en plaçant le stockage de l’électricité intermittente parmi les enjeux prioritaires) ;
- la poursuite de la rénovation énergétique des bâtiments ;
- un réajustement progressif de la fiscalité du diesel par rapport à l’essence afin de ne pas perturber brutalement l’industrie automobile et le soutien au développement de véhicules faiblement consommateurs et faiblement émetteurs de gaz à effet de serre.
Hervé Mourey a esquissé hier en conclusion les contours d’une COP21 « idéale » : l’atteinte d’un accord juridiquement contraignant de portée universelle permettant de limiter le réchauffement climatique à 2°C(8) et précisant les conditions de financement ainsi que les moyens engagés par pays. Dans les faits, il s’est toutefois dit conscient (comme les négociateurs) que toutes ces conditions ne seront pas réunies. Jérôme Bignon a d’ailleurs rappelé que la nature juridiquement contraignante de l’accord était très hypothétique, notamment car les États-Unis ne seraient pas en mesure de le ratifier, avec un Congrès à majorité républicaine.
L'AIE précise les conditions d’un succès (16 juin 2015)
L’AIE (Agence internationale de l’énergie) a publié le 15 juin un rapport spécial dédié à l’énergie et au changement climatique en vue de la COP21. Elle y fait un état des lieux et émet ses recommandations pour atteindre les objectifs annoncés de la Conférence Climat.
Un objectif de 2°C inatteignable en l’état
Pour rappel, la COP21 vise à conclure un accord global qui permettrait de limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici à 2100 par rapport aux températures de l’ère pré-industrielle. Cet objectif implique une réduction drastique des émissions anthropiques de gaz à effet de serre dont près des deux tiers sont actuellement générés par des opérations de transformation d’énergie (35,5 milliards de tonnes équivalent CO2 en 2013(1)).
Or, sur la base des premières contributions nationales (« INDC ») déposées et des politiques énergétiques nationales annoncées, l’AIE estime que l’augmentation moyenne de la température pourrait atteindre 2,6°C d’ici à 2100 et 3,5°C d’ici à 2200. Le « budget carbone » qui permettrait de limiter le réchauffement à 2°C (avec une probabilité de 50%) serait consommé dès 2040 selon l’AIE.
Un scénario pour limiter le réchauffement climatique à 2°C
Dans ces conditions, l’AIE présente un scénario dit « Bridge » qui permettrait de répondre aux attentes de la COP21 en atteignant un pic des émissions mondiales liées à l’énergie aux environs de 2020. Ce scénario repose sur 5 mesures :
- une augmentation de l’efficacité énergétique dans les bâtiments, les transports et l’industrie ;
- la réduction de l’exploitation de centrales à charbon fortement émettrices et l’interdiction d’en construire de nouvelles ;
- l’augmentation des investissements dans les énergies renouvelables dans le secteur électrique, à hauteur de 400 milliards de dollars en 2030 (contre 270 milliards en 2014) ;
- la suppression progressive des subventions aux énergies fossiles d’ici à 2030 ;
- la réduction des émissions de méthane lors de la production de pétrole et de gaz naturel, incluant le torchage (cette mesure et la précédente concernent en particulier l’Afrique et le Moyen-Orient.
L’AIE recommande par ailleurs d’adopter lors de la COP21 un mécanisme permettant de réviser les objectifs de réduction tous les 5 ans, de traduire l’objectif des 2°C en sous-objectifs (qui permettent de mieux visualiser le « budget carbone » disponible) et de préciser les outils permettant un réel suivi de l’avancement de ces derniers.
Des signes encourageants
L’AIE note que les émissions de CO2 issues du secteur énergétique en 2014 sont restées constantes pour la première fois depuis au moins 40 ans, hors situation de crise économique. Cela est principalement dû à une forte diminution de l’intensité énergétique (-2,3% en 2014, soit près du double des baisses observées lors de la dernière décennie).
L’Agence salue par ailleurs la volonté de l’Union européenne de réformer son marché carbone et la diminution récente des subventions versées aux combustibles fossiles dans un certain nombre de pays (Inde, Indonésie, Malaisie, Thaïlande) dans le contexte de la baisse des prix du pétrole.
La Chine dépose officiellement sa contribution (1er juillet 2015)
La Chine a remis fin juin 2015 aux Nations Unies sa contribution pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES), dans la perspective de la COP21. Le premier émetteur mondial de GES y précise l’évolution possible de son mix énergétique et y rappelle ses ambitions dans le domaine des technologies bas-carbone.
La Chine, qui se présente encore comme un « pays en cours de développement », a rappelé qu’elle faisait partie des pays les plus sérieusement touchés par les impacts du changement climatique. Ici, la ville de Shanghaï de nuit. (©EDF-Liufuyu)
Engagements de la Chine
La Chine énonce principalement 3 grands objectifs liés à l’énergie dans sa contribution, dite « INDC » (pour « Intended Nationally Determined Contribution ») :
- atteindre le pic de ses émissions de CO2 aux environs de 2030 et faire le maximum pour atteindre ce pic plus tôt ;
- réduire les émissions de CO2 par unité de PIB de 60% à 65% d’ici 2030 par rapport à 2005 (elles ont déjà été réduites de 33,8% en 2014 par rapport à 2005) ;
- augmenter la part des énergies non fossiles (renouvelables et nucléaire) pour que celles-ci comptent pour environ 20% de la consommation d’énergie primaire en 2030 (contre 11,2% en 2014).
La Chine confirme ainsi ses annonces de novembre 2014. Le pays se fixe comme objectif complémentaire d’augmenter le volume de son stock forestier de 4,5 milliards de m3 par rapport au niveau de 2005 pour absorber le dioxyde de carbone.
Notons que 3 autres pays ont également déposé hier leurs INDC auprès des Nations Unies. Cela porte le total des signataires de la CCNUCC (Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques) ayant remis leurs contributions à 44 sur les 196 Parties de la CCNUCC. Pour rappel, la date limite de dépôt des contributions est fixée à fin octobre 2015, soit près d’un mois avant la Conférence Climat à Paris (30 novembre-11 décembre).
Origine des émissions chinoises
Selon les dernières données prises en compte par les Nations Unies (portant sur l’année 2012), les émissions chinoises de GES liées à la combustion d’énergie atteignent 8 205,9 millions de tonnes équivalent CO2 (CO2e), soit plus d’un quart du total mondial.
Ces émissions sont dues à près de 82% à la combustion de charbon (dont les émissions ont été multipliées par 2,5 entre 2000 et 2012). Pour rappel, le charbon compte encore pour 68% de l’énergie primaire consommée par la Chine en 2012. La Chine est le principal producteur et consommateur mondial de charbon depuis le début des années 1980.
Notons toutefois que la production et la consommation chinoise de charbon auraient baissé de près de 3% en 2014, ce qui constitue la première baisse depuis 14 ans. Cette évolution est susceptible de permettre l’atteinte d’un pic des émissions de GES avant 2030 selon un rapport récent de l’économiste Nicholas Stern.
Précisons également que les émissions chinoises doivent être analysées au regard de la population du pays : avec plus de 1,3 milliard de personnes, le pays ne se situe qu’en 48e position en matière d’émissions de GES par habitant (6,1 tonnes de CO2e par personne).
Évolution envisagée du mix énergétique chinois
La Chine annonce vouloir accélérer la transformation de son système énergétique en faisant évoluer son mix et en poursuivant ses efforts pour augmenter l’efficacité énergétique et développer les technologies bas-carbone. Le pays a déjà adopté plusieurs plans allant dans ce sens comme le programme national sur le changement climatique portant sur la période 2014-2020. Ses actions portent sur de nombreuses problématiques liées à l’énergie : mise en place de marchés carbone dans 7 provinces, investissements dans les smart grids, réduction du torchage, etc.
L’attention se porte aujourd’hui naturellement sur la consommation de charbon. La Chine dit vouloir « contrôler » cette dernière et avoir davantage recours au « charbon propre » en modernisant les centrales et en les associant à des systèmes de capture du CO2. Concrètement, la Chine annonce vouloir baisser les émissions de GES dans les nouvelles centrales à charbon à un niveau de 300 g de CO2e par kWh. Le pays souhaite parallèlement augmenter la part du gaz naturel qui pourrait satisfaire 10% de la consommation chinoise d’énergie primaire d’ici à 2020 (contre 4,2% en 2012).
Dans le domaine des énergies décarbonées, la Chine annonce vouloir développer toutes les filières en s’appuyant en particulier sur l’hydroélectricité (2,6% de la consommation d’énergie primaire en 2012). Le parc hydroélectrique chinois a une puissance installée de près de 300 GW en 2014, soit plus du double des parcs éolien, solaire et nucléaire cumulés. Les barrages hydrauliques présentent en outre un meilleur facteur de charge que les unités de production renouvelables intermittentes, à savoir les éoliennes et fermes solaires.
Les attentes de la Chine au sujet de la COP21 ne sont pas feintes. Le premier ministre chinois Li Keqiang l’a réaffirmé hier à Paris alors qu’il rencontrait François Hollande, à l’heure de la remise de la contribution chinoise. Le pays a développé des industries compétitives dans les énergies décarbonées et les technologies bas-carbone et, outre ses problèmes d’ordre environnemental, voient un réel intérêt économique dans une « transition écologique » mondiale.
Au tour du Japon de confirmer ses engagements (21 juillet 2015)
Après entre autres l’Union européenne, les États-Unis et la Chine, le Japon a officiellement déposé sa contribution fin juillet 2015 auprès des Nations Unies, en vue de la COP21. Les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) du pays sont conformes aux précédentes annonces du gouvernement nippon.
Les engagements du Japon
Le Japon s’est formellement engagé à réduire ses émissions de GES de 26% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2013, soit d’environ 25,4% par rapport à 2005 (année souvent prise comme référence avec 1990). Cela correspondrait à un niveau d’émissions d’environ 1,04 milliard de tonnes d’équivalent CO2 en 2030.
Près de 91,5% des émissions japonaises de GES proviennent du secteur énergétique. Selon les Nations Unies, le Japon se place en 5e position des pays émettant le plus de GES dus à la combustion de ressources fossiles. Précisons toutefois qu’il se trouve à la 23e place dès lors que ces émissions sont rapportées à la population (127,3 millions d’habitants).
Le gouvernement japonais avait déjà annoncé ces objectifs fin avril 2015 et suscité à l’époque une forte déception de la part de ses partenaires européens. Après son désengagement du prolongement du Protocole de Kyoto portant sur la période 2013-2020, le Japon n’apparaît pas comme un pays leader dans la lutte contre le changement climatique.
Une ambition modérée par l’accident de Fukushima
Le Japon présente une intensité énergétique (consommation d’énergie par point de PIB) parmi les plus faibles au monde. Le pays a su réaliser des économies d’énergie drastiques dans « l’après-Fukushima Daiichi ». La politique énergétique et climatique du pays est toutefois encore profondément perturbée par cet accident (dû à l’inondation de son alimentation électrique).
En juin 2010, le « Plan stratégique énergie » du Japon prévoyait en effet de faire passer la part du nucléaire dans le mix électrique national de 29% à 50% entre 2010 et 2030. Suite à l’accident de Fukushima Daiichi cet objectif s’est mué en 2012 en une sortie du nucléaire avant 2040.
L’avenir du nucléaire est aujourd’hui encore en suspens au Japon (avec 43 réacteurs « opérationnels » à l’arrêt selon l’AIEA) bien que le gouvernement envisage une reprise de la production de cette filière, parallèlement au développement des énergies renouvelables. En 2030, la part du nucléaire dans le mix électrique japonais pourrait atteindre 20 à 22% pour diminuer la dépendance énergétique du pays et privilégier une énergie décarbonée pour accompagner le développement des renouvelables.
Le Japon est le 47e « Partie » (46 pays et l’Union européenne) sur les 196 signataires de la CCNUCC (Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques) à déposer sa contribution dans la perspective de la COP21 (depuis, les îles Marshall ont déposé leur « INDC »). Rappelons que la date limite de dépôt des contributions est fixée au 31 octobre 2015. Hier et aujourd’hui se tient à Paris une réunion ministérielle informelle pour chercher des « compromis » en vue de la COP21.
Monaco, un petit État aux grandes ambitions ? (28 août 2015)
Parmi les contributions nationales déposées durant l'été 2015 auprès des Nations Unies en vue de la COP21 figure celle d’une cité-État de seulement 37 000 habitants : Monaco. Quels sont les objectifs de la principauté et comment compte-t-elle les atteindre ?
Plus ambitieuse que l’Union européenne ?
Bien qu’elle ne mesure que 203 hectares, la cité-État de Monaco rappelle qu’elle n’a manqué aucun des grands sommets climatiques. En réduisant ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 13,18% sur la période 2008 à 2012 par rapport au niveau de 1990, elle avait largement dépassé son objectif fixé par le protocole de Kyoto (-8%). Elle s’est depuis fixé un objectif de réduction à 22% sur la période 2013-2020 (dans le cadre de la prolongation du protocole dite « Kyoto 2 »).
En vue de la Conférence Climat de Paris, Monaco s’engage aujourd’hui à réduire ses émissions de GES de 50% en 2030, toujours par rapport à l’année de référence 1990. Cet objectif est légèrement plus élevé que celui de l’Union européenne qui a opté pour une cible de 40%. Tout comme les États membres, Monaco entend par ailleurs améliorer de 20% son efficacité énergétique et porter à 20% la part des énergies renouvelables dans sa consommation d’énergie finale à l’horizon 2020. A plus long terme, Monaco vise le « facteur 4 », c’est-à-dire la réduction par 4 de ses émissions de GES entre 1990 et 2050.
D’où viennent les émissions monégasques de GES ?
Les émissions monégasques de GES proviennent principalement de 3 secteurs qui comptent chacun pour environ 30% de leur total :
- le transport routier : les deux tiers des 156 000 déplacements quotidiens entre la principauté et l’extérieur sont réalisés par voiture particulière ou deux-roues motorisés. En ce qui concerne la mobilité interne de Monaco, la part des transports en commun a augmenté depuis 2008 au détriment de celle des voitures mais l’usage de l’automobile a légèrement progressé en valeur absolue en raison de l’augmentation du nombre de résidents ;
- la valorisation énergétique des déchets : Monaco dispose d’une unité de tri-génération (production d’électricité, de chaleur et de froid) depuis 1983 qui incinère près de 55 000 tonnes de déchets par an et traite également des boues issues de l’épuration d’eaux usées. Des travaux ont été effectués en 2005-2006 pour améliorer la combustion des trois chaudières d’incinération ;
- les bâtiments (chauffage-climatisation).
Quelles sont les principales actions envisagées par Monaco ?
Monaco entend promouvoir les nouveaux services de mobilité (covoiturage, autopartage, etc.) et susciter davantage l’intérêt pour les transports en commun, la marche ou encore les vélos à assistance électrique (la principauté en propose en libre-service). Le parc automobile de la principauté ne compte aujourd’hui que 2,57% de véhicules électriques et hybrides mais le gouvernement mise également sur le développement de ces véhicules comme l’atteste le système Mobee qui met à disposition 21 véhicules en libre-service dans Monaco.
L’électricité compte pour environ la moitié de l’énergie consommée à Monaco. Elle est importée à près de 90% de France, les 10% restants provenant essentiellement de l’unité de tri-génération. Cette dernière doit être remplacée d’ici à 2017 par une unité de traitement au meilleur rendement et aux émissions de GES réduites. Parallèlement, Monaco soutient activement le développement des installations photovoltaïques avec des tarifs de rachat incitatifs garantis sur 15 ans.
Dans sa déclaration officielle, Monaco annonce avoir vu sa température s’élever d’environ 1,5°C au cours des 45 dernières années. La principauté a lancé une étude de vulnérabilité face aux changements climatiques qui devrait être finalisée d’ici à fin 2015 et lui permettre de mettre en place un plan d’adaptation.
Monaco se présente aujourd’hui comme un acteur précurseur dans le développement des modes de déplacement et de consommation innovants et entend peser lors des futures négociations « malgré une faible responsabilité dans les émissions globales ». Il s’agit du 50e État à avoir déposé ses objectifs d’engagements auprès des Nations Unies. Pour rappel, les autres pays ont jusqu’à fin octobre pour remettre leurs contributions nationales.
La COP21, « c’est maintenant ! » (10 septembre 2015)
Près de 3 mois avant le début de la COP21, une cérémonie de mobilisation en vue du rendez-vous climatique s'était tenue le 10 septembre 2015 à l’Elysée en présence de 400 invités (élus, chefs d’entreprises, représentants d’ONG, artistes, etc.).
« Il y a un risque majeur que nous échouions » a déclaré hier François Hollande qui affirme « combattre l’insouciance ». (©Maël Dancette)
Les mots d’ordre de la COP21 : « urgence » et « exemplarité »
En préambule de la cérémonie du 10 septembre, le Premier ministre Manuel Valls a officialisé l’arrêt des subventions de la France aux exportations de centrales à charbon non dotées de dispositif de capture et de stockage de CO2. Ces crédits à l’export concernent le groupe Alstom qui pourrait toutefois continuer à percevoir ces aides si elles sont réorientées vers les énergies renouvelables selon la ministre Ségolène Royal. Outre cette annonce attendue(1), les personnalités pilotant la COP21 (qualifiées d’ « équipe de France ») ont surtout cherché à donner un plus grand écho à leurs messages.
Tous ont insisté sur le caractère « vital » de cette conférence et sur l’urgence d’un accord « universel, durable et contraignant » pour réduire drastiquement les émissions anthropiques de gaz à effet de serre. Des scientifiques, directeurs d’entreprises et membres de la société civile sont également intervenus afin d’appuyer ce message. Parmi les motifs d’encouragement, Laurence Tubiana, représentante spéciale pour la COP21, a fait état d’une réelle perception des risques de la part des négociateurs et d’une maturité des solutions existantes (en matière d’efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables) par rapport à l’échec du sommet de Copenhague de 2009 (COP15).
Évoquant « progrès » et « inquiétudes », François Hollande a insisté sur le fait que le financement du Fonds vert (100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour les pays les plus vulnérables face aux dérèglements climatiques) constituait l’autre enjeu central de la COP21.
L’accent a également porté sur le caractère exemplaire de l’évènement lui-même : une conférence éco-responsable tant sur le site (peu de plastique utilisé, usage de papier 100% recyclé, approvisionnement local pour la restauration, etc.) que pour s’y rendre (transports en commun existants privilégiés pour acheminer les délégations jusqu’au site Paris-Le Bourget, flotte de 200 véhicules électriques mise à disposition). Pour rappel, le budget annoncé de la COP21 est de 170 millions d’euros (avec un objectif - encore non atteint - de 15% à 20% financé par le mécénat d’entreprise). Outre ces dépenses publiques, il est attendu de cette conférence environ 100 millions d’euros de retombées économiques pour la région Ile-de-France(2).
Les membres de l’équipe de France sont tous intervenus au cours de cette matinée. Parmi eux, Pierre-Henri Guignard est chargé de l’organisation logistique en tant que Secrétaire général de la COP21. (©Présidence de la République)
Le site de la COP21 : Paris-Le Bourget
La COP21 est un événement logistique exceptionnel par son ampleur qui aura lieu au Bourget en raison de sa proximité de Paris et de sa capacité d’accueil (18 hectares).
Le site dédié de 180 000 m2 sera découpé en 3 grands espaces :
- le Centre de conférence, centre névralgique de la COP21 dédié aux négociations qui accueillera 10 000 délégués représentant les 195 pays et l’Union européenne, 10 000 représentants des ONG et près de 3 000 journalistes. Cet espace sera géré par les Nations Unies et comprendra entre autres les deux grandes salles plénières où sera conclu l’accord final (capacité d’accueil de 2 000 et 1 300 personnes), 32 salles de négociations pour les discussions en amont et un centre de presse ;
- les Espaces Générations Climat dédiés à la société civile et où il est prévu d’accueillir près de 20 000 personnes ;
- la Galerie, espace d’exposition des initiatives concrètes des entreprises.
Les 3 espaces du site de la COP21 (©Présidence de la République)
Les grandes échéances d’ici la COP21
Parmi les principaux événements d’ici la COP21, signalons :
- l’Assemblée générale des Nations Unies à New York (15-28 septembre). François Hollande souhaite y défendre le principe d’un « corridor carbone » tendant à terme vers une convergence des prix du CO2 au niveau international lors du sommet dédié aux objectifs de développement durable (25-27 septembre) ;
- les assemblées d’automne de la Banque mondiale et du FMI à Lima (9-11 octobre). Un pré-accord sur le financement des politiques climatiques y est attendu. François Hollande s’est engagé à être, à cette occasion, « à l’initiative » pour parvenir à la mise en place d’une taxe européenne sur les transactions financières ;
- la 4e session de négociations du texte de la COP21 à Bonn (19-23 octobre) ;
- une « pré-COP » (première quinzaine de novembre) afin de mieux préparer les négociations finales de la Conférence de fin d’année, point qui avait défaut à Copenhague en 2009 ;
- le sommet du G20 à Antalya en Turquie (15-16 novembre).
Clip officiel de la COP21
La Tunisie dévoile ses plans (18 septembre 2015)
Dans sa contribution nationale, la Tunisie annonce vouloir baisser son intensité carbone, c’est-à-dire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) par point de PIB, de 41% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2010. Il est précisé que les trois quarts de cet effort doivent provenir du secteur de l’énergie (dont l’intensité carbone baisserait de 46% sur la période considérée).
L’annonce d’une réduction de l’intensité carbone masque le fait que les émissions de GES de la Tunisie vont, si le pays atteint cet objectif(2), augmenter de près de 50% d’ici à 2030 (42,4 millions de tonnes équivalent CO2 contre 28,3 en 2010). Il est toutefois reconnu par les Nations Unies que la lutte contre le changement climatique ne doit pas entraver le développement économique des pays en voie de développement qui ne portent pas de « responsabilité historique » comme c’est le cas des pays développés.
La Tunisie rappelle d’ailleurs qu’elle ne compte que pour 0,07% des émissions mondiales de GES en 2010. Rapportées à la population (11 millions d’habitants en 2014), ses émissions restent près de deux fois inférieures à la moyenne mondiale.
Quid du secteur énergétique ?
Le gaz naturel satisfait 51% des besoins énergétiques de la Tunisie selon les dernières données de l’ONU portant sur l’année 2012. Le mix énergétique tunisien est très carboné, compte tenu de la part également importante du pétrole (37,2%). Les importations tunisiennes d’énergie (essentiellement du gaz naturel provenant d’Algérie) ont augmenté de plus de 125% entre 1990 et 2012. Elles atteignent désormais un niveau proche de celui de la production énergétique de la Tunisie sur son sol.
Tunis ambitionne de réduire la consommation nationale d’énergie primaire de 30% à l’horizon 2030 par rapport au scénario tendanciel (le taux de croissance démographique s’est ralenti aux alentours de 1% par an au cours de la dernière décennie). Pour y parvenir, des efforts particuliers seront portés sur les mesures d’efficacité énergétique.
Le pays souhaite par ailleurs développer les énergies renouvelables et porter leur part (éolien, solaire photovoltaïque et thermodynamique) dans son mix de production électrique à 14% en 2020 et 30% en 2030 contre seulement 4% en 2015. Cet objectif doit notamment être atteint grâce à la mise en œuvre du Plan Solaire Tunisien et permettre de réduire le recours aux centrales à gaz qui ont fourni presque 95% de l’électricité nationale en 2014. La Tunisie compte par ailleurs tripler la contribution énergétique du solaire thermique d'ici à 2030 (objectif de 220 m2 de capteurs solaires installés pour 1 000 habitants contre 73 en 2015).
Un appui international nécessaire
La Tunisie précise qu’elle baissera « de manière inconditionnelle » son intensité carbone de 13% et nécessite par ailleurs (pour les 28% restants) le soutien de la communauté internationale, principalement sous forme de financements, d’aide à la formation et de transferts technologiques. L’ensemble des besoins financiers pour mettre en œuvre sa contribution avoisine, selon les estimations tunisiennes, 18 milliards de dollars dont près de 7,9 milliards devraient être consacrés aux énergies renouvelables et 7 milliards aux mesures d’efficacité énergétique.
Précisons que la lutte contre les dérèglements climatiques constitue un enjeu sensible pour la Tunisie qui est déjà en situation de stress hydrique et craint une augmentation de la température annuelle du pays de 2,1°C d’ici à 2050. Cette problématique climatique figure d'ailleurs dans la nouvelle constitution adoptée par la Tunisie en janvier 2014.
Le Brésil dévoile ses ambitions (30 septembre 2015)
Le Brésil a émis près de 2,19 milliards de tonnes d’équivalent CO2 (Gt CO2 e) en 2005, année de référence de son « iNDC » (pour « intended Nationnally Determined Contribution »). D’ici à 2025, le pays s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 37% par rapport à ce niveau, soit une réduction modeste de 6% par rapport à l’année 1990, année souvent prise comme référence par d’autres pays plus industrialisés. La contribution déposée précise, à titre indicatif, que cet objectif devrait lui permettre de réduire ses émissions de 43% d’ici à 2030 par rapport à 2005.
Le Brésil rappelle qu’il est un pays en cours de développement pour souligner le caractère ambitieux de son objectif. Cet effort est davantage perceptible lorsqu’il est exprimé en matière d’intensité carbone, c’est-à-dire en émissions de gaz à effet de serre par point de PIB : celle-ci devrait baisser d’environ 66% d’ici à 2025 et de 75% en 2030 par rapport à son niveau en 2005. Récemment, la Tunisie a exprimé ses objectifs dans le cadre de la COP21 en matière d’intensité carbone, visant une réduction de celle-ci de 41% entre 2010 et 2030.
Le mix énergétique du Brésil
Le pétrole est la principale source d’énergie du Brésil : il compte pour 41,5% dans la consommation d’énergie finale du pays en 2012 selon les dernières données disponibles de l’AIE. Bien que le pays dispose d’immenses réserves dans des pré-salifères (gisements offshore très profonds situés sous une épaisse couche de sel), la production nationale reste à l’heure actuelle limitée à près de 2,3 millions de barils par jour en 2014 (soit tout de même 2,6% de la production pétrolière mondiale).
Les énergies renouvelables satisfont quant à elles un peu plus de 40% des besoins énergétiques du Brésil et elles comptent pour plus de 75% du mix de production électrique national, principalement en raison de l’importance de l’hydroélectricité (le Brésil est le deuxième producteur hydroélectrique au monde derrière la Chine). Le Brésil est également le deuxième producteur mondial de bioéthanol (après les États-Unis). Il dispose enfin de 2 réacteurs nucléaires qui fournissent environ 2,9% de la production électrique annuelle du pays.
En matière d’émissions de gaz à effet de serre due à la combustion d’énergie par habitant, le Brésil se situerait au 87e rang selon les Nations Unies avec 2,2 tonnes d’équivalent CO2 émis par habitant. Notons que l’AIE, avait postulé dans son World Energy Outlook de 2013, une hausse de la demande brésilienne en énergie primaire de 80% et un doublement de la demande d’électricité d’ici à 2035.
Une orientation maintenue sur les renouvelables
Le Brésil finalise actuellement son Plan d’adaptation national sur le climat alors que sa vulnérabilité aux variations météorologiques a été mise en évidence l’an dernier par la baisse de la pluviométrie (la sécheresse de 2014, la plus grave ayant touché le payé depuis 84 ans, a pesé sur la production hydroélectrique nationale).
Parmi ses objectifs énergétiques, le Brésil envisage de porter la part des énergies renouvelables (EnR) dans son mix énergétique de consommation à 45% à l’horizon 2030 : cela passera par le développement des EnR hors hydroélectricité (biocarburants, éolien, solaire, etc.) dont la part pourrait être portée entre 28% et 33% en 2030. La part des seuls biocarburants pourrait être de 18% à cet horizon si le pays réussit à poursuivre leur développement en incluant les biocarburants dits de « deuxième génération » (matières cellulosiques telles que le bois, les feuilles et les tiges des plantes, etc.). Dans le secteur électrique, une augmentation de 10% de l’efficacité énergétique est envisagée d’ici à 2030.
Rappelons que le pays doit par ailleurs faire face à de nombreuses problématiques sociales, entre autres dues à sa rapide urbanisation : l’accès à l’énergie ou à la santé, l’emploi et surtout l’éradication de la pauvreté : 15,5 millions de personnes vivaient encore en 2013 sous le seuil de pauvreté dans le pays et 6,2 sous le seuil d’extrême pauvreté.
« Osez » : un appel et un clip vidéo de Nicolas Hulot (8 octobre 2015)
Nicolas Hulot avait diffusé un clip décalé pour faire connaître les enjeux de la conférence internationale sur le climat fin 2015 à Paris (COP21) qui figurait, vingt-quatre heures après sa mise en ligne, parmi les vidéos les plus regardées sur YouTube et Facebook.
Cette vidéo de cinq minutes, dans laquelle le militant écologiste apparaît au côté des humoristes français parmi les plus populaires sur internet, avait été vue plus de 650 000 fois sur YouTube après quelques heures et près de 4 millions de fois sur la page Facebook de la Fondation Hulot.
"Le succès est tel depuis hier que notre serveur a du mal à suivre et nous nous en excusons", a indiqué à l'AFP Matthieu Orphelin. Les internautes sont invités dans ce clip et sur la page à signer la pétition "Chefs d'Etat, osez" pour exiger un accord mondial ambitieux sur le climat fin 2015 à Paris.
Sur YouTube, "Break the internet - Nicolas Hulot" figurait jeudi à la 2e place des clips les plus populaires de la chaîne, derrière "Générateur de WTF" réalisé par Squezzie, lui vu plus d'1,4 million de fois, également en un jour. En 3e position arrivait une vidéo signée du même Squezzie et de Cyprien, un autre humoriste star sur YouTube, avec plus de 540 000 vues en 24 heures pour "The Nathan drake collection" .
Des jeunes talents du collectif Golden Moustache et d'autres figures très populaires sur internet (Studio Bagel, Madmoizelle, etc.) ont réalisé ce clip pour sensibiliser les jeunes aux enjeux climatiques. "Les jeunes seront les bénéficiaires ou les victimes d'un échec ou d'une réussite à Paris et même s'ils n'ont pas provoqué cette situation, s'ils ont quotidiennement des difficultés concrètes, il ne faut pas qu'ils se tiennent à distance des enjeux sur le climat", a expliqué à l'AFP Nicolas Hulot.
La vidéo s'appuie beaucoup sur le décalage entre le discours classique d'un défenseur de l'environnement et le ton des vidéos humoristiques qui font un tabac parmi les jeunes. "Ils ont leurs codes, leurs modes d'expression, leurs référents, c'est pour cela que je me suis prêté au jeu", a confié celui qui est conseiller spécial de François Hollande pour la protection de la planète.
Au moins 80 chefs d'État attendus à Paris le premier jour de la COP21 (27 octobre 2015)
Au moins 80 chefs d'Etat et de gouvernement, dont l'Américain Barack Obama, le Chinois Xi Jinping et l'Indien Narendra Modi viendront à Paris pour le premier jour de la conférence climat (COP21), selon Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères français.
"Pour la journée du 30 novembre avec les chefs d'Etat et de gouvernement, nous avons déjà reçu 80 réponses positives dont le président des États-Unis, de la Chine, le Premier ministre indien, ainsi que le président de l'Afrique du Sud et du Brésil et le Premier ministre du Canada", a déclaré à la presse Laurent Fabius. Il a précisé que les leaders européens "seraient également présents".
"Nous avons pris avec François Hollande la décision d'inviter les chefs d'État le premier jour, et pas à la fin comme cela avait été le cas à Copenhague car cela avait eu deux conséquences : les négociateurs avaient attendu les chefs d'État pour négocier et les chefs d'État n'avaient rien résolu", a expliqué Laurent Fabius.
"D'où l'idée d'avoir en début de COP, une impulsion des responsables politiques", a-t-il ajouté. Pour préparer ce grand-rendez vous, qui doit conclure plusieurs années de négociations internationales, une pré-COP était prévue du 8 au 10 novembre à Paris au niveau ministériel. "Ce sera un moment important", a assuré M. Fabius, indiquant qu'il y aurait plus de 80 ministres présents pour ces discussions visant à "avancer sur la voie du compromis".
Pour les Fidji, la COP21 risque de n'être que « du vent » (29 octobre 2015)
La conférence de Paris sur le climat (COP21) risque de n'être que "du vent", par manque de volonté de nombreux pays industrialisés, estimait fin octobre 2015 le Premier ministre des Fidji, un archipel qui subit déjà les ravages du réchauffement climatique.
"J'attends encore de voir, chez de nombreux pays industrialisés, la volonté politique nécessaire pour faire face à leurs obligations vis-à-vis de l'Humanité", a déclaré Voreqe Bainimarama lors d'une conférence sur le climat à Suva. "Je crains vraiment que la COP21 ne soit que du vent", a-t-il ajouté. "Je n'irai pas à Paris en arborant le gentil sourire habituel du Pacifique", a-t-il averti. "Avec les autres dirigeants insulaires, je veillerai à rappeler les nations industrialisées à leurs obligations."
"Si le monde n'agit pas de façon décisive dans les prochaines semaines pour commencer à faire face au plus grand défi de notre époque, alors le Pacifique, tel que nous le connaissons, est condamné", a dit M. Bainimarama. "Condamné à souffrir des conséquences les plus négatives de la hausse des températures provoquée par la hausse des émissions de carbone qui ont accompagné le développement industriel."
Si certains Etats insulaires risquent d'être submergés par l'élévation annoncée du niveau des océans liée au réchauffement climatique, les îles Fidji souffrent déjà, elles, d'une érosion de leur littoral, de la perte de terres arables et du renforcement des tempêtes tropicales.
M. Bainimarama a également souligné le problème posé par la position ultraconservatrice de l'Australie en matière de climat. Il a appelé son homologue australien Malcolm Turnbull - un ancien ministre de l'Environnement - à ne plus écouter les faucons qui ont déterminé la politique climato-sceptique de son prédécesseur. "Rejoignez-nous contre les défenseurs du charbon et les climato-sceptiques de votre gouvernement", a imploré M. Bainimarama. "Vous avez montré par le passé de la détermination sur cette question. Maintenant que vous êtes Premier ministre, faites de même!"
Quelques faits et déclarations marquantes avant le début de la COP21
- Le président François Hollande aurait « préféré » que les Verts soient encore au sein du gouvernement, indique-t-il avant le début de la COP21 dans une interview à L'Express : « Sur un plan politique, j'aurais préféré qu'il y ait des écologistes au gouvernement au moment où se tenait la COP21 [...] Mais j'ai veillé à travailler avec toutes les forces et toutes les personnalités ».
- L'Assemblée nationale a voté fin novembre 2015 une résolution transpartisane en faveur d'une société bas carbone. « Nous n'avons pas la prétention d'écrire les termes de l'accord » auquel va tenter de parvenir la communauté internationale lors de la COP21, mais de « guider demain l'action du gouvernement », a déclaré lors d'une conférence de presse Jean-Paul Chanteguet, président (PS) de la commission du Développement durable de l'Assemblée et auteur de la résolution cosignée par les socialistes, des députés écologistes, UDI et radicaux de gauche.
- Le magazine hebdomadaire féminin ELLE avait publié, à l'occasion du lancement de la COP21, un numéro tout rond à l'image de notre planète. Ce numéro spécial dresse le portrait d'une vingtaine de femmes auxquelles la planète peut "dire merci" car elles s'engagent à leur façon "pour rendre le monde meilleur".
- La COP21 a été organisé dans un contexte de forte inquiétude autour des attaques terroristes. Le président français François Hollande avait toutefois annoncé en marge du sommet du Commonwealth à Malte que la COP21 ne serait "pas une réunion internationale sur le terrorisme", même si les deux thématiques étaient liées. "Il ne faut pas changer la nature de la conférence", a-t-il insisté, tout en reconnaissant que la plupart des 150 chefs d'Etat présents auraient à coeur de rendre hommage aux 130 victimes des attentats du 13 novembre 2015. "L'homme est le plus grand ennemi de l'homme, nous le voyons pour le terrorisme mais nous pouvons aussi le dire pour le climat".
- La Tour Eiffel s'est habillée de reflets verts fin novembre à l'occasion de la COP21, avec le lancement d'une œuvre artistique visant à faire pousser des arbres virtuels sur le monument parisien tout en finançant des opérations de reforestation. Cette opération "1 Heart 1 Tree", lancée en présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, du chef indien Raoni, de Nicolas Hulot ou encore l'actrice Marion Cotillard, doit colorer en vert le célèbre monument jusqu'à vendredi.
- L'optimisme n'était pas de mise avant le début de la COP21 : la Conférence Climat n'aboutira pour 72% de Français qu'à "un accord de façade" permettant de réduire "seulement dans une certaine mesure" les émissions de gaz à effet de serre, selon un sondage paru dans Dimanche Ouest France (DOF). Dans le même temps, 16% des sondés pronostiquent la conclusion d'un véritable accord qui permettra de réduire "significativement" les émissions de gaz à effet de serre tandis que 12% n'attendent "strictement aucun accord" à l'issue de la conférence.
- Les participants à la COP21 seront invités à... croquer la Tour Eiffel, naturellement dessinée sur des pommes qui leur seront offertes pour souligner l'urgence de contenir le réchauffement climatique. Ces pommes d'un beau rouge, cultivées près de Metz, seront offertes pour souligner que, si l'on ne parvient pas à un accord sur le climat, on ne sait pas "s'il y aura encore des pommes en France" dans les années à venir, indique-t-on au Conseil départemental de la Moselle, à l'origine du projet.