Banc d’ensoleillement artificiel pour tester les performances de capteurs solaires thermiques (©P.Avavian/CEA)
Définition et catégories
Un système solaire thermique exploite le rayonnement du Soleil afin de le transformer directement en chaleur (énergie calorifique).
On distingue trois types de technologies permettant d'exploiter l'énergie solaire thermique :
La technologie solaire thermique à basse température
- La technologie solaire « active » : traditionnellement, ce terme désigne les applications à basse et moyenne température. Des capteurs solaires thermiques sont installés sur les toits des bâtiments. Un capteur solaire thermique est un dispositif conçu pour recueillir l'énergie provenant du Soleil et la transmettre à un fluide caloporteur. La chaleur est ensuite utilisée afin de produire de l'eau chaude sanitaire ou bien encore chauffer des locaux.
- La technologie solaire « passive » : toujours dans le domaine de la basse température, on peut également citer les installations solaires passives. Par opposition aux applications précédentes, celles-ci ne requièrent pas de composants dits actifs (les capteurs solaires). Ces applications reposent sur des concepts de génie civil et climatique impliquant une architecture adaptée et l’emploi de matériaux spéciaux. L’utilisation passive de l’énergie du Soleil permet de chauffer, d’éclairer ou de climatiser des locaux.
Les installations solaires thermiques pourraient satisfaire jusqu’à 70% des besoins en eau chaude sanitaire et 50% des besoins en chauffage d’un foyer, dans une zone disposant d’un bon rayonnement solaire. Les rendements de ces installations sont de l'ordre de 30 à 40%, soit une productivité annuelle moyenne de 300 à 600 kWh/m2 de capteurs thermiques.
La technologie solaire thermique à haute température
- La technologie solaire concentrée ou « thermodynamique » : ce procédé fournit de la chaleur haute température (de 250 à 1 000°C) par concentration du rayonnement solaire. Ce pouvoir calorifique est utilisé pour actionner des turbines à gaz ou à vapeur afin de produire de l’électricité.
Fonctionnement et applications selon le type de technologie
Les types de panneaux solaires thermiques diffèrent selon la nature du fluide caloporteur qui transporte la chaleur : de l’eau ou de l’air. Les capteurs solaires à eau sont utilisés pour le chauffage et/ou pour produire de l'eau chaude sanitaire. Dans les capteurs thermiques à air, l'air circule et s'échauffe au contact des absorbeurs. Il est ensuite ventilé dans les habitats pour le chauffage.
Les capteurs solaires peuvent également se différencier par leur structure :
- les capteurs plans non vitrés : leur structure est assez simple, puisque composée d’un réseau de tubes plastiques noirs où circule le fluide caloporteur. Ils sont utilisés essentiellement pour le chauffage de l'eau des piscines en été ;
- les capteurs plans vitrés : le fluide caloporteur, très souvent de l’eau mélangée à un antigel, passe dans un circuit en serpentin placé derrière une vitre ;
- les capteurs à tubes sous vides : le fluide caloporteur circule à l'intérieur d'un double tube sous vide. Le principe est le même que pour les capteurs plans vitrés, l’isolation étant simplement assurée par l’absence de molécules d’air (sous vide).
La technologie solaire thermique active
Voici quelques exemples d’applications des techniques d’exploitation active de l’énergie solaire.
Le chauffe-eau solaire
Un chauffe-eau solaire fonctionne selon un principe simple : l'’énergie du rayonnement solaire est absorbée par des capteurs plans fonctionnant selon le principe de l’effet de serre. La chaleur emmagasinée est ensuite transportée au sein d’un circuit « primaire » contenant un mélange caloporteur d'eau et d'antigel.
Grâce à un échangeur thermique, le liquide caloporteur contenu dans le circuit primaire transmet son énergie thermique à de l'eau sanitaire contenue dans le réservoir (un « ballon ») d’un second circuit isolé, dit « secondaire ». Le liquide caloporteur refroidi repart ensuite vers les capteurs afin d’être réchauffé. Lorsque l’eau chauffée dans le ballon est utilisée, elle est remplacée par de l'eau froide du réseau, réchauffée selon le même principe.
La chaleur du rayonnement solaire peut aussi être utilisée pour rafraîchir un bâtiment.
Le plancher solaire
Le plancher solaire utilise le même principe d’extraction de l’énergie thermique que le chauffe-eau. Le fluide caloporteur chauffé à 25-30 °C est ici directement injecté dans un réseau de tubes installés dans le sol des bâtiments. Cette technique éprouvée permet d’économiser jusqu’à la moitié des besoins en énergie de chauffage d’un foyer. Pour fournir un chauffage relativement constant tout au long de la journée malgré l'intermittence du rayonnement solaire, le plancher solaire utilise l'inertie thermique (la capacité de stockage énergétique temporaire) de la dalle en béton.
Le rafraîchissement solaire
Paradoxalement, la chaleur du rayonnement solaire peut aussi être utilisée pour rafraîchir un bâtiment. La technique la plus commune consiste à utiliser des capteurs solaires pour fournir de la chaleur qui est dirigée vers une machine à absorption. Cette machine dissocie, par ébullition, une solution d'eau et de bromure de lithium. Après refroidissement, la recombinaison des deux composants produit du froid, par absorption de chaleur. Le froid est ensuite distribué de manière identique à celle de la climatisation classique.
La technologie solaire thermique passive
Le bâtiment est le principal poste de dépense énergétique en France. Le secteur résidentiel-tertiaire a absorbé près de 69 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) en 2013, soit 44,8% de l’énergie totale consommée en France(1). Suivre des règles « d'architecture solaire » (également appelée « architecture bioclimatique ») permet de diminuer sensiblement les besoins de chauffage et de climatisation et donc de réaliser des économies d’énergie substantielles. L’utilisation de matériaux à haute efficacité thermique en est une composante principale.
Un bâtiment doit être considéré comme un immense capteur solaire dont on peut améliorer le rendement. Il faut prendre en considération les spécificités de son environnement local (ensoleillement, vents dominants, etc.), afin de maximiser les apports énergétiques solaires, de les stocker et de les répartir.
Le mur Trombe
Le mur Trombe est un exemple des techniques existantes permettant de mettre « passivement » à profit l’énergie solaire. Ce type de mur, parfois utilisé dans le bâtiment, a été conçu par le professeur Félix Trombe et l'architecte Jacques Michel dans les années 60, reprenant un concept breveté de la fin du XIXe siècle. C’est un mur capteur composé d'un bloc de matière à forte inertie (béton, pierre, etc.) qui accumule le rayonnement solaire du jour et le restitue pendant la nuit. Devant cette paroi, on place une vitre pour créer un effet de serre afin de chauffer l'air.
La technologie solaire thermodynamique
L’énergie solaire thermodynamique, également connue sous le nom de concentration de l'énergie solaire, utilise des miroirs ou des lentilles pour concentrer la lumière du soleil sur un petit point afin de générer de la chaleur à haute température. Cette chaleur est ensuite utilisée pour produire de la vapeur qui fait tourner une turbine, générant ainsi de l'électricité. Les centrales solaires thermodynamiques peuvent également stocker la chaleur dans des matériaux tels que les sels fondus, permettant de produire de l'électricité même lorsque le soleil ne brille pas.
Avantages et Limites
Les avantages
- L’énergie solaire est renouvelable, disponible gratuitement et disponible en quantités colossales à l’échelle humaine. De plus, et contrairement à sa variante thermodynamique, l’énergie thermique classique peut être utilisée dans les régions d’ensoleillement moyen.
- En phase d’exploitation, le processus de production de l’énergie thermique n’a pas d’impact sur l’environnement. Il n’y a pas de rejets de polluants ou de déchets.
- Les technologies de la technologie solaire thermique directe et indirecte sont simples et relativement peu coûteuses. Ce sont des technologies matures d’ores et déjà disponibles sur le marché.
- Il est possible de stocker temporairement la chaleur créée et de les restituer plus tard, pendant la nuit par exemple.
- Les installations thermiques sont adaptées à la majorité des contextes domestiques. C'est-à-dire qu’il est possible de valoriser la chaleur du rayonnement solaire dans tous les lieux, mêmes isolés, à partir du moment ou celui-ci est suffisant.
Les limites
- La production de chaleur est tributaire des saisons et des climats. De plus, des capacités de chauffage d’appoint restent nécessaires.
- Les technologies thermique à faible température ne produisent pas d’électricité, et ne peuvent par conséquent pas répondre à ces besoins (mais peuvent satisfaire des besoins de chaleur).
Le solaire thermique connaît des problèmes de développement et une croissance ralentie depuis 2008.
Production thermique
Les applications thermodynamiques industrielles sont encore naissantes, et restreintes à des pays disposant d’un potentiel solaire important..
Le coût d’une installation solaire thermique complète (capteurs, ballon, régulation, raccordements) pour une famille de 3 ou 4 personnes (équipée de 3 à 5 m2 et d’un ballon de 200 à 300 litres) peut être estimé entre 3 800 et 5 800 €, une partie de ce montant pouvant être financée par différentes aides disponibles.
Dans le monde
En 2022, la capacité de production solaire thermique est de 542 GWth. Cela représente 774 millions de mètres carrés de capteurs solaires.
La Chine et l'Allemagne ont dominé pendant longtemps ce marché, désormais mené par l'Espagne, suivie des USA. La Chine, l'Afrique du Sud et le Maroc viennent ensuite.
En Europe
Selon les estimations, près de 3 millions de mètres carrés de capteurs solaires ont été installés dans l'Union européenne en 2013, soit une puissance thermique de 2 115 MWth. La superficie totale des capteurs solaires thermiques au sein de l’Union européenne à fin 2013 est estimée à 44,8 millions de mètres carrés pour une puissance de 31 389 MWth. Cela équivaut à la surface de plus de 6 170 terrains de football.
L’Allemagne est le leader du marché européen à la fois pour le solaire thermique et photovoltaïque. Fin 2018, il existait 19,3 millions de mètres carrés de capteurs solaires en Allemagne(2).
Chypre est le pays dans le monde disposant du plus de capteurs solaires thermiques installés par habitant (0,787 m2/habitant à fin 2013).
Historique de la filière
Dès le début des années 1780, le géologue suisse H. B. de Saussure met en évidence l’effet de serre obtenu par un vitrage au-dessus d’un absorbeur dans un caisson isolé.
En 1878 c’est Augustin Mouchot, un ingénieur français, qui présente à l’Exposition Universelle un réflecteur associé à une machine à vapeur qui porte de l’eau à ébullition.
Dans les années 1970, le solaire thermique connait une phase de développement importante suite aux deux chocs pétroliers de 1973 et 1979. Néanmoins, le contre-choc pétrolier qui suit pousse les dirigeants à délaisser ces énergies alternatives au profit d’un pétrole redevenu abordable.
Dans les années 1990-2000, le retour des préoccupations environnementales et l’augmentation du prix des énergies fossiles relancent les technologies du solaire thermique.
A ce jour, ce sont les petites unités de solaire thermique qui ont été les plus développées tandis que les technologies solaires thermodynamiques industrielles destinées à produire de l’électricité devraient se déployer à plus grande échelle dans les prochaines années.
Bien qu’ayant disposé d’une nette avance, le secteur thermique connaît une croissance moins rapide que celle du secteur photovoltaïque en France et dans le monde.
Actuellement, la consommation moyenne des logements français avoisine 240 kWh/m2/an (en énergie primaire), incluant chauffage, climatisation, eau chaude et ventilation. Pour les constructions neuves, la réglementation impose désormais que toute nouveau logement consomme moins de 50 kWh/m2/an (RT 2012), seuil intermédiaire à l’ambitieux objectif du bâtiment à énergie positive (c'est-à-dire générant plus d’énergie qu’il n’en consomme).
Dans le cadre du plan de rénovation énergétique, l'objectif est de ramener la consommation des logements les plus énergivores autour de 150 kWh/m2/an.