Laurent Fabius, président de la COP21, lors de la dernière séance plénière de la Conférence Climat de Paris. (©flickr-UNclimatechange)
lundi 30 novembre 2015 : lancement de la COP21
En attendant l'ouverture officielle de la COP...
La COP21 s’ouvre officiellement ce matin. A son cortège de négociateurs, de représentants d’ONG ou de journalistes s’ajoutent aujourd’hui plus de 150 chefs d’Etat et de gouvernement dont la présence exige des dispositifs de sécurité renforcés, près de deux semaines après les attentats de Paris.
Aux alentours du Bourget, on pouvait assister ce matin à des scènes étonnantes comme ces voitures présidentielles et leurs escortes circulant seules sur l’autoroute A1 ou comme ces activistes australiennes habillées en anges, les « Climate Guardians », qui lisaient des textes devant l’entrée du site pour protester contre le manque d’engagements climatiques de leur gouvernement.
Les « Climate Guardians » australiennes devant le site de la COP21
L'appel de François Hollande
"C'est le sort de l'humanité qui est à l'ordre du jour de cette conférence. Après les attentats survenus en France, nous devons traiter l'urgence et répondre au défi terroriste, mais aussi agir pour le long terme", prévient le président de la République. François Hollande souligne que "plus de 150" chefs d'Etat seront "réunis au même moment au même endroit", pour "réaffirmer leur solidarité à l'égard de la France" et pour "prendre leurs responsabilités face au réchauffement de la planète."
"Et l'histoire jugera sévèrement les chefs d'Etat et de gouvernement si, en décembre 2015, ils ont manqué ce rendez-vous", assène François Hollande. Et d'ajouter, qu'en cas d'échec de la COP21, "Tous les pays du monde", en assumeraient la responsabilité. "Et notamment les plus gros émetteurs de CO2."
"C'est pour la jeunesse que se tient la COP21. Il s'agit de réduire le réchauffement de la planète d'ici à la fin du siècle et nous savons bien que si nous sommes au-delà de 2°C, la vie de nos enfants et de nos petits-enfants sera plus difficile et plus dangereuse, explique le chef de l'Etat français.
Conditions et « compromis » pour un succès
La COP21 a officiellement débuté ce matin en présence de 150 chefs d’État et de gouvernement. Nombre d’entre eux rappellent l’urgence d’agir et d’aboutir à un « accord ». Quelles sont aujourd’hui les conditions d’un succès de cette COP et les facteurs potentiellement bloquants ?
Un accord universel attendu. Et contraignant ?
« Aujourd’hui, la France accueille le monde entier », a débuté le Président de la République François Hollande dans son allocution d’ouverture de la COP21. Pour Laurent Fabius, président de la Conférence Climat, c’est déjà une première victoire. Ce n’est toutefois évidemment pas une fin en soi et le souvenir du sommet de Copenhague en 2009 (qui avait abouti à une déclaration d’intention de 26 pays) sonne comme un rappel à l'ordre bien que « l’urgence climatique » soit aujourd’hui, de l’avis de tous, bien mieux prise en compte par les acteurs politiques et économiques. La première condition d'un succès sera donc bien de réunir également toutes ces « Parties » autour d'un accord universel à l'issue de la COP (normalement le 11 décembre). Pour maintenir ces pays autour de la table des négociations, y compris les moins développés (jugés historiquement moins « responsables » du réchauffement), les contributions de chaque État dans la lutte contre le changement climatique reposent sur un principe d’engagements différenciés volontaires.
Reste à agir. Et un certain flou subsiste lorsqu’il est question de préciser les contours plus précis d’un succès de la COP21. Outre sa satisfaction d’intégrer les acteurs non gouvernementaux lors de cet événement, Laurent Fabius a rappelé les autres termes « consacrés » d’un accord réussi (« juste, durable ») mais aussi ceux qui pourraient faire défaut, à commencer par le fait qu’il soit « juridiquement contraignant ». Sur ce point, les États-Unis ont fait part de leur réticence : un traité devrait être approuvé à une majorité des deux tiers par le Sénat américain qui est sous contrôle des Républicains, opposés aux engagements climatiques de Barack Obama. La ministre canadienne de l'Environnement Catherine McKenna a quant à elle indiqué que l'accord serait probablement « partiellement contraignant », c'est-à-dire sur une partie des points de l'accord (ex : les pays seraient obligés d'émettre des objectifs sans que ceux-ci soient juridiquement contraignants).
Un mécanisme de révision pour tendre vers l'objectif de 2°C
Sur le fond, l’accord recherché vise à permettre de contenir le réchauffement terrestre en dessous de 2° C d’ici à 2100 par rapport aux températures de l’ère préindustrielle, autour de « 1,5°C si possible ». Or, la somme des engagements des différents pays (déposés auprès des Nations Unies) en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre devrait, selon les climatologues, conduire à une hausse de température plus proche de 3°C que de 2°C.
Pour réduire cet écart entre l'objectif initial et la trajectoire actuelle, la France souhaite faire adopter lors de cette COP un mécanisme de révision qui permettra de faire le point tous les 5 ans et, pour les différents pays, de revoir leurs engagements à la hausse. La Chine s’est notamment associée à ce souhait dans une déclaration commune avec la France début novembre.
Intérêts divergents et défis financiers
Les chefs d’État et de gouvernement ont chacun pris la parole aujourd’hui (durant 3 minutes en théorie, bien plus dans les faits). Au-delà des déclarations d’intention se dessine un ensemble de situations très différentes (pays plus ou moins développés, plus ou moins vulnérables face aux dérèglements climatiques, etc.) et in fine d’intérêts divergents. L’Arabie saoudite dont le mix énergétique repose à près de deux tiers sur le pétrole et à un tiers sur le gaz naturel est ainsi souvent citée comme l'opposant le plus déterminé à tout accord climatique global. Selon Pascal Canfin, conseiller climat pour le World Resources Institute (WRI), « une partie de l'accord se jouera entre l'Élysée et Riyad dans les dernières heures de la conférence ».
La question des financements sera également un enjeu important de la COP21 à travers le Fonds Vert qui doit permettre de mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour accompagner les pays en développement vers une économie peu émissive en gaz à effet de serre. François Hollande a conclu sa prise de parole ce matin en demandant aux négociateurs de ne pas manquer d’ambition, quitte à ce que les objectifs soient « approchés ». Selon lui, « le plus grand danger n’est pas que notre but soit trop élevé et que nous le manquions, mais qu’il soit trop bas et que nous l’atteignons ». Laurent Fabius a pour sa part rappelé la nécessité d'un « compromis ambitieux ». Cette formule traduit bien la fragile voie des négociations à venir, entre aspirations et concessions.
La déclaration de Laurent Fabius
Le président de la conférence de Paris sur le climat, Laurent Fabius, a estimé mardi que "si ce n'est pas à Paris qu'on fait l'accord, on ne trouvera jamais une structure plus forte". "J'ai trouvé que la tonalité générale (des interventions) était excellente. C'est un bon départ pour la COP21", a affirmé le ministre français des Affaires étrangères interrogé sur RFI, au lendemain du sommet de 150 chefs d'Etat qui a donné le coup d'envoi de la conférence.
"Le déréglement climatique, tout le monde le comprend", a ajouté Laurent Fabius. "Si on se met d'accord à la fin sur un mécanisme et sur une date (de révision de l'accord) la plus proche possible de maintenant, on aura fait du bon travail", a-t-il conclu.
37 pays appellent à cesser les subventions aux énergies fossiles
Les Amis de la réforme des subventions aux énergies fossiles (FFFSR) ont présenté officiellement ce midi un communiqué appelant à intensifier les efforts pour mettre un terme à ces subventions. Le communiqué promeut une plus grande transparence politique, des réformes ambitieuses et un soutien ciblé aux personnes les plus pauvres (plutôt que des subventions profitant à tous). Il a été signé par 37 pays dont les États-Unis, l’Allemagne et la France. Le Prince of Wales’s Corporate Leaders Group qui réunit une vingtaine de chefs d’entreprises européens émettant des recommandations sur le changement climatique a collaboré à l’élaboration de ce document.
Constitué en juin 2010, les Amis de la réforme des subventions aux énergies fossiles est un groupe informel réunissant 8 pays non-membres du G20 (Costa Rica, Danemark, Éthiopie, Finlande, Nouvelle-Zélande, Norvège, Suisse, Suède) faisant la promotion au niveau international d'une réforme de ces subventions. Le Premier ministre néo-zélandais a présenté cette réforme comme la « pièce manquante du puzzle de la lutte contre le changement climatique ». Aucune échéance n’est toutefois recommandée pour la fin de ces subventions (« aussi vite que possible »).
Au niveau mondial, les gouvernements dépenseraient actuellement près de 500 milliards de dollars par an en subventions pour maintenir les prix des produits pétroliers, du gaz ou du charbon à un prix artificiellement bas. Selon les dernières études de l’AIE et l’OCDE, l’arrêt total de ces subventions permettrait de réduire de 10% les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
mardi 1er décembre 2015 : premières annonces et une « barque »
Un suivi inédit du lancement de la COP
Plus de 700 000 tweets ont été publiés le jour de l'ouverture de la COP21, ce qui en fait l'un des événements internationaux les plus commentés sur le site, selon les chiffres du site d'analyse Visibrain. La langue la plus utilisée pour ces tweets était l'anglais (47%), suivi du français (27% des tweets), de l'espagnol (13,6%) et du japonais.
La COP21 devient ainsi l'un des évènements internationaux les plus commentés sur Twitter, même si le sport reste loin devant. A titre d'exemple, le match de Coupe du monde de football opposant l'équipe de France à la Suisse, en 2014, avait suscité 1,2 million de tweets, selon Visibrain.
La France va augmenter de 50% ses financements en faveur des énergies renouvelables en Afrique
Lors du sommet « Défi climatique, solutions africaines » qui s'est tenu ce matin, François Hollande s'est engagé à porter à plus de 2 milliards d'euros les financements de la France en faveur des projets d'énergies renouvelables en Afrique sur la période 2016-2020, soit une hausse de 50% par rapport aux 5 dernières années.
Les projets financés par la France pourront s'inscrire dans la cadre de l'Initiative africaine sur les Energies Renouvelables menée par l'Union africaine. Ils porteront sur des projets de développement des énergies solaire, éolienne, hydroélectrique ou géothermique selon les pays.
Ce sommet présidé par François Hollande a réuni douze chefs d'Etats africains, la Présidente de la Commission de l'Union africaine ainsi que des représentants de plusieurs gouvernements et institutions internationales (Banque mondiale, Banque africaine de développement). Le Président de la République a rappelé à cette occasion que la COP21 devait permettre la réalisation de projets concrets en Afrique et faciliter l'adoption par ce continent d'un modèle de développement plus sobre en carbone.
Appel de la France et de 5 autres pays pour fixer un prix au carbone
Les chefs d'Etat et de gouvernement de six pays (Allemagne, Canada, Chine, Ethiopie, France, Mexique) ont lancé hier soir un appel en faveur de la mise en place d'un prix du carbone. Ils entendent notamment promouvoir lors des négociations de la COP21 les mécanismes permettant la fixation de ce prix mais n'envisagent pas qu'une « trajectoire » soit nécessairement indiquée dans l'accord final de la Conférence Climat. Selon Ségolène Royal, il s'agit déjà d'une étape très importante « vers la généralisation du prix du carbone ».
Et des déclarations...
- En se promenant dans les allées de la COP, le président français François Hollande a comparé l'accord espéré le 11 décembre à une barque : "soit on charge la barque et elle coule, soit on l'allège et elle va nulle part". Conclusion : mieux vaut "une embarcation pour avancer les prochaines années avec un horizon, un cap et des moyens d'être sûr d'arriver à moins de deux degrés".
- Le Nicaragua a indiqué qu'il n'annoncerait pas de mesures pour lutter contre le réchauffement, contrairement à ce qu'ont déjà fait 184 pays sur 195 qui négocient à Paris, estimant que c'est aux pays développés d'agir.
mercredi 2 décembre 2015 : « Il faut accélérer »
Le chef de la diplomatie française et président de la grande conférence climat de Paris, Laurent Fabius, appelle les négociateurs de 195 pays à "accélérer" leurs travaux pour conclure l'accord ambitieux espéré le 11 décembre. "Mon message est tout à fait clair: il faut accélérer le processus parce qu'il nous reste beaucoup de travail", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
"Des formules de compromis doivent être dégagées les plus rapidement possible, les chefs d'Etat et de gouvernement nous ont donné lundi un mandat sans ambigüité, nous devons réussir", a encore dit M. Fabius. "Il y a une exigence de succès qui pèse sur nous", a-t-il insisté.
Quand les négociateurs discutent crochets, vocabulaire et pluriel à la COP21
"Je veux voir ces crochets!": à la conférence mondiale sur le climat, chaque séance de discussions voit les négociateurs défendre, qui ses crochets, qui ses parenthèses, son conditionnel ou son impératif.
"Nous avons demandé à ce que ce paragraphe soit entre crochets", c'est-à-dire encore sujet à discussion, insiste le négociateur de l'Arabie saoudite dans un des sous-groupes qui discutait mercredi le projet de texte, lors d'une séance transmise par la télévision interne. La négociation "a besoin de clarté et de consistance dans le modus operandi", proteste-t-il encore.
Son homologue chinois lui s'inquiète qu'un paragraphe "invite" les acteurs de la société civile à faire des efforts. Il préfèrerait qu'il "accueille positivement" les éventuels efforts de ces acteurs... Ces deux expressions sont de toute façon "bien trop faibles" proteste la négociatrice colombienne. "Si on ne donne pas un signal fort, c'est un accord qui n'aura pas la force qu'il doit avoir", insiste-t-elle.
Un des deux coprésidents prend les choses en mains: "peut-on se mettre d'accord pour inscrire le terme « des actions » après « encourager » au paragraphe 23 et ajouter un « s » au mot « personne » au paragraphe 24 bis?" Les modifications ne soulèvent pas d'opposition. Les négociateurs se penchent sur une autre partie du projet de texte.
Une partie du texte des négociations en cours d'examen dans l'une des salles de négociations (©Maël Dancette)
Les délégués présents au Bourget, près de Paris, doivent remettre un projet d'accord à Laurent Fabius, président de la COP, samedi midi. Le ministre français leur a reproché mercredi de travailler trop lentement alors que les ministres des différents pays doivent s'emparer du texte la semaine prochaine pour aboutir à un accord le 11 décembre.
Elon Musk plaide pour une taxe carbone
Devant des étudiants à l'université Paris-I Panthéon Sorbonne en marge des travaux de la COP21, Elon Musk, plaide pour l'imposition d'une taxe carbone, pour accélérer la sortie selon lui inéluctable des énergies fossiles.
"Je pense que la chose à faire est de l'appliquer graduellement, parce qu'il serait déraisonnable de s'attendre à ce que les entreprises pétrolières changent immédiatement, il y a trop d'infrastructures, trop d'inertie", a affirmé M. Musk, apôtre de l'énergie solaire, de la mobilité électrique et d'une optimisation des réseaux par des batteries-relais.
"La bonne idée serait de démarrer à petite échelle et ensuite d'augmenter (la taxe carbone) chaque année", a-t-il développé. Quant à savoir jusqu'à quel niveau, il a répondu: "on l'augmentera jusqu'à ce qu'il y ait du changement".
Et à ceux qui s'inquiéteraient du coût d'une telle mesure pour l'économie, M. Musk a rétorqué: "Quelle est la valeur de la perte de 5 à 10% des terres émergées, et le déplacement de près d'un tiers de la population du monde" par la montée des eaux si le réchauffement climatique n'est pas enrayé ?
Et un "Pacman" du climat...
Pour se détendre entre deux réunions techniques pleines de termes compliqués, un petit jeu vidéo est mis en ligne. Dans "Capman" (www.cap-man.net), largement inspiré du célèbre "Pacman", les fantômes sont remplacés par des nuages polluants ou des lobbyistes qu'il faut éviter pour marquer des points. "Nous souhaitons éclairer les difficiles négociations en rappelant aux délégués ce à quoi faire attention", a indiqué un porte-parole de Carbon Market Watch's, à l'initiative du jeu.
jeudi 3 décembre 2015 : un nouveau projet d'accord
Moins de pages mais toujours autant d'options...
Les délégués de 195 pays chargés de négocier à Paris un accord sur le climat ont depuis entre les mains un nouveau projet de texte, qui a perdu quelques pages mais garde encore quelque 250 options.
Le texte, passé de 55 à 50 pages, a été publié jeudi matin sur le site de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques (CNUCCC). "Le nombre d'options ouvertes n'a pas été réduit: autour de 250. Et le texte comporte encore plus de crochets: 1 400 au lieu de 1 250", a souligné Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot (FNH), lors d'un point presse au Bourget, où se tient la conférence.
Les appels à accélérer les négociations se sont multipliés, de la part des négociateurs comme de celle de Laurent Fabius, le président de la COP21 et ministre français des Affaires étrangères. "Nous n'avons plus que 48 heures, il faut que les négociations accélèrent", a souligné Matthieu Orphelin, appelant les négociateurs "à sortir des jeux de postures habituels".
"Un tel constat de lenteur est traditionnel dans les COP, mais cette fois il ne faut pas le prendre à la légère: si la COP de Copenhague (en 2009) a échoué, c'est notamment parce que le texte sorti de la première semaine de négociations comportait trop d'options pour la deuxième semaine. Il y a là un point d'alerte fort", a-t-il prévenu.
Pour accélérer le rythme, le nombre de groupes de travail devrait être réduit, sur proposition du groupe de pays G77 (133 pays en développement + la Chine). Quelque 12 réunions sont ainsi prévues jeudi, au lieu de 25 la veille.
Pour la FNH, "la seule solution est de traiter dans le même temps les points importants: la révision des engagements, les financements et les transferts de technologie". Un nouveau texte est attendu jeudi soir ou vendredi matin. Les négociateurs doivent présenter d'ici samedi midi un projet d'accord le plus lisible possible, avec un maximum d'options tranchées, avant que les ministres prennent le relais à compter de lundi.
Et des blocs de glace du Groënland devant le Panthéon pour rappeler qu'il y a urgence...
Douze énormes blocs de glace venus du Groënland sont installés en cercle place du Panthéon à Paris pour former une "horloge" symbolisant l'urgence de la lutte contre le réchauffement climatique.
Ces blocs - 80 tonnes au total - doivent fondre pendant la durée de la COP21, selon le projet d'Olafur Eliasson, artiste dano-islandais très concerné par la question climatique. Ils ont été prélevés sur ses icebergs flottants dans la baie en face du fjord Nuup Kangerla, puis transportés dans des containers réfrigérés, d'abord en bateau puis en camion.
"L'art a la capacité de changer notre perception du monde et Ice watch rend tangibles les enjeux climatiques auxquels nous faisons face", estime Olafur Eliasson. Artiste multimédia (photographie, sculpture, installation, architecture...), Olafur Eliasson a notamment conçu l'installation "The weather project" en 2003 à la Tate Modern de Londres, vue par plus de deux millions de visiteurs.
vendredi 4 décembre 2015 : un nouveau texte à 10h
La négociation s’est « clairement tendue hier », explique le 4 décembre au matin Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. La Bolivie, membre du G77, a notamment parlé hier de « négociation de mauvaise foi ». En fin de journée, un facilitateur des négociations s'est permis un trait d'humour en proposant de remplacer les acronymes par des smileys pour détendre l'atmosphère.
Les questions de la différenciation et des financements qui sont intimement liées restent les principaux points bloquants dans les négociations. Les pays développés souhaitent en particulier que tous les pays puissent contribuer aux financements en fonction de leurs situations tandis que les pays du G77 demandent à ce que les pays développés assument « seuls les financements annoncés à Copenhague » a précisé Matthieu Orphelin.
Le processus de négociation « est toujours en marche » a-t-il toutefois nuancé. Fait nouveau, le projet de texte d’accord qui sera rendu public à 10h ce matin contiendra 2 documents : le texte compilé suite au travail d’hier et des propositions de rédaction de compromis mises sur la table par les facilitateurs. Ce sont les pays du G77 qui ont demandé à que ces propositions soient insérées dans un autre document.
Cela peut sembler « un peu baroque mais c'est peut-être une bonne solution pour que les pays puissent dépasser leur formulation initiale » a jugé le porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. « Nous ne sommes pas du tout dans le scénario de Copenhague » a-t-il poursuivi. En 2009, un deuxième document avait aussi été rédigé mais sans continuité avec les négociations.
D’ici à demain midi, un nouveau texte de négociations doit être consolidé et transmis à Laurent Fabius, président de la COP.
« Le compte n'y est pas » selon Laurent Fabius
« Le compte n'y est pas encore » a jugé Laurent Fabius, président de la COP, à moins de 24 h de l'heure limite de remise du projet d'accord par les négociateurs (samedi à 12h). Il a renouvelé son appel à un « esprit de compromis » pour avancer dans les négociations. « Notre boussole doit être l'esprit de consensus » a-t-il insisté.
Mercredi soir, Laurent Fabius avait déjà jugé les progrès des négociateurs « trop lents » et leur avait demandé d'accélérer le processus. Deux documents ont été publiés ce matin : un premier texte de négociations de 48 pages et un deuxième contenant des propositions des facilitateurs de 38 pages.
Le C2ES précise les contours de l'accord « contraignant » souhaité par les États-Unis
Le Center for Climate and Energy Solutions (C2ES), think tank américain travaillant sur les problématiques énergétiques et environnementales, a rappelé hier que les États-Unis étaient favorables à ce que l'accord final soit légalement contraignant mais pas les INDC (ce qui nécessiterait l'approbation du Sénat américain).
Il a également rappelé que les Etats-Unis n'étaient pas les seuls à ne pas vouloir que les INDC soient légalement contraignantes. La révision des INDC constitue selon lui un point clé des négociations, la première révision devant avoir lieu « dès 2020 ».
Le C2ES a par ailleurs estimé hier que l'INDC américaine (réduction de 26% à 28% des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2025 par rapport à 2005) était un « objectif pragmatique » tout à fait atteignable avec les réglementations actuelles aux États-Unis (Clean Power Plan, standards d'émissions dans les transports, etc.).
Un Grand Palais aux couleurs de la COP...
Le Grand Palais se verdit pendant une semaine et ouvre ses portes aux entreprises, associations et collectivités locales venues présenter leurs solutions pour combattre le réchauffement climatique.
Sous la structure métallique du Grand Palais, ont été accrochés d'immenses ballons ronds, argentés et transparents. Voitures électriques, robots, stands d'ONG et d'associations ont envahi les allées, pour l'exposition Solutions COP21, ouverte gratuitement au public. "Notre enjeu ici, c'est d'impliquer toute la société", a déclaré Gilles Berhault, président du comité Solutions COP21, lors de la conférence de presse d'ouverture.
Au total, l'exposition Solutions COP21, l'un des seuls événements grand public maintenus en marge de la conférence climat malgré l'état d'urgence, attirera 42 000 visiteurs à Paris entre le 4 et le 10 décembre.
Et des stars
Plusieurs stars de Hollywood se sont mêlées aux maires de Rio, Séoul, Dakar ou Istanbul, qui ont affirmé la volonté des élus locaux de participer à la lutte contre le réchauffement climatique, lors d'un raout à la mairie de Paris.
Très lyrique, Leonardo Di Caprio exhorte les négociateurs du Bourget à "changer le cours de l'histoire". "Ils ont le choix", lance le héros de "Titanic": "Etre timide et trouver un accord leur permettant tout juste de sauver la face. Ou bien prendre les devants, et rentrer à la maison avec un plan pour sauver la planète."
samedi 5 décembre 2015 : une étape clé franchie
Ébauche d'un accord sur le climat
La conférence mondiale sur le climat franchit une étape clé ce samedi avec la remise d'une ébauche de texte d'accord, en vue d'un pacte universel entre 195 pays contre le réchauffement de la planète censé être conclu la semaine prochaine à Paris.
"Nous disposons d'une nouvelle base de négociations acceptée par tous (...) Il s'agit d'écrire la suite", a déclaré la négociatrice française Laurence Tubiana, devant les délégations réunies au Bourget.
Le texte adopté à l'issue d'une semaine de tractations entre négociateurs du monde entier compte 48 pages et comporte encore de très nombreuses options que les politiques devront trancher à partir de lundi pour aboutir à l'adoption d'un pacte universel d'ici vendredi prochain.
Les ministres des différents pays doivent prendre le relais des négociateurs le 7 décembre. "Le travail n'est pas fini, des questions politiques majeures restent à trancher. Il nous faudra toute notre énergie, intelligence, capacité de compromis, capacité de voir loin pour pouvoir arriver à notre résultat", a ajouté Laurence Tubiana.
"Comme disait Nelson Mandela, ça a toujours l'air impossible jusqu'à ce que ce soit fait", a commenté Nozipho Mxakato-Diseko, la délégué sud-africaine qui préside le G77 + Chine, le groupe des pays en développement.
lundi 7 décembre 2015 : la 2e semaine commence
"Une spirale plutôt positive" selon Nicolas Hulot
Après une semaine de négociations, Nicolas Hulot tire un bilan "plutôt positif" des négociations au Bourget. "On est plutôt dans une spirale positive, le champ des possibles est encore là". Le texte remis samedi à Laurent Fabius, contenant le projet d'accord d'une vingtaine de pages (ainsi que deux annexes), "devient lisible" selon lui mais de nombreux points, parmi lesquels la question sensible des financements, restent à trancher.
Nicolas Hulot estime déjà que tant "les cercles des déprimés" que ceux "des optimistes en seront pour leurs frais" à la fin de la Conférence Climat vendredi. Selon lui, il est "trop tard pour que la Conférence de Paris soit un échec" bien que l'accord final reflétera une trajectoire "probablement trop lente" pour atteindre l'objectif des 2°C.
Nicolas Hulot souligne que la révision à la hausse obligatoire des engagements des différents pays (INDC) tous les 5 ans a convaincu un grand nombre de Parties au Bourget mais il reste à trancher la date à partir de laquelle aura lieu la prochaine révision. Celle-ci ne fait actuellement pas consensus, certains prônant notamment 2017, d'autres 2025.
Sur la question des financements post-2020, Nicolas Hulot estime qu'il reste à préciser la part des financements privés et publics et, au sein de la part des financements publics, s'il y aura parité entre l'argent attribué aux actions d'adaptation et à celles d'atténuation. Nicolas Hulot souhaite par ailleurs que soit précisé dans le texte final le fait que "les fameux 100 milliards constitueront non pas un plafond mais un plancher".
Il juge par ailleurs prioritaire que la nécessité de la mise en oeuvre d'un prix carbone soit inscrite dans le texte et indique qu'il faudrait préciser ce qu'induit la notion de "pertes et dommages" dans le texte final.
"Rien n'est joué mais le meilleur est encore possible" résume Nicolas Hulot, concédant que "la perfection à 196 sera difficile". Il tient également à souligner l'ensemble des actions en marge de la COP21 telles que les annonces de villes souhaitant tendre vers un mix électrique 100% renouvelables ou de Tesla qui va rendre publics un certain nombre de ses brevets. Il rappelle enfin l'importance de l'Alliance solaire internationale officialisée au début de la COP, soulignant le potentiel énergétique du solaire et les progrès réalisés en matière de coûts.
Un "objectif global commun" mais un principe de différenciation rappelle l'Indonésie
Rachmat Witoelar, envoyé spécial sur le changement climatique de l'Indonésie, a jugé en conférence de presse qu'il restait dans les négociations "des handicaps mais que ceux-ci pouvaient être surmontés". Il a rappelé que les pays développés devaient prendre en charge les efforts de financements, conformément au principe de différenciation.
Nur Masripatin, directrice générale en charge du changement climatique au ministère indonésien des forêts, a ajouté que les négociations continuaient à avancer compte tenu "de l'objectif global commun". C'est sur la manière de parvenir à cet objectif que se dessinent les divergences, le point crucial restant la question des financements.
L'Indonésie a par ailleurs rappelé que l'accord ne devait pas entraver son développement, près de 11% de la population indonésienne vivant encore sous le seuil de pauvreté. Le pays s'est engagé à réduire d'au moins 26% ses émissions de gaz à effet de serre en 2020 par rapport au scénario de référence à cet horizon, un objectif jugé "insuffisant" par le Climate Action Tracker qui évalue les ambitions des différents engagements nationaux (INDC).
36 pays lancent une alliance mondiale pour développer la géothermie
Une coalition de 36 pays a lancé lundi une Alliance mondiale de la géothermie à l'occasion de la conférence internationale sur le climat, pour aider les pays en développement ayant d'importantes ressources à exploiter ce potentiel.
La géothermie permet d'exploiter l'énergie thermique dans le sous-sol, notamment en prélevant les eaux naturellement chaudes à grande profondeur, pour produire de la chaleur et de l'électricité.
Mais sur 90 pays disposant de ressources importantes, seuls 24 ont développé des capacités géothermiques, note l'Alliance dans un communiqué. Au total, seulement 6% du potentiel d'énergie issue de la géothermie est actuellement exploité, soit 12 gigawatts. L'alliance veut donc multiplier d'ici à 2030 par six les capacités installées de production d'électricité à partir de la géothermie et par trois celles de production de chaleur.
Parmi les pays membres de cette alliance se trouvent des Etats de la région de la vallée du rift en Afrique (Kenya, Tanzanie, etc.), d'Asie du sud-est (Malaisie, Philippines) et d'Amérique Latine (Mexique, Guatemala, etc.), où la ressource géothermique est considérée comme importante. Cette initiative regroupe également des pays où la géothermie est déjà développée comme la France ou l'Islande et qui pourront partager leur expérience et leur expertise.
Son objectif est ainsi de "coordonner des actions pour augmenter la part de production de chaleur et d'électricité à partir de la géothermie dans le monde". L'alliance a donc pour but de dépasser les barrières qui limitent le développement de cette énergie, comme "l'incertitude politique, le manque de compétences professionnelles" dans certains pays. "Les coûts très importants de forages et les risques associés à l'incertitude de la phase d'exploration" du sous-sol constituent le principal obstacle à ce développement, indique le communiqué.
6 entreprises rejoignent une initiative en faveur des énergies vertes
Six grandes entreprises se sont engagées à ne consommer qu'une électricité issue à 100% des énergies renouvelables, en rejoignant lundi en marge de la conférence internationale sur le climat une initiative mondiale regroupant plus de 50 groupes.
Coca Cola, BMW group, International Flavors & Fragrances, Nordea Bank AB, Pearson PLC et Swiss sont les derniers à rejoindre cette initiative baptisée « RE100 », qui regroupe 53 groupes dont Microsoft, Ikea ou Google.
Selon leurs calculs, cet engagement a créé une demande de plus de 90 térawattheures d'électricité verte, soit 1% de l'électricité consommée par l'industrie dans le monde c'est-à-dire l'équivalent de la consommation de Hong Kong et Singapour réunis, selon un communiqué publié lundi.
Cette conversion aux énergies renouvelables permettra d'économiser 56 millions de tonnes de CO2, précise le Climate Group, une organisation qui travaille sur les mécanismes permettant la transition vers un monde bas carbne, et qui porte cette intiative.
Selon le Climate Group, si le secteur privé ne consommait plus que des énergies renouvelables pour se fournir en électricité, cela pourrait permettre de réduire de 15% les émissions de CO2.
mardi 8 décembre 2015 : le secteur textile s'engage pour le climat
L'Union des industries textiles (UIT) et la Fédération de la maille et de la lingerie ont signé mardi soir une "Charte d'engagement de la mode pour le climat", parrainée par la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, à l'occasion de la COP21.
"Il est temps de changer la mode pour le climat", a lancé la présidente de l'association organisatrice, Universal Love, Isabelle Quéhé. Elle a souligné que l'industrie du textile et de l'habillement était au deuxième rang des activités économiques mondiales ayant le plus fort impact sur l'environnement, après l'industrie du pétrole.
"Conscients des dommages causés à l'environnement et de leurs conséquences sur le climat, les professionnels, mais également les citoyens, décident de s'engager pour minimiser l'incidence de leurs activités sur l'avenir de notre planète", indique cette charte en huit points, soutenue par L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).
Ségolène Royal, qui a signé le document, a salué une "initiative formidable". "Votre charte fait le choix d'entrecroiser de manière novatrice la chaîne des savoir-faire qui font l'excellence et le rayonnement d'une certaine élégance française avec la trame de la responsabilité climatique", a-t-elle déclaré.
mercredi 9 décembre 2015 : "les jeux sont faits"
"Les jeux sont faits" a débuté Matthieu Orphelin lors de la conférence de presse quotidienne de la Fondation Nicolas Hulot (FNH) dont il est le porte-parole. Une version "N-1" du texte de l'accord de la COP21 sera rendu public à 13h par la présidence de la COP.
Les Parties pourront travailler sur ce texte jusqu'à 17h, heure à laquelle se retrouvera le "Comité de Paris", instance de consultations informelles mise en place en début de semaine pour faciliter les négociations.
Après 5 jours sans présentation d'un nouveau projet d'accord, Matthieu Orphelin a souligné l'apparition de nouveaux groupes dans les négociations ("high ambition coalition", 4 grands pays émergents, etc.) et a rappelé qu'il ne faudrait "plus aucun crochet ou option" dans l'accord final.
La Fondation Nicolas Hulot a établi une feuille de route avant la COP21 précisant les différents niveaux d'ambititions sur plusieurs sujets stratégiques. A la lueur de cette grille de lecture, un premier état des lieux est possible sur la base des discussions des jours précédents.
La révision à la hausse des engagements nationaux (INDC) semble désormais actée sur la base de cycles de révision de 5 ans (l'Inde réclame toutefois des cycles de 10 ans dans ses prises de parole). Les dates de ces révisions font en revanche encore débat. La FNH plaide pour que l'ambition des INDC soit augmentée une première fois dès 2017/2018 mais le texte actuel fait mention de termes beaucoup plus flous à cet horizon (évoquant un dialogue sur le niveau de ces ambitions).
Après 2020, la FNH demande à ce que la révision de la 2e période des INDC commence dès 2021/2022 alors que la date de 2024 semble privilégéiée à l'heure actuelle dans l'accord (article 10).
La question des cycles de révision concerne également les financements post-2020. Si ces derniers sont équilibrés désormais entre l'adaptation et l'atténuation - un point "important" pour la FNH - aucun cycle de révision n'est encore prévu, ce qui mécontente entre autres les "grands émergents" (Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde).
La problématique du prix du carbone est pour l'instant évoquée de façon satisfaisante à Paris selon la FNH sous réserve que la mention présentant ce prix comme un outil important dans la lutte contre le changement climatique soit bien maintenue dans le texte (elle figure à l'héure actuelle entre crochets). La FNH espère par ailleurs un paragraphe spécifique dédié à la question des "pertes et dommages".
Plus généralement, l'ambition globale du projet d'accord de la COP21 (article 2) semble aller dans le bon sens pour la Fondation Nicolas Hulot avec la mention des 1,5°C. Le texte présenté à 13h permettra une analyse plus approfondie. Il restera alors près d'une journée pour relever les ambitions.
"La Présidence de la COP a été très bonne sur la méthode et l'organisation" de la Conférence Climat, a résumé Matthieu Orphelin. Mais elle sera bien jugée sur l'accord final qui ressortira des négociations en fin de semaine.
Dernière ligne droite des négociations avec une nouvelle version du projet d'accord
Une nouvelle version du projet d’accord de la COP21 a été remise aujourd'hui à 15h par Laurent Fabius, président de la COP, aux Parties de la Conférence Climat. Elle comprend 29 pages contre 43 pour le précédent texte remis samedi dernier. « Il y a eu une réduction des trois-quarts du nombre des points entre crochets » s'est félicité Laurent Fabius mais de nombreuses questions restent à trancher.
En effet, si le nouveau texte de négociations est qualifié de « propre » par Laurent Fabius, il a lui-même rappelé le principe de ces négociations, à savoir que « rien n’est agréé tant que tout n’est pas agréé ». Or, trois grandes questions doivent en particulier être précisées dans les prochaines heures : la différenciation, les financements et le niveau d’ambition de l’accord (l'option 3 de l'article 2 propose un objectif de 1,5°C plus ambitieux que la cible initiale des 2°C).
Du côté des ONG, on s'inquiète des nombreuses options encore ouvertes. Pour Célia Gautier, responsable des politiques européennes au Réseau Action Climat France, l'accord pourrait rester « vide si le brouillon n'est pas amélioré ». Y compris si l'objectif de 1,5°C est retenu, Réseau Action Climat indiquant que « les moyens et la feuille de route pour respecter ce seuil manquent toujours à l'appel » (mécanisme de révision des INDC jugé trop tardif, manque d'engagements de financements prévisibles après 2020, etc.). Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France, a pour sa part pointé l'écart entre différentes options restant à trancher. A l'article 3, il est par exemple notifié que les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites, selon les options entre crochets, de 40% à 70% ou de 70% à 95% d'ici 2050 par rapport au niveau de 2010.
Le Conseil de Paris se réunit à nouveau ce soir à partir de 20h en plénière. Les différentes Parties pourront faire part de leurs réactions et Laurent Fabius exposera ses propositions sur la méthode de travail pour la fin des négociations cette nuit et demain « en vue de l’adoption d’un accord dans les délais fixés », soit d'ici à vendredi 18h.
jeudi 10 décembre 2015 : quelle ambition pour l'accord de Paris ?
Début de réponse...
La nuit a été longue et le nouveau projet d'accord attendra encore quelques heures. Durant la plénière du Comité de Paris hier soir, une cinquantaine de délégués ont pris la parole. Leurs interventions ont notamment souligné les points difficiles restants à trancher sur les financements. A l'issue de cette plénière, le groupe de travail a cherché à synthétiser un nouveau texte jusqu'à 5h20. Le fruit de ces nouvelles négociations devrait être dévoilé à 15h cet après-midi. Il ne s'agira pas du texte final de l'accord bien que beaucoup d'options devraient y être tranchées.
Le projet d'accord présenté hier est effectivement « clarifié et simplifié » note la Fondation Nicolas Hulot (FNH) mais il comprend encore 350 crochets et une vingtaine de points en discussion avec des options faibles et fortes. En définitive, « l'ambition du texte n'est pas encore mesurable ». « Il y aura une référence aux 1,5°C sinon il n'y aura pas d'accord » signale toutefois Matthieu Orphelin, porte-parole de la FNH.
La question des actions et financements d'ici à 2020 est jugée « pas satisfaisante pour l'instant » par la Fondation, compte tenu de l'absence de révision des INDC à laquelle se substituerait un « dialogue facilitateur » en 2017/2018. La FNH demande à ce que 35 milliards de dollars en 2020 soient consacrés aux actions d'adaptation. Hier, le secrétaire d'État des États-Unis John Kerry a annoncé un doublement de l'effort public américain en faveur de ces financements (800 millions de dollars par an contre près de 400 millions auparavant).
La première révision des contributions nationales (INDC) envisagée après 2020 pourrait ne pas intervenir avant 2023/2024 (Hollande a appelé hier à une révision en 2020), une date jugée inacceptable et bien trop tardive par l'ensemble des ONG. La Fondation Nicolas Hulot appelle entre autres à davantage d'ambition, quitte à ce qu'une révision anticipée concerne uniquement les pays les plus émetteurs.
Sur les financements post-2020, « toutes les options restent possibles, de minimale à ambitieuse ». Deux options sur 3 considèrent que les 100 milliards de dollars par an transférés par les pays du Sud doivent constituer un plancher à augmenter. La nécessité de mettre en place un prix du carbone figure toujours dans le texte bien que les pays pétroliers - Arabie saoudite et Venezuela en tête - se disent gênés par cette formulation. « Préserver cette phrase sera une vraie avancée » juge Matthieu Orphelin. Sur la question des pertes et dommages, ce dernier juge enfin que l'option à retenir devrait faire une référence claire au mécanisme de Varsovie relatif à ce sujet.
Quant au caractère « contraignant » de l'accord, il se matérialisera bien par des « points contraignants » (et non l'accord global), conformément aux demandes répétées des États-Unis. Le degré de contrainte est notamment quantifié par le nombre de termes « should » dans l'accord (45) et celui de « shall » plus contraignants (180).
Pour rappel, le projet d'accord présenté hier comme celui qui sera rendu public à 15h contient 2 parties : la « décision » qui concerne la période avant 2020 et l'« accord » à proprement dit qui entrera en vigueur en 2020 et qui porte donc sur la période au-delà de cette date.
L'avant-dernière version du texte de l'accord de Paris doit être dévoilé aujourd'hui à 15h. (©flickr-UNclimatechange)
Le Brésil veut éliminer les « feux rouges »
« Au lieu de regarder les feux rouges, regardons les feux verts pour construire un accord » a lancé en conférence de presse l'ambassadeur José Antonio Marcondes, chef de la délégation brésilienne à la COP21.
Il a à cette occasion rappelé que le Brésil soutenait l’objectif des 2°C depuis la Conférence de Cancun en 2010 (COP16) et que le pays était aujourd'hui prêt à s’engager sur la cible des 1,5°C, compte tenu de la situation des pays les plus vulnérables au changement climatique.
Le chef de la délégation brésilienne a confirmé que le principe de différenciation constituait une pierre angulaire des négociations pour les pays émergents et que ce principe devait être absolument préservé dans l’accord final. Il a également défendu des cycles de 5 ans pour réviser les INDC en suggérant qu'à chaque révision, des engagements « fermes » sur 5 ans soient pris et qu'y soient également associés des engagements « indicatifs » pour les 5 années suivantes afin d’avoir une visibilité suffisante.
L'ambassadeur brésilien a salué le travail de la Présidence français pour remettre le texte rendu public hier après-midi, « plus court, plus concis avec moins d'options ». Interrogé sur le report de remise de la nouvelle version du projet d'accord, José Antonio Marcondes a supposé qu'il était le fait du nombre important de commentaires et des points de négociations en suspens.
Pour rappel, le Brésil, 8e consommateur d’énergie au monde, s'est engagé dans son INDC à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 37% d'ici à 2025 par rapport à 2005 (soit une réduction de 6% par rapport à l’année 1990).
Conférence de presse du chef de la délégation brésilienne José Antonio Marcondes (©MD)
La COP21 officiellement reconnue « événement durable » avec la norme ISO 20121
L'organisation de la COP21 a officiellement reçu en début de soirée la certification ISO 20121 soulignant son « système de management responsable ». Cette certification est attribuée aux événements présentant de fortes exigences en matière de développement durable.
Matériaux recylables et « Arbres à vent »
La certification ISO 20121 vient récompenser tant la faible empreinte environnementale de l'événement que sa dimension sociétale (dialogue entrepris par l'organisation de la COP avec les collectivités territoriales en amont) et l'accueil général de qualité sur le site.
Concrètement, le caractère « durable » du site du Bourget prend des formes variés, depuis les matériaux reyclables utilisés lors de la construction à l'impression à froid des documents qui seront eux aussi recyclés.
Parmi les exemples en matière d'énergie, signalons que les halls « en dur » sont chauffés par une chaudière à gaz de dernière génération, qu'un régulateur de température limite la température à environ 19°C dans les structures éphémères, que l'éclairage LED est en partie assuré par des « Arbres à Vent » de NewWind et que des navettes à motorisation hybride assurent la jonction entre le site et les stations de RER et de métro.
Économie circulaire et faibles émissions
Une logique d'économie circulaire avec une chasse aux gaspillages prévaut sur l'ensemble du site. En témoigne notamment la redistribution au Chaînon Manquant de la nourriture non consommée au Bourget ou la future récupération par Emmaüs du mobilier Ikea de la COP21.
La limitation de l'empreinte carbone constitue une obligation de l'accord de siège conclu avec les Nations Unies et fait également écho à la loi de transition énergétique adoptée en France en juillet dernier. Au total, les émissions associés à l'organisation de la Conférence Climat sont évalués « grosso modo à 14 000 tonnes d'équivalent CO2 » selon Pierre-Henri Guignard, secrétaire général en charge de l'organisation de la COP21.
Des entreprises calculent actuellement l'empreinte carbone de la COP21 in situ et les résultats définitifs devraient être communiqués fin février/début mars 2016. Précisons que la construction du site et son démontage seront inclus dans ce calcul (alors que le bilan carbone de la COP de Copenhague en 2009 portait uniquement sur la période de la Conférence).
Une empreinte carbone compensée pour une COP « exemplaire »
L'empreinte carbone de la COP21 sera entièrement « compensée », notamment par le financement de projets d'énergies renouvelables ou de reboisement dans les pays du Sud. Les 900 arbres nécessaires à l'édification de la salle plénière « La Seine » au Bourget ont d'ailleurs déjà été replantés, a précisé Pierre Henri Guignard.
Conçue en 2012, la certification ISO 20121 avait été remise aux Jeux Olympiques de Londres en 2012 mais la Conférence Climat de Paris est la première COP à la recevoir, un fait d'autant plus remarquable compte tenu de l'ampleur de cet événement, a souligné le bureau de certification Veritas. Pierre-Henri Guignard a rappelé à ce titre le caractère « exemplaire » de la COP21 qui doit servir de modèle aux prochains grands événements organisés en France.
La certification ISO 20121 a été officiellement remise par Bureau Veritas Certification (Jacque Matillon à droite) à l'organisation de la COP21 (Pierre-Henri Guignard au centre) en présence de la ministre Ségolène Royal. (©Maël Dancette)
Nouveau texte : Laurent Fabius en appelle à la responsabilité avant « l'indaba des solutions »
Le nouveau projet de texte d'accord de Paris (accessible ici) a été remis peu après 21h aux Parties de la COP21. Selon Laurent Fabius, il prolonge la version soumise hier. Plus court, « il tranche sur plusieurs options mais laisse encore entre crochets quelques points spécifiques », à savoir les plus débattus qui restent la différenciation, l'ambition de l'accord et les financements.
Les options restées ouvertes résultent du manque de compromis jusqu'ici. Laurent Fabius a à ce titre rappelé aux délégations que le compromis « implique par nature de renoncer à ce qui nous convient à 100% ». Le président de la COP a ainsi exhorté les Parties à faire preuve de responsabilité et leur a laissé une période de 2h30 pour examiner le nouveau texte.
A 23h30, il présidera une « indaba des solutions », réunion durant laquelle il attend la présentation de solutions de compromis afin de pouvoir aboutir à un accord final dans les délais d'ici à demain soir.
vendredi 11 décembre 2015 : « pas à 24 heures près » pour un accord ambitieux
« Nous ne sommes pas à 24h près quand on travaille sur un texte depuis plus de 4 ans » a lancé Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot (FNH) alors qu'un nouveau texte d'accord est attendu demain matin, soit au-delà de l'échéance initiale envisagée ce vendredi soir.
Avancées et points de blocage
Sur la nouvelle version du texte présentée hier soir, la FNH pointe à la fois « des avancées » sur l'ambition (objectif « bien en dessous » de 2°C avec une cible de 1,5°C) et sur les financements post-2020 (plancher de 100 milliards de dollars par an acté avec des cycles de révision à la hausse) mais également des points encore inacceptables comme le retrait du texte de la reconnaissance de l'importance de la mise en place d'un prix du carbone sous la pression des pays pétroliers.
Matthieu Orphelin a par ailleurs précisé que l'avancée sur l'ambition de l'accord n'avait de sens que si elle était concrétisée et a ainsi rappelé qu'une réduiction des émissions mondiales de gaz à effet de serre de 40% à 70% d'ici à 2050 était nécessaire pour avoir 2 chances sur 3 d'atteindre les 2°C en 2100 (et une réduction de 70% à 95% pour l'objectif de 1,5°C).
L'objectif de long terme est également jugé « pas à la hauteur » par la FNH avec l'absence d'horizon sur le pic des émissions et un terme flou d' « émissions neutres » pour la seconde partie du siècle. Les ONG appellent par ailleurs à maintenir absolument un paragraphe spécifique consacré aux pertes et dommages. Le cycle de révision des engagements des pays (INDC) tous les 5 ans est enfin acté mais la première date obligatoire de révision constitue encore un point de blocage important. L'horizon 2025 est évoqué alors que beaucoup de pays dont la France plaident pour 2020. Il est envisageable selon la FNH qu'une coalition de pays puisse s'engager unilatéralement à effectuer cette révision de façon anticipée.
Nicolas Hulot : « que chacun construise des passerelles »
Après une nuit de négociations « très difficile », Matthieu Orphelin a tenu à tempérer les inquiétudes. « Tout n'est pas remis en cause, une COP sans moment de tension n'était pas envisageable », d'autant plus que les débats de cette nuit étaient plus ouverts aux observateurs extérieurs que les précédents. De nombreux pays ont ainsi fait valoir leurs intérêts, notamment la Chine sur la question des financements post-2020, l'Inde sur le cycle de révision des INDC tous les 5 ans qu'elle trouve trop ambitieux, les pays pétroliers sur la mention au prix du carbone ou encore des pays industrialisés comme le Japon et la Suisse témoignant qu'ils ne pourraient pas supporter seuls tous les efforts de financements.
Le texte actuel contient encore 5 points soumis à des options et 48 crochets à trancher. Des réunions bilatérales sont prévues toute la journée avant la remise d'une nouvelle version du projet d'accord demain matin suivi de son examen en séance plénière à 14h.
Nicolas Hulot a à nouveau lancé un message à l'adresse des Parties, rappelant que « la COP21 a levé un magnifique espoir que nous n'avons pas le droit de décevoir », sous peine d'ajouter l'humiliation à la misère. « Plutôt que de dresser des murs et de se réfugier derrière des lignes rouges, il serait temps que chacun construise des passerelles. La solidarité ne se négocie pas, elle se construit. Il reste 24h pour revenir à l'essentiel » a souligné l'envoyé spécial français pour la protection de la planète.
Nicolas Hulot et Matthieu Orphelin en conférence de presse ce matin. (©Maël Dancette)
Laurent Fabius, « sûr » que le projet d'accord qu'il présentera samedi à 9h sera approuvé
Laurent Fabius, a annoncé vendredi qu'il présenterait samedi "à 09h00" (08h00 GMT) aux représentants des 195 pays un nouveau projet d'accord dont il s'est dit "sûr qu'il sera approuvé". "A l'issue des consultations que je vais avoir, je serai en mesure, demain matin à 09h00, de présenter à l'ensemble des parties un texte qui, j'en suis sûr, sera approuvé et sera un grand pas en avant pour l'ensemble de l'humanité", a déclaré à la presse M. Fabius, aux côtés du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
"Nous sommes presque au bout du chemin, je suis optimiste", a-t-il assuré. M. Fabius avait initialement affirmé son intention de conclure l'accord de Paris jeudi pour une adoption formelle vendredi à 18h00 (17h00 GMT). Mais la dernière version du projet d'accord, présentée jeudi soir, a fait l'objet d'intenses négociations toute la nuit, au cours de laquelle plusieurs pays ont campé sur leurs positions. "Nous avons beaucoup travaillé ces jours derniers et ce matin encore, nous avons terminé le travail collectif à 06h00 du matin", a encore déclaré Laurent Fabius à la mi-journée, précisant qu'il était sur le point de reprendre ses consultations "avec tous les groupes".
Un entretien téléphonique entre Xi Jinping et Obama pour « renforcer les efforts »
Les présidents chinois et américain, Xi Jinping et Barack Obama, ont convenu vendredi au téléphone de renforcer leurs efforts pour parvenir à un accord d'ici samedi matin à la conférence de Paris sur le climat, a annoncé le ministère chinois des Affaires étrangères.
"A l'approche de la fin des négociations à la conférence de Paris, la Chine et les Etats-Unis doivent renforcer leur coordination avec toutes les parties et déployer des efforts communs pour s'assurer" que la COP21 "parvienne à un accord comme prévu", a déclaré le président chinois, cité par le ministère sur son site internet.
Selon le communiqué chinois, qui ne cite pas directement Barack Obama, ce dernier a répondu à son homologue que les Etats-Unis étaient désireux de maintenir la coordination avec la Chine. Le président Xi a souligné que la communauté internationale tout entière bénéficierait d'un accord à Paris, a ajouté le communiqué.
Zombies
Les deux nuits quasi-blanches vécues par les négociateurs de la Conférence commencent à se lire sur les visages fatigués. Et la question du sommeil, ou plutôt du non-sommeil, était un sujet largement discuté dans les couloirs vendredi au Bourget. L'ambassadrice sud-africaine Nozipho Mxakato-Diseko a confié par exemple ne dormir que "2 heures et demie au plus par jour".
Négociateur pour les Samoa, Espen Ronneberg a expliqué que sa délégation, de taille réduite, devait faire preuve d'organisation pour que certains puissent aller dormir, parfois "dans des bureaux", quand les autres allaient en réunion. Avec la fatigue, "nous devenons un peu moins diplomates", a-t-il reconnu. "Certains ne disent même plus bonjour, ils saluent juste de la tête".
"C'est vraiment fatigant", confirmait un autre négociateur, Djordjije Vulikic, de la délégation du Montenegro, qui pense passer "deux jours entiers à dormir" après la conférence.
Lassitude de la twittosphère ?
Après un vrai pic pour l'arrivée des dirigeants internationaux du lancement de la COP21, le nombre de tweets publiés sur la conférence de l'ONU sur le climat a été assez mitigés durant la Conférence Climat au Bourget elon une analyse du cabinet Ekimetrics.
La venue de 130 chefs d'Etat près de Paris pour signer un accord destiné à retarder le réchauffement planétaire a suscité un déluge de tweets pendant la journée du dimanche 29 novembre, plus de 750 000. Des utilisateurs de Twitter, français et américains en majorité mais aussi indiens, canadiens et japonais, ont ensuite publié environ 100 000 tweets par jour pendant la première semaine de la COP21.
A titre de comparaison, le hashtag "Pray for Paris" avait été retweeté 6,7 millions de fois en seulement 10 heures après les attentats du 13 novembre, un chiffre exceptionnel. Au-delà du nombre de messages, c'est leur ton qui a changé pendant la COP21. Dans les semaines qui ont précédé le lancement de la conférence, "le changement climatique était traité de façon dramatique, chargé de pathos", note Othmane Zrikem, d'Ekimetrics. Ensuite, il a été abordé de façon plus concrète.
Parmi les tweets publiés par les 5 000 comptes les plus actifs, près de la moitié sont plutôt consacrés aux modalités de l'accord (47,7%), et plus d'un tiers concernent les technologies vertes (36%) qui pourraient aider à lutter contre le réchauffement climatique. L'inquiétude quant aux effets du réchauffement n'a en revanche concerné que 16,3% des tweets.
L'analyse a été réalisée à partir de mots-clés en français et en anglais publiés sur Twitter du 8 septembre 2015 au 11 décembre à 11 heures. Elle a porté sur plus de 7 millions de tweets.
samedi 12 décembre 2015 : l'accord de Paris
La COP21 s'achève sous les applaudissements avec un accord de 195 pays pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. Quels en sont les termes finaux et les conséquences en matière d’énergie ?
« Nettement en dessous » de 2°C d’ici à 2100
L’ambition finale de l’accord de Paris est de maintenir l’augmentation de la température mondiale « nettement en dessous » de 2°C d’ici à 2100 par rapport aux niveaux préindustriels (article 2 de l’accord) et de poursuivre les efforts en vue de limiter cette augmentation à 1,5°C, une revendication des pays les plus vulnérables au changement climatique. Concrètement, le respect de la trajectoire de 2°C implique de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 40% à 70% d’ici à 2050 par rapport au niveau de 2010 selon les estimations du GIEC.
A l’heure actuelle, 188 pays, dont le Venezuela samedi, ont déposé auprès des Nations Unies des contributions nationales (INDC) exposant leurs objectifs de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. La somme de ces engagements conduit à une trajectoire de réchauffement proche de 3°C à l’horizon 2100 selon les estimations actuelles.
Des ambitions à réviser
Il a donc été décidé de mettre en place un mécanisme de révision des contributions tous les 5 ans. Un bilan des actions menées par chaque pays sera ainsi effectué en 2023 (article 14) lors d’une COP et les Parties devront revoir à la hausse leurs engagements en 2025, puis tous les cinq ans sauf décision contraire conclue lors d’une prochaine Conférence Climat. Notons que la « Coalition pour une haute ambition », constituée d’une centaine de pays dont les États-Unis et les États membres de l’Union européenne, prévoit de s’engager à une révision des INDC en 2020.
Rappelons que les INDC sont fixées par les États eux-mêmes et qu’ils n’ont pas de valeur juridiquement contraignante, étant uniquement soumis à une « pression des pairs ». L’accord de Paris souligne par ailleurs à nouveau le principe des « responsabilités communes mais différenciées » (article 2) selon lequel les pays développés doivent assumer leur responsabilité historique face au changement climatique et « montrer la voie en assumant des objectifs de réduction des émissions en chiffres absolus » (article 4).
Un plancher de financements pour les pays du Sud
L’accord de Paris à proprement parler porte sur la période après 2020 et il est précédé dans le texte remis samedi de « décisions » pouvant être révisées chaque année lors des différentes COP. C’est parmi ces décisions qu’est abordée la question très sensible des financements : il est prévu que les 100 milliards de dollars par an de financements des pays développés aux pays du Sud constituent « un plancher » à partir de 2020. Ce niveau devra être révisé à la hausse au plus tard en 2025.
L’accord de Paris sera ouvert à la signature au siège des Nations Unies à New York durant un an à partir du 22 avril 2016, journée de la Terre (article 20). Pour entrer en vigueur en 2020, il devra avoir été ratifié, accepté ou approuvé par 55 Parties au minimum comptant pour au moins 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (article 21).
L’énergie pas explicitement mentionnée dans l’accord final
Il n’est fait qu’une fois mention à l’énergie dans le texte final de la COP21 (dans la partie précédant l'accord). Dans le préambule, il est reconnu « la nécessité de promouvoir l'accès universel à l’énergie durable dans les pays en développement, en particulier en Afrique, en renforçant le déploiement des énergies renouvelables ». L'objectif de développement des renouvelables (éolien et photovoltaïque en tête) est également cité dans de très nombreuses INDC, souligne l’IRENA.
En clôture de la COP, Laurent Fabius a expliqué de façon diplomate que l’accord de Paris devait permettre d’accompagner « les producteurs d’énergies fossiles dans leurs efforts de diversification technologique et économique ». La tarification du carbone, devant faciliter cette diversification, est notamment citée dans le texte final comme un outil incitant à la réduction des émissions.
La COP21 au Bourget aura finalement duré 13 jours. (©flickr-UNclimatechange)
Plus de renouvelables et une meilleure efficacité énergétique
Selon Richard Black, directeur du think tank britannique ECIU (Energy and Climate Intelligence Unit), les pays miseront principalement sur l’efficacité énergétique pour atteindre leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Dans le secteur électrique, les trois options qu’il identifie pour une transition énergétique sont la capture et le stockage de CO2, le nucléaire et les énergies renouvelables. Selon lui, « personne ne construit de système de capture et de stockage de CO2 sur des centrales électriques et seules la Chine, l’Inde et la Russie investissent fortement dans le nucléaire » (avec respectivement 21, 9 et 6 réacteurs en construction).
Pour la plupart des pays, le développement des énergies renouvelables constituera donc l’élément central des futures stratégies énergétiques, « d’autant plus avec la baisse des coûts des renouvelables et eu égard à la rapidité de construction de ces unités de production » selon Richard Black. Dans ces conditions, un enjeu central consistera à développer des solutions de stockage d’énergie pour accompagner le développement des énergies intermittentes.
L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) salue l’Accord de Paris comme « une étape historique pour le secteur énergétique mondial », accélérant le transfert des investissements vers les énergies « propres » et l’efficacité énergétique. Elle estime que ces investissements devraient s’élever, au niveau mondial, à 13 500 milliards de dollars d’ici à 2030 pour que les pays respectent leurs INDC.
Quel mix énergétique pour demain ?
Lors de la COP21, l’objectif de mix 100% renouvelables à l'horizon 2050 a été défendu par de nombreuses ONG et par des villes. Pour y parvenir, l’association négaWatt estime notamment qu’une plus grande sobriété énergétique pourrait jouer un rôle aussi important que l’efficacité énergétique en France.
Ces objectifs restent encore assez éloignés des dernières prévisions de l’AIE présentées juste avant la COP21. L’Agence y envisage bien que les énergies renouvelables deviennent la première source d’électricité dans le monde devant le charbon au début des années 2030 mais elle prévoit que la production mondiale d'énergie primaire repose encore à près de 75% sur les énergies fossiles en 2040 (contre 81,4% en 2013).
Mix énergétique mondial en 2013 (©Connaissance des Énergies)
Les réactions après l'accord de Paris
« La justice climatique a gagné » selon le Premier ministre indien
Le Premier ministre indien Narendra Modi a salué dimanche l'adoption de l'accord de Paris, y voyant une victoire de "la justice climatique". "Il n'y a ni gagnants ni perdants à la conclusion de l'accord de Paris. La justice climatique a gagné et nous travaillons tous à un avenir plus vert", a déclaré le dirigeant indien sur son compte Twitter.
"Le changement climatique demeure un défi mais l'accord de Paris montre comment tous les pays ont relevé ce défi et travaillé pour trouver une solution", a-t-il également twitté. "Les délibérations à la COP21 et l'accord de Paris démontrent la sagesse collective des dirigeants mondiaux pour atténuer le changement climatique", a-t-il poursuivi.
Xi Jinping salue "un signal important" pour la gouvernance mondiale
Le président chinois Xi Jinping a salué l'accord de Paris, 2 jours après l'issue de la COP21, soulignant "un signal important" pour la gouvernance mondiale, lors d'un entretien téléphonique avec François Hollande, a-t-on appris auprès de l'Elysée.
"C'est un signal important pour l'efficacité de la gouvernance mondiale", a déclaré le numéro un chinois lors de cette conversation, toujours selon l'Elysée, estimant que la conférence de Paris, "historique", constituait "un nouveau départ pour la lutte contre le changement climatique". Pour Xi Jinping, a encore rapporté la présidence française, la visite d'Etat du président Hollande en novembre à Pékin avait "permis d'arriver à un consensus important, donnant l'impulsion à l'accord de Paris".
Obama salue auprès de Hollande "un pas en avant essentiel et un message au monde très fort"
Le président américain Barack Obama a salué "un pas en avant essentiel et un message au monde très fort" avec l'accord de la COP21, lors d'un entretien téléphonique avec François Hollande, a-t-on appris auprès de l'Elysée. Barack Obama a "remercié François Hollande pour l'énorme accomplissement réalisé à travers cet accord historique" estimant qu'il s'agissait d'"un pas en avant essentiel et d'un message au monde très fort", selon l'entourage du président français.
Tous deux "ont souligné l'excellente coopération des équipes" française et américaine lors de cette conférence et sont "convenus de la nécessité de continuer à travailler ensemble à la mise en oeuvre effective" de l'accord, a-t-on poursuivi de même source.
Laurent Fabius applaudi à l'Assemblée nationale pour le succès de la COP21
Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, a été applaudi mardi 15 décembre à l'Assemblée nationale pour le succès de la COP21, la conférence sur le climat du Bourget qu'il a présidée pendant deux semaines.
A l'issue d'une question posée par Denis Baupin (EELV), qui l'a félicité, Laurent Fabius a été ovationné par les députés de gauche, debout dans l'hémicycle, auxquels se sont joints quelques élus de droite. Les traits encore tirés par ces négociations marathon, qui ont nécessité trois dernières nuits de pourparlers, il a rappelé que les députés auraient à approuver l'accord scellé samedi, qui sera soumis à la ratification des pays à partir du 22 avril 2016 (jusqu'au 21 avril 2017).