En 2018, le lignite et l’éolien ont respectivement compté pour 24,1% et 20,4% de la production électrique de l’Allemagne. (©RWE)
Pour la première fois, l’Allemagne a produit plus d’électricité grâce aux énergies renouvelables qu’au charbon en 2018, selon un rapport publié le 3 janvier par l’institut allemand Fraunhofer ISE(1).
Plus de 40% d’électricité d’origine renouvelable en 2018
En 2018, les énergies renouvelables (éolien, solaire photovoltaïque, biomasse et hydroélectricité) ont produit 219 TWh d’électricité en Allemagne, soit 4,3% de plus qu’en 2017. Elles ont compté pour 40,4% de la production électrique allemande des douze derniers mois, contre 38% pour le charbon (lignite et houille confondus). La part des renouvelables dans le mix électrique outre-rhin a approximativement doublé depuis le début des années 2010(2).
Dans le détail, la production électrique d’origine renouvelable en Allemagne provient principalement de l’énergie éolienne. Avec une puissance installée avoisinant 59,2 GW à fin 2018, le parc éolien national (composé très majoritairement d'installations terrestres) a produit 111 TWh en 2018, soit 20,4% de la production électrique allemande(3).
Les centrales photovoltaïques allemandes ont pour leur part vu leur production augmenter de 16% en 2018. Avec 45,7 TWh générés l’an dernier, elles ont compté pour 8,4% de l’ensemble de la production électrique allemande(4). Suivent la biomasse (44,8 TWh, 8,3% de la production électricité allemande en 2018) et l’hydroélectricité (17 TWh, 3,2% du mix électrique).
Selon l’institut Fraunhofer ISE, la part des énergies renouvelables devrait rester supérieure à 40% en 2019, compte tenu du nombre d’installations renouvelables en construction (en prenant en compte les aléas météorologiques). L’Allemagne s’est fixé pour objectif de produire 65% de son électricité à partir des énergies renouvelables en 2030.
La production électrique allemande a principalement reposé sur le lignite et l’éolien en 2018. (©Connaissance des Énergies d’après Fraunhofer ISE)
L’Allemagne, fortement exportatrice d'électricité grâce au lignite
Le lignite et la houille ont encore respectivement compté pour 24,1% et 13,9% de la production électrique allemande en 2018. L’institut Fraunhofer ISE distingue ces deux types de charbon car le lignite, charbon « de rang inférieur » (50% à 60% de carbone), est extrait localement (contrairement à la houille qui est importée) à des coûts très peu élevés(5). Le lignite « émet bien plus de gaz à effet de serre que la houille (1,2 kg CO2/kWh pour le lignite contre 0,8 kg CO2/kWh pour la houille) » et plus de trois fois plus que le gaz naturel (dont la part dans le mix électrique allemand a baissé à hauteur de 7,4% en 2018), précise Bruno Burger, responsable du dernier rapport du Fraunhofer ISE. Une commission discute actuellement en Allemagne des conditions de la sortie du charbon.
Compte tenu des « prix très bas de l’électricité produite à partir du lignite et de la faible valeur des certificats d’émissions de CO2, l’Allemagne exporte d’importants volumes d’électricité » vers ses pays voisins, note Bruno Burger. En 2018, le pays a exporté 45,6 TWh, principalement vers les Pays-Bas (l’électricité transitant par la suite vers la Belgique et la Grande-Bretagne), l’Autriche et la Suède(6) et a importé seulement 8,3 TWh d’électricité de France.
Avec 72,1 TWh produits en 2018, le parc nucléaire allemand a pour sa part encore compté pour 13,3% de la production électrique allemande l’an dernier. Pour rappel, l’Allemagne a décidé, suite à l’accident de Fukushima Daiichi, de sortir du nucléaire d’ici à 2022.
Rappelons que les ménages allemands sont les Européens qui paient leur électricité le plus cher après le Danemark : 0,30 €/kWh au 1er semestre 2018, soit 70% de plus qu’en France. Ce prix très élevé est en grande partie dû à l'importance des taxes (48,6% du prix final selon Eurostat).
Le coût associé aux réseaux électriques est particulièrement élevé en Allemagne, notamment en raison du raccordement onéreux des parcs éoliens offshore. (©Connaissance des Énergies d’après Eurostat)