- Source : IRENA
Les politiques de l’Allemagne en faveur des énergies renouvelables (EnR) ont été amorcées dès les années 1970. Elles se sont développées plus significativement ces dernières années avec la mise en œuvre de l’« Energiewende », une transition énergétique qui prévoit entre autres la sortie du nucléaire outre-Rhin d’ici à 2022. S’appuyant principalement sur un système de tarifs de rachat garantis, l’Allemagne a en particulier cherché à développer les EnR dans le secteur électrique : ces dernières comptent pour 27,8% du mix de production électrique national en 2014 et pour un peu plus de 30% au premier semestre 2015.
Dans cette étude en anglais, l’IRENA (Agence internationale des énergies renouvelables) décrit les conditions dans lesquelles l’Allemagne devrait poursuivre le déploiement des énergies renouvelables d’ici à 2030. L’Agence étudie un scénario de référence résultant des politiques allemandes en cours et un scénario dit « REmap 2030 » suivant une politique plus volontariste en faveur des EnR (« REmap 2030 » est un programme de l’IRENA étudiant les moyens de doubler la part des EnR dans le mix énergétique mondial à l’horizon 2030).
L’Allemagne s’est fixé pour objectif de satisfaire 30% de sa consommation d’énergie finale à partir des énergies renouvelables en 2030 (contre 10,5% en 2010). Actuellement, plus de la moitié de la contribution des EnR au mix énergétique allemand provient de la biomasse satisfaisant des besoins de chauffage. Les EnR productrices d’électricité (éolien, biomasse, hydroélectricité, photovoltaïque par ordre d’importance) ne comptent que pour un tiers de la consommation totale d’énergies renouvelables en Allemagne, alors même qu’elles y focalisent l’attention.
Dans son scénario de référence, l’IRENA estime que la part des EnR dans la consommation d’énergie finale allemande devrait avoisiner 27% en 2030, en grande partie grâce au déploiement de ces EnR productrices d'électricité (en particulier de l’éolien terrestre et offshore). Dans son scénario plus volontariste « REmap 2030 », l’IRENA estime même que les EnR pourraient compter pour deux tiers de la production électrique totale de l’Allemagne en 2030. Cette dernière pourrait alors, selon l'Agence, être satisfaite pour moitié par des sources intermittentes, c’est-à-dire l’éolien et le photovoltaïque.
Le développement des énergies intermittentes confronte toutefois l’Allemagne à d’importants défis, notamment en matière d’équilibre entre production et consommation sur le réseau. Pour ce faire, l’Allemagne compte développer un marché électrique plus intelligent : celui-ci nécessitera la poursuite de l’intégration des marchés électriques européens afin de tirer profit des interconnexions avec les pays voisins, le déploiement de « smart grids » et notamment des compteurs communicants (permettant de réduire la consommation à certains moments grâce aux effacements) et le développement de solutions de stockage de grande ampleur moins coûteuses que les batteries.
Le coût des investissements nécessaires pour que l'Allemagne atteigne ses objectifs de développement des EnR est estimé par l'IRENA à environ 15,7 milliards de dollars par an d’ici à 2030. La dimension économique de ces politiques est un facteur fondamental du développement des EnR. La taxe « EEG » (équivalent de la CSPE française) qui a jusqu’ici permis de soutenir le développement des énergies renouvelables en Allemagne a subi une réforme importante en 2014 pour ralentir sa forte croissance (l'Allemagne est le pays de l'Union européenne où les particuliers paient le plus cher leur électricité). Incluse dans le prix de l’électricité payé par les ménages allemands (à hauteur de 62,4 €/MWh en 2014), elle constitue en moyenne 21,5% de leurs factures d'électricité en 2014.
L’IRENA assure toutefois que les investissements à venir en faveur des EnR seront compensés par de nombreuses économies : réduction des importations d’énergies fossiles (jusqu’à 30 milliards par an en moins selon le scénario « REmap2030 »), baisse des dépenses de santé dues à la pollution atmosphérique (1 à 2 milliards par an), bénéfices liées à la lutte dans le changement climatique (2 à 8 milliards par an), etc. Face à l’attention portée au secteur de l’électricité, l’IRENA appelle enfin l’Allemagne à renforcer également ses actions en matière d’efficacité énergétique et de chaleur renouvelable qui sont, selon elle, « le talon d’Achille » de l’Energiewende à l’heure actuelle.