- Source : Ifri
L’Allemagne a « une longue tradition de politiques climatiques » et s’est régulièrement dotée d’objectifs de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Il est toutefois improbable que ce pays atteigne la cible qu’il s’est fixée à l’horizon 2020, à savoir une baisse de 40% de ses émissions par rapport à 1990.
Dans cette étude en anglais publiée le 14 décembre par le Centre Énergie de l’Ifri, Felix Christian Matthes(1) rappelle les politiques climatiques successives en Allemagne (depuis 1990) et le contexte énergétique de ce pays, en particulier dans le secteur électrique (sortie programmée du nucléaire, développement rapide des énergies renouvelables, importance des émissions de CO2 en raison du poids du charbon). Il étudie les conditions d’instauration d’un prix plancher du carbone dans le secteur électrique et émet des recommandations quant à sa possible mise en œuvre.
Selon Felix Christian Matthes, l’Allemagne pourrait manquer « de 7 à 8 points » son objectif de réduction des émissions de GES à l’horizon 2020, malgré les dernières décisions gouvernementales (arrêt forcé de centrales au lignite, soutien plus important à la cogénération, etc.). En 2016, l’Allemagne avait réduit de 28% ses émissions par rapport à 1990.
Ce constat d’échec a suscité, depuis 2014, des débats politiques de plus en plus vifs sur les moyens de réduire les émissions nationales, et notamment sur la sortie du charbon. Le rythme des fermetures de centrales à charbon a d’ailleurs occupé une place importante lors des discussions d’octobre/novembre 2017 visant à constituer une coalition gouvernementale (le FDP plaidant pour 3 à 5 GW de capacités à fermer d’ici 2020 contre 8 à 10 GW pour les Verts).
Pour rappel, le charbon (lignite et « hard coal » cumulés) compte actuellement pour près de 40% de la production électrique allemande. La part des énergies renouvelables dans ce mix devrait dépasser 35% en 2017. Felix Christian Matthes précise par ailleurs que près de 8% à 9% de la production électrique allemande est aujourd’hui exportée.
L’auteur précise que les émissions allemandes relatives à la production électrique pourraient être significativement réduites en cas d'introduction d’un prix plancher du CO2 compris entre 15 euros et 30 euros par tonne. Il recommande que ce prix plancher fasse l’objet d’une action concertée avec la France, l’Autriche, les Pays-Bas et les autres pays de la zone « Central West Europe » riche en interconnexions(2). Une telle mesure s’accompagnerait naturellement de défis juridiques et politiques et devrait s’intégrer dans une politique plus large de décarbonation.