De g. à d. : debout, le Commissaire européen Günther Oettinger, Eric Besson et ses homologues allemand Jochen Homan et polonais Maciej Kaliski ; assis, les présidents de Megrid Andre Merlin, et de Dii, Paul Van Son. (©Union européenne, 2011)
Les consortiums industriels Desertec et Medgrid ont signé à Bruxelles, jeudi 24 novembre, un accord de coopération renforçant le Plan Solaire Méditerranéen (PSM). Explications.
Desertec / Medgrid, deux projets complémentaires
L’accord entre Desertec et Medgrid, signé en présence d'Eric Besson et de son homologue allemand en marge d’un Conseil Energie(1), prévoit une plus grande coopération entre ces deux initiatives industrielles complémentaires.
Le projet Desertec a pour objectif d’utiliser l’ensoleillement des déserts nord-africains afin de produire de l’électricité et en exporter une partie vers l’Europe. Le protocole d’accord du projet a été signé en juillet 2009 et a abouti à la création du bureau d’études Desertec Industrial Initiative (DII) qui est chargé de l’élaboration des plans d’exploitation concrets et des financements associés. Garant d’un approvisionnement européen en énergie plus diversifié, Desertec ambitionne de couvrir jusqu’à 15% des besoins en électricité de l’Europe à partir de 2025. Il est porté par une fondation éponyme allemande et soutenu actuellement par plus de 55 entreprises et institutions.
D’origine française, le projet Medgrid a été lancé en décembre 2010 afin de créer un réseau transméditerranéen de transport d’électricité. Il vise à construire des lignes à très haute tension entre les rives nord et sud de la Méditerranée et réunit 21 actionnaires européens, parmi lesquels les entreprises françaises Areva renouvelables, EDF, INEO (GDF Suez), Nexans et RTE.
L’action des deux consortiums est complémentaire : « d’un côté, la production d’énergie, de l’autre, son transport : nous avions naturellement vocation à converger » confirme le président de Medgrid, André Merlin.
Perspectives pour l’UE et la Méditerranée
Les deux projets s’inscrivent dans la mise en œuvre du Plan Solaire Méditerranéen qui vise à développer l’utilisation des énergies renouvelables et de renforcer l’efficacité énergétique des 43 Etats membres de l’Union pour la Méditerranée(2). Ledit plan est confronté à la question du financement de ses projets (plus de la moitié de ceux à l’étude sont consacrés à l’énergie solaire), avec un coût total de 38 à 46 milliards d’euros sur la période 2009-2020(3). Il ambitionne de déployer des unités de production renouvelables au sud et à l’est de la Méditerranée d’une puissance installée totale de 20 GW d’ici à 2020.
La production électrique pourra être assumée en continu grâce à d’immenses centrales solaires à concentration thermique au Maghreb qui permettent de stocker temporairement de l’énergie. Desertec est actuellement engagé dans son premier projet de centrale solaire près de Ouarzazate (sud du Maroc), d’une puissance de 500 MW.(4) Le coût du projet atteint près de 2 milliards d’euros et bénéficie d’un financement de 30 millions d’euros de la Commission européenne ainsi que de plusieurs prêts de la Banque Mondiale atteignant près de 300 millions d’euros.
Côté transport se pose le défi de l’interconnexion avec l’Europe puisqu’il est prévu que 5 GW des 20 GW du PSM soient exportés vers l’Union européenne. A ce jour, seule une double ligne à courant alternatif de 1,4 GW relie les deux continents sous le détroit de Gibraltar. Les progrès techniques permettent actuellement de réduire les pertes en lignes(5) à 3% pour 1 000 km et à 2 % à l’entrée et à la sortie du réseau très haute tension(6).
En définitive, le Plan Solaire Méditerranéen bénéficie aux pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord ) mais également à l’UE car il permettra à ses Etats membres d’augmenter la part d’énergies renouvelables dans leur consommation finale d’énergie, un objectif imposé par le 3e paquet énergie-climat. En outre, la coopération Nord-Sud permet aux promoteurs des projets du PSM de générer des crédits carbone dans le cadre du protocole de Kyoto (projets MDP). Pour la Commission européenne, l’accord signé aujourd’hui constitue ainsi une nouvelle étape d’un projet « gagnant-gagnant ».