La méthanisation permet de produire du biogaz et du digestat. (©GRDF-VDM)
Deux semaines après la présentation du « Bilan prévisionnel » de l’équilibre offre-demande sur le réseau électrique français, c’est au tour des gestionnaires de réseaux gaziers de présenter leur vision prospective (à l’horizon 2035). En voici les principaux enseignements.
Efficacité énergétique : vers une baisse de la consommation gazière
Dans le « Bilan prévisionnel gaz pluriannuel 2017-2035 » publié le 21 novembre(1), GRDF, GRTgaz, le SPEGNN(2) et TIGF(3) rappellent que la consommation française de gaz a atteint 487 TWh en 2016, soit environ 5% de plus qu’en 2015 (notamment en raison de la hausse de production des centrales à gaz l’hiver dernier). Les bâtiments résidentiels et tertiaires sont à l'origine d'un peu plus de la moitié de cette demande. Les trois régions du nord-est de la France (Ile-de-France, Grand-Est et Hauts-de-France) comptent pour près de 45,8% de la consommation nationale.
Hors production d’électricité, la consommation française de gaz pourrait baisser de 1,2% par an dans les deux décennies à venir selon le scénario de référence du Bilan prévisionnel (atteignant 364 TWh en 2035 contre 413 TWh en 2016). Les gestionnaires de réseaux estiment pourtant que 1,6 million de logements supplémentaires pourraient être chauffés au gaz durant cette période(4) (notamment avec le remplacement des chaudières à condensation par des pompes à chaleur au gaz dans les bâtiments neufs).
Cette prévision et le développement du gaz naturel véhicule (GNV) seraient en effet contrebalancés par « l’amélioration technologique des systèmes performants au gaz et les rénovations des bâtiments ». En d’autres termes, l’efficacité énergétique permettrait de réduire la consommation de gaz, conformément aux ambitions de la PPE (réduction de la consommation primaire de gaz compris entre 9% et 16% d’ici à 2023 par rapport à 2012).
Deux scénarios alternatifs sont par ailleurs présentés dans le Bilan prévisionnel : l’un « volontariste » misant sur des politiques publiques favorables au développement du gaz (scénario « B ») table sur une consommation gazière hors électricité atteignant 417 TWh en 2035 (soit un niveau quasi-stable par rapport à 2016), l’autre moins favorables à la filière (scénario « C ») envisage que la demande sera réduite à 316 TWh par an en 2035 (soit une baisse de plus de 23% par rapport à 2016).
En 2016, près de 15,1% de la consommation française de gaz a été utilisée pour produire de l'électricité. (©Connaissance des Énergies)
Gaz « renouvelable » : jusqu’à 90 TWh de production annuelle en 2030
Pour rappel, la loi de transition énergétique pour la croissance verte a fixé pour objectif de porter à 10% la part de gaz « renouvelable » dans la consommation française de gaz en 2030. La PPE fixe à plus court terme un objectif de production de 8 TWh en 2023, une cible que les gestionnaires de réseaux se disent certains d'atteindre, compte tenu du nombre de projets d'injection de biométhane en cours (la totalité d'un projet dure en moyenne 5 à 7 ans).
Parmi les filières produisant du gaz « renouvelable », le Bilan prévisionnel cite la méthanisation de la biomasse et de déchets (filière la plus mature) ainsi que la gazéification et le power-to-gas (associé à la méthanation) dont le développement devrait s’accélérer durant la décennie 2020. Le gaz « de mine » n'est en revanche pas comptabilisé par les gestionnaires de réseaux car il est considéré comme un gaz « de récupération ».
Dans leur scénario « volontariste », les gestionnaires de réseaux estiment que la production de gaz renouvelable en France pourrait atteindre 90 TWh en 2030, soit « près de 3 fois l'objectif de la loi de transition énergétique » à cet horizon (l'objectif de 10% de la loi est fixé par rapport à une consommation de 300 TWh de gaz en 2030, indique GRDF).
A fin octobre 2017, précisons que 40 sites en France injectaient du biométhane en France dans les réseaux pour un volume total d’environ 0,5 TWh, un niveau jugé « prometteur » par les opérateurs de réseaux.
Quelles perspectives pour le GNV ?
Dans les transports, il est rappelé que près de 20 millions de véhicules dans le monde sont alimentés par du GNV (gaz naturel véhicule), mais seulement 15 000 véhicules en France (consommation actuelle proche de 1 TWh par an).
Les opérateurs de réseaux gaziers plaident pour une fiscalité plus avantageuse pour le GNV, en particulier pour le « BioGNV » (issu de la biomasse ou de déchets). Ils imaginent au total un parc de 300 000 à 1 million de véhicules alimentés au gaz à l'horizon 2035, qui compterait alors pour environ 10% de la consommation française de gaz.
Dans les transports, la consommation française de GNV est actuellement tirée par les poids-lourds. (©GRDF)