Une consommation mondiale de charbon encore en hausse en 2024

Christian de Perthuis

Professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine - PSL

Fondateur de la Chaire Économie du Climat

Dans son rapport de l’an passé, l’AIE évoquait un « point de retournement historique » avec le pic charbonnier en vue. Changement de ton, dans le rapport 2024. La consommation mondiale devrait progresser de 1% en 2024 (2,4% en 2023). Pour les trois prochaines années, il n’est plus question que d’un plateau (légèrement ascendant en réalité).

De la lecture du rapport, j’ai retenu quatre points principaux.

Une reprise post-COVID qui perdure

En 2020, la consommation mondiale de charbon avait baissé de près de 4%. La remontée de 7,7% en 2021 n’a pas été que conjoncturelle. La tendance décrite par l’AIE sur la période 2020 à 2027 est en hausse, principalement tirée par la production d’électricité (deux tiers de la consommation mondiale). Cette tendance est moins favorable que celle prévalant avant le COVID (légère baisse de la consommation entre 2012 et 2019).

Un moindre impact des baisses américaine et européenne

Le déclin de la consommation de charbon dans l’Union européenne et aux États-Unis pèse moins sur l’évolution de la consommation mondiale. D’une part, le rythme de la baisse ralentit, surtout aux États-Unis ; d’autre part, les deux ensembles représentent désormais moins de 10% de la consommation mondiale.

Consommation de charbon en 2024

Le poids croissant de l’Inde et des pays de l’ASEAN

Dans les prévisions de l’AIE, la tendance légèrement ascendante de la consommation mondiale de charbon résulte des hausses attendues dans trois zones : par ordre d’importance décroissante, l’Inde, les pays de l’ASEAN (principalement l’Indonésie et le Vietnam) et la Chine.

Une certaine incertitude pèse sur la Chine où une moindre progression de la consommation d’électricité ou une meilleure intégration des renouvelables seraient susceptibles de faire baisser la consommation de charbon d’ici 2027, rappelle l’AIE.

Le CCUS aux abonnés absents

Dans son rapport annuel, l’AIE fournit quelques précisions sur les capacités de capture, stockage et réutilisation du CO2 (CCUS).

Les capacités installées permettent de capturer 0,05% des émissions globales résultant de la combustion de charbon (ces émissions s'élèvent à 15,5 Gt de CO2 en 2023, soit 40% des émissions mondiales de CO2 hors changement d’usage des terres).

Les projets en développement ou annoncé permettraient, s’ils aboutissent, à tripler cette quantité, soit une élimination de l’ordre de 0,2% des émissions mondiales. Sans baisse de la consommation de charbon, il n’y aura pas de recul des émissions associées à sa combustion.

Sources / Notes

Cet article a été publié sur le site de Christian de Perthuis.

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