L’hydroélectricité est de loin l’énergie renouvelable produisant le plus d’électricité en Amérique du Nord. Ici le barrage de Revelstoke en Colombie-Britannique, à l’ouest du Canada. (©BC Hydro)
Lors du sommet annuel dit des « trois amigos », les États-Unis, le Canada et le Mexique ont annoncé la semaine dernière leur engagement commun de produire la moitié de leur électricité à partir de sources décarbonées en 2025. Rappels sur les mix électriques de ces trois pays.
Une cible lointaine pour le Mexique, largement dépassée au Canada
Réunis à Ottawa, le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les présidents américain Barack Obama et mexicain Enrique Peña Nieto se sont engagés à produire 50% de leur électricité à partir d’énergie « propre » en 2025 contre 37% pour le cumul de leurs productions actuelles (sachant que la production électrique américaine est plus de 13 fois supérieure à celle du Mexique). Il est précisé par les dirigeants que l’énergie « propre » désigne les sources décarbonées, à savoir les énergies renouvelables (principalement l’hydroélectricité, l’éolien et le solaire), le nucléaire et les unités de production incluant des technologies de capture et de stockage du CO2.
Chacun des trois pays s’appuie aujourd’hui sur un mix électrique bien différent. Aux États-Unis, les énergies nucléaire et renouvelables génèrent actuellement près d’un tiers de la production nationale d’électricité. C’est bien plus qu’au Mexique où les énergies fossiles comptent encore pour 79,7% de la production électrique en 2015. En revanche, le Canada a déjà largement dépassé la cible commune de 50% puisque la seule hydroélectricité fournit plus de 60% de l’électricité dans le pays (le Canada est le 2e producteur hydroélectrique dans le monde après la Chine et devant le Brésil).
Côté canadien, il est néanmoins prévu de faire encore progresser la part des énergies « propres » à un niveau de 84% de la production électrique en 2025 (contre 80,7% en 2014). Au Mexique, la loi de transition énergétique votée fin 2014 fixe un objectif de 35% d’électricité « propre » à l’horizon 2024 tandis que les États-Unis appuient leur action de décarbonation du secteur électrique sur le Clean Power Plan qui vise à réduire les émissions de CO2 de ce dernier de 32% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2005 (l'application de ce Plan a toutefois été suspendue par la Cour Suprême en février 2016)(1).
Les 3 pays produisent aujourd’hui conjointement 37% de leur électricité à partir de sources décarbonées. (©Connaissance des Énergies)
Quelques lignes directrices du partenariat nord-américain
Si l’hydroélectricité et l’énergie nucléaire constituent dans les trois pays le socle de production « décarbonée », le développement rapide des autres sources renouvelables, pour la plupart intermittentes (photovoltaïque et éolien en tête), s’accompagne de nouveaux défis aux premiers rangs desquels le stockage de l’électricité(2).
Pour augmenter la flexibilité du réseau électrique nord-américain, les trois pays se sont ainsi engagés à développer de nouvelles interconnexions électriques(3) dont la capacité additionnelle pourrait atteindre 5 000 MW (par exemple le « New England Clean Power Link » entre le Vermont et la Nouvelle-Angleterre(4)). En 2014, les États-Unis ont importé 59,4 TWh du Canada et exporté 12,9 TWh vers ce pays (7,1 TWh d’importations et seulement 437 GWh d’exportations avec le Mexique)(5).
Dans leur déclaration commune(6), les « trois amigos », liés depuis 1994 par l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain), se sont également engagés à mener une étude conjointe sur les opportunités et impacts de l’ajout de nouvelles capacités renouvelables au réseau électrique nord-américain. Ils prévoient par ailleurs de renforcer leur collaboration en matière d’efficacité énergétique (avec notamment des standards communs) et de transports « propres ». Le Mexique a par ailleurs rejoint l’engagement américano-canadien de réduire de 40% à 45% les émissions de méthane d’ici à 2025 par rapport à 2012.
Notons que l’élection présidentielle américaine (8 novembre 2016) pourrait avoir un fort impact sur ces engagements si le candidat républicain Donald Trump succède à Barack Obama dont il dénonce avec vigueur les politiques climatiques.