Entre 2012 et 2015, la production américaine de pétrole a augmenté de 43%. (©Anadarko)
Malgré la chute des cours des hydrocarbures, les États-Unis sont toujours les premiers producteurs mondiaux de pétrole et de gaz naturel en 2015 selon le dernier BP Statistical Review publié hier. Retrouvez les chiffres clés du pétrole et du gaz sous forme d’infographie en fin d’article.
Une consommation équivalente à celles de la Chine, de l'Inde et de la Russie réunies
BP a publié hier la 65e édition de son BP Statistical Review qui délivre chaque année ses données chiffrées sur les différentes énergies, avec une attention particulière portée au pétrole et au gaz naturel. Avec le fort développement de l’exploitation de ses hydrocarbures non conventionnels, les États-Unis restent un acteur central sur les marchés pétroliers.
La consommation américaine de pétrole a notamment atteint 19,4 millions de barils par jour (Mb/j) en 2015, soit autant que celles de la Chine, de l’Inde et de la Russie réunies. Précisons ici que le périmètre des hydrocarbures couverts par le terme « pétrole » varie d’une organisation à une autre (AIE, BP, EIA américaine, etc.). Dans le cas de BP, le pétrole inclut le brut (dont le pétrole de schiste et les sables bitumineux) et les liquides de gaz naturel.
Une hausse de production de 1 Mb/j en 2015
La production américaine de pétrole a encore augmenté de près d’un million de barils par jour en 2015 pour atteindre 12,7 Mb/j alors même que le prix du baril de brut a quasiment été divisé par 2 par rapport à 2014 (en moyenne 48,7$ le baril de West Texas Intermediate en 2015 contre 93,3$ en 2015).
Pour rappel, l’Arabie saoudite avait refusé en novembre 2014 d’ajuster sa production à la baisse et de maintenir ainsi les cours du pétrole à un niveau stable comme elle avait pu le faire dans le passé (rôle de « swing producer »). La monarchie pétrolière avait ainsi fait le choix de défendre ses parts de marché vis-à-vis des États-Unis au détriment des prix. Or, la production américaine a fait preuve d’une résilience inattendue.
En 2014, la hausse de production américaine de pétrole avait été de 1,7 Mb/j, rappelle Guy Maisonnier, économiste à IFP Énergies nouvelles. Il y ainsi eu une « décélération de la hausse américaine » en 2015, toutefois limitée grâce à une hausse de productivité des puits exploités. Cette décélération devrait être suivie d’un « léger retrait en 2016 » selon Guy Maisonnier, avec une baisse de la production de pétrole de schiste compensée en partie par une hausse de celle des liquides de gaz naturel. Précisons que la production de pétrole de l’Arabie saoudite a pour sa part augmenté de 500 000 barils par jour et atteint 12,0 Mb/j en 2015.
Un mix énergétique mondial toujours aussi carboné
Le pétrole et le gaz naturel ont compté pour 56,7% de la consommation mondiale d’énergie en 2015 (contre 56,3% en 2014). La part du charbon, 2e source d’énergie après le pétrole, est en très léger recul (29,2%), loin devant le nucléaire (4,4% avec une forte croissance de la production chinoise), l’hydroélectricité (6,8%) et les autres énergies renouvelables (2,8%).
La consommation mondiale d’énergie a au total augmenté de près de 1% en 2015, soit quasiment moitié moins que la croissance moyenne au cours de la dernière décennie (1,9% par an). Alors que l’année 2015 a été marqué par l’accord « historique » de la COP21, cette hausse, combinée au fait que les énergies fossiles satisfont encore selon BP plus de 85% de la demande mondiale(1), reste bien éloignée des ambitions affichées en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
Selon BP, les émissions mondiales de CO2 liées à la combustion d’énergie ont « seulement » augmenté de 0,1% en 2015, soit la plus faible hausse depuis 1992, hors récession de 2009. Toutefois, le GIEC estime que c’est une baisse de 40% à 70% de l’ensemble des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à 2050 (par rapport au niveau de 2010) qui est nécessaire pour limiter le réchauffement climatique à une hausse de température de 2°C à l’horizon 2100(2) en atteignant une économie quasiment neutre en carbone durant la deuxième partie du XXIe siècle.
Chiffres clés du pétrole et du gaz naturel en 2015 (©Connaissance des Énergies)