- Source : SFEN
La loi de transition énergétique pour la croissance verte fixe pour objectif de porter à 50% la part du nucléaire dans la production électrique française en 2025 (contre 72,3% en 2016). Cette ambition impliquerait de fermer des réacteurs dont le nombre reste débattu, alors que seule la centrale de Fessenheim est aujourd’hui ciblée. La filière nucléaire s’oppose quant à elle à un objectif « politique » et appelle à prolonger la durée d’exploitation des réacteurs nucléaires en service en France au-delà de 40 ans (durée d’autorisation initiale de fonctionnement).
Dans cette note publiée le 21 septembre, la Société française d’énergie nucléaire (SFEN)(1) rappelle qu’il existe différentes méthodes de calcul des coûts de production électrique et présente celle qui lui semble pertinente dans le cadre de la révision de la PPE (programmation pluriannuelle de l'énergie). Se référant aux rapports de la Cour des comptes et aux données de l’électricien EDF, elle estime qu’ « aucun nouveau moyen de production(2) ne peut rivaliser dans les 20 ans à venir » avec le coût « cash » de production des tranches nucléaires en service. La SFEN entend ainsi démontrer la pertinence économique d’une prolongation de la durée de vie du parc existant(3) dont les investissements initiaux ont été largement amortis.
Pour rappel, la Cour des comptes utilise pour sa part la méthode du « coût courant économique » (CCE) pour comparer les coûts complets de production électrique de différentes installations : ce coût inclut l'ensemble des investissements durant la durée de vie des centrales permettant aux exploitants de se rémunérer et de couvrir leurs charges d’exploitation passées, présentes et futures (assainissement-démantèlement inclus). En 2014, la Cour des comptes a évalué à 59,8€/MWh le coût complet de la production nucléaire.
Pour juger de la pertinence de prolonger ou non la durée de vie des réacteurs nucléaires, la SFEN estime qu’il faut prendre en considération les coûts « cash » de l’exploitant EDF(4), c’est-à-dire ses « décaissements en monnaie sonnante et trébuchante » (dépenses d’exploitation, investissements, coûts liés à la future mise à l’arrêt et au démantèlement, etc.), sans tenir compte des investissements antérieurs(5). Ce coût « cash » de production du parc nucléaire existant est estimé par la SFEN à 33 €(6)/MWh.
Le coût cash de production intègre le montant des investissements liés au grand carénage (45 milliards d’euros pour la période 2014-2025(7)), la SFEN réfutant ainsi l’idée que la filière va devoir faire face à un « mur d’investissement » mettant à mal la compétitivité de la production nucléaire. Par ailleurs, les coûts de démantèlement, qui font encore l’objet d’une incertitude importante(8), « augmenteraient peu avec l’énergie produite ». Précisons que cette note porte uniquement sur les réacteurs du parc nucléaire français en service et n’aborde pas les coûts estimés du « nouveau nucléaire » (EPR et réacteurs de nouvelle génération).
Sources / Notes
- Association scientifique de soutien à la filière nucléaire.
- Y compris de nouvelles centrales nucléaires.
- Et ce malgré les charges actuelles et futures liées au « grand carénage ».
- Les coûts de production « cash » indiqués (« en sortie de centrale ») n’incluent par les coûts liés aux activités de transport et de distribution de l’électricité, ni les coûts induits par l'équilibrage du système électrique. La SFEN met en avant les avantages de la filière sur ces critères (haute disponibilité et caractère pilotable de la production).
- Les coûts « non cash » prennent en compte « des flux non relatifs à la production de la période considérée » (rémunération du capital initial, coûts passés, etc.).
- En euros constants 2015.
- En euros constants 2015. Selon la SFEN, ce montant correspondrait à près d’un quart du chiffre d’affaires qui pourrait être dégagé par la production nucléaire durant cette période.
- EDF a estimé fin 2015 les charges brutes pour le démantèlement du parc nucléaire français en exploitation à 19,6 milliards d’euros (soit 337 millions d’euros par réacteur).