Les deux réacteurs de la centrale nucléaire de Civaux sont les derniers à avoir été mis en service en France. Ici, à l’intérieur d’une tour de refroidissement de l’un d’entre eux. (©EDF-Patrice Dhumes)
En France, la loi de transition énergétique pour la croissante verte avait fixé pour objectif de ramener la part de l’énergie nucléaire dans le mix de production électrique à 50% à l’horizon 2025. Puis la première PPE visait une réduction progressive de la part du nucléaire dans le mix électrique français, fixant l'objectif à 50% d'ici 2035.
Ces objectifs ont disparu depuis la crise des prix de l'électricité en 2022 et l'annonce de la forte relance nucléaire par le Gouvernement, en plus des investissements dans les renouvelables.
Scénario 2016 de la Cour des comptes
En 2016, les 58 réacteurs du parc nucléaire français avaient généré 384 TWh, soit 72,3% de l’électricité totale produite sur le territoire.
A « hypothèses constantes de consommation et d’exportation » d’ici à 2025, la Cour des comptes a indiqué en février 2016(1) que la production nucléaire devrait approximativement être réduite d’un tiers pour respecter l’objectif de 50%, ce qui correspondrait à l’arrêt de la production moyenne de 17 à 20 réacteurs (dont la puissance est comprise entre 900 et 1 450 MW).
Dans le « scénario de référence » de son Bilan prévisionnel de 2015(2), le gestionnaire de réseau RTE prévoyait pour sa part une hausse de la consommation électrique d’ici à 2020 (+ 28,9 TWh, soit un taux de croissance annuel moyen de 0,9% entre 2014 et 2020), principalement dans les bâtiments, sous l’effet de la croissance démographique et du développement de nouveaux usages(3). Le nombre de réacteurs « à fermer » pour satisfaire l’objectif de 50% fixé par la loi de transition énergétique pourrait, dans les conditions d’une hausse de la demande, être inférieur à l’estimation de la Cour des comptes, plus proche de 10 à 15 réacteurs(4).
Dans son Bilan prévisionnel de 2016, RTE indiquait toutefois que « l’influence grandissante de l’efficacité énergétique conduisait pour la première fois à esquisser des perspectives de réduction de la consommation électrique d’ici cinq ans » (avec une consommation réduite à 471 TWh en 2021 contre 479 TWh en 2015)(5).
Quelle production à échéance ?
Précisons que cet objectif politique, confirmé en juillet 2017 par le ministre Nicolas Hulot, reste soumis, tout comme ces estimations, à de nombreuses incertitudes. En témoigne la situation de la centrale de Fessenheim, composée de 2 réacteurs de 900 MW. Sa fermeture, qui faisait partie de l’accord PS/EELV lors de la campagne présidentielle de 2012(6), est subordonnée à la mise en service de l’EPR de Flamanville (d’une puissance de 1 650 MW(7)) compte tenu d’un autre objectif de la loi de transition énergétique : le plafonnement de la capacité du parc nucléaire français à sa puissance actuelle(8) de 63,2 GW.
Répartition des réacteurs du parc nucléaire français par date de mise en service