L'énergie en France en 2016 : les faits et chiffres clés

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barrage hydroélectrique de Roselend dans les Alpes

En 2016, le parc hydroélectrique français a produit 63,9 TWh, soit près de trois fois plus que le parc éolien. Ici, le barrage de Roselend dans les Alpes. (©EDF-Julien Goldstein)

Production, consommation, échanges transfrontaliers, etc. Voici les principaux enseignements.

Une baisse des productions nucléaire… et éolienne

La production d’électricité en France a atteint 531,3 TWh en 2016, soit 2,8% de moins qu’en 2015.

Mix électrique français en 2016
La production d’électricité en France a été « décarbonnée » à près de 91% en 2016 . (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)

Cette diminution est principalement due à la baisse de production du parc nucléaire français (-7,9% par rapport à 2015), elle-même liée aux arrêts de plusieurs centrales pour des opérations de maintenance ou des contrôles réalisés à la demande de l’ASN : jusqu’à 21 des 58 réacteurs ont été à l’arrêt en novembre 2016).

Avec 384 TWh produits en 2016, le parc nucléaire a toutefois encore compté pour 72,3% du mix électrique français (contre 76,3% en 2015).

La production électrique des centrales thermiques au charbon et au fioul a également sensiblement baissé en 2016 (respectivement de 15,4% et 13,1%), en raison de la fermeture de certaines unités (centrale au fioul d’Aramon) et d’un moindre recours à ces énergies fortement émettrices de gaz à effet de serre.

De façon plus surprenante, la production éolienne a également légèrement baissé en 2016 (-1,8%), malgré une hausse de 13% des capacités installées dans l’hexagone en 2016. Les conditions météorologiques ont été défavorables à cette filière en fin d’année, avec des mois de septembre et décembre peu venteux, en particulier en septembre et décembre.

Profitant au contraire d’importantes précipitations à la fin du printemps 2016, le parc hydroélectrique français a vu sa production augmenter de 8,2% en 2016 et reste de loin la deuxième source d’électricité en France (63,9 TWh en 2016, 12% du mix national).

La production photovoltaïque a pour sa part augmenté de 22,3% en 2016 mais sa contribution reste limitée dans le mix électrique français (1,6% de ce mix, avec 8,3 TWh produits).

En incluant les autres énergies renouvelables (déchets, bois-énergie, biogaz, etc.), la production électrique d’origine renouvelable a compté, en 2016, pour 19,6% du mix électrique français (hors hydroélectricité, pour 8,5% de ce mix). Avec 45,84 GW d'énergies vertes installées, la France a atteint 89% de l'objectif fixé pour 2018 par la loi sur la transition énergétique. 2 188 mégawatts ont été raccordés au cours de l'année, dont 62% dans l'éolien et 26% dans le solaire.

Comme en 2015, c’est la production électrique des centrales à gaz qui a connu la plus forte croissance en 2016 (+60,8%), notamment grâce à la mise en service d’une centrale à cycle combiné de nouvelle génération sur le site de Bouchain dans le Nord. Cette centrale de 605 MW  a été couplée au réseau public de transport en janvier et été mise en service pendant l’été. Elle s’est élevée à 35,3 TWh, ce qui fait du gaz naturel la 3e source d’électricité en France (6,6% du mix national).

Une consommation d'électricité toujours stable et des exportations en baisse

La consommation d’électricité brute en France métropolitaine a atteint 483 TWh en 2016, soit 1,5% de plus qu’en 2015. Cette hausse est principalement due à des températures moyennes plus faibles (- 0,8°C par rapport à 2015) et au fait que l’année 2016 était bissextile. « Corrigée de l’aléa climatique » et ramenée à 365 jours, la consommation française d’électricité est restée stable l'an dernier pour la 6e année consécutive, indique RTE.

Consommation d'électricité en 2016
La consommation « brute » d’électricité comprend la consommation finale d’électricité mais aussi la consommation des installations de production et les pertes de distribution et de transformation. (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)

En 2016, le pic d’appel de puissance sur le réseau électrique de RTE s’est élevé à 88 571 MW (le 18 janvier à 19h). Cette pointe « relativement basse » (pic record de 102 098 MW atteint le 8 février 2012) n’a pas engendré de difficultés particulières sur le réseau, compte tenu des capacités de production disponibles début 2016. En hiver, chaque degré Celsius en moins entraîne, selon RTE, un appel de puissance supplémentaire sur le réseau de 2 400 MW.

La France a fortement réduit ses exportations d’électricité en 2016 (- 21,5%) en raison de la baisse de sa production et de la hausse de sa consommation. Elle reste toutefois largement exportatrice nette en 2016, avec 71,7 TWh exportés vers ses pays voisins et 32,6 TWh importés. Les échanges d'électricité de la France ont entre autres été renforcés avec l’Espagne grâce à l’interconnexion Baixas-Santa Llogaia. Mise en service en octobre 2015, cette interconnexion a permis de doubler les capacités d’échanges disponibles entre la France et l’Espagne et a porté à 341 le nombre d'interconnexions dont dispose la France, avec 19 pays. Notons que la France a été importatrice nette durant le mois de décembre 2016 pour la première fois depuis février 2012. 

Importations et exportations d'électricité
La France a été importatrice nette d'électricité en décembre 2016 mais est en moyenne restée largement exportatrice nette au cours de l'année dernière. (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)

Des outils renforcés pour gérer l’équilibre du réseau électrique

Début 2017, RTE indique n’avoir « jamais eu aussi peu de marge de manœuvre » sur le réseau électrique, avec des capacités de production limitées à  90 000 MW en janvier (avec plusieurs réacteurs nucléaires toujours à l'arrêt) et une demande avoisinant 93 000 MW. Alors que l’injection d’électricité intermittente sur le réseau électrique est par ailleurs encore amenée à fortement augmenter, RTE a ainsi pu tester l'efficacité de ses outils pour assurer l’équilibre en temps réel entre production et consommation d'électricité. Le gestionnaire de réseau dispose notamment de 2 600 MW de capacités d’effacement et bénéficie d'une coopération renforcée avec les pays voisins de la France pour importer ou exporter de l'électricité (jusqu'à 7 000 MW disponibles).

Pour faire face aux « tensions » sur le réseau électrique cet hiver, RTE peut également interrompre la consommation de 21 sites lors des pics de demande (1 500 MW « interruptibles » au total). RTE souligne également que les appels à davantage de sobriété auprès du grand public semblent avoir porté leurs fruits début 2017. Le gestionnaire de réseau précise avoir « observé » les conséquences des éco-gestes sur le réseau (avec de « gros écarts » entre les prévisions de consommation et la demande réelle) sans pouvoir encore les quantifier avec précision. Pour rappel, RTE peut enfin avoir recours à des actions d’urgence exceptionnelles (baisse de tension sur les réseaux de distribution, délestages tournants, etc.) en cas de risque de « black-out » sur le réseau électrique. Côté production, le mécanisme de capacité, approuvé en novembre 2016 par la Commission européenne, a permis de « mettre en confiance les investisseurs » selon RTE et de « sécuriser » ainsi des capacités pouvant être mobilisées pendant les pics de consommation.

Dans les années à venir, RTE entend disposer d’un réseau plus « intelligent » grâce à une grande « transformation numérique » à laquelle le gestionnaire de réseau a consacré 260 millions d’euros en 2016 (sur un total de 1,5 milliard d’investissements l'année dernière). D’ici à 2030, RTE prévoit de « transformer 2 170 postes électriques » pour mieux anticiper la production d’électricité intermittente et intégrer les contraintes locales pesant sur le réseau.

9 nouveaux sites d’injection de biométhane

Sur les 26 « sites d’injection » de biométhane en France, 9 ont été mis en service durant l’année 2016. Ces sites ont injecté près de de 215 GWh de biométhane dans les réseaux de gaz naturel français en 2016, soit 162% de plus qu’en 2015 (82 GWh). La part de ce gaz « renouvelable » dans la consommation gazière de la France reste toutefois encore limitée à 0,05% en 2016.

Sites d'injection de biométhane
Les 26 sites d’injection de biométhane en France fin 2016 ont une capacité maximale d’injection de 410 GWh à fin 2016. (©Connaissance des Énergies, d’après gestionnaires de réseaux)

Pour rappel, le biogaz est un gaz issu de la méthanisation de matières organiques fermentescibles. Il est qualifié de « biométhane » après avoir été débarrassé de ses impuretés et composants indésirables, à savoir principalement le dioxyde de carbone, le sulfure d’hydrogène et l’eau. Atteignant alors la qualité du gaz naturel, il peut être injecté dans les réseaux gaziers après avoir été odorisé.

A fin 2016, 241 projets d’injection de biométhane, d’un potentiel de production cumulée de 5 TWh/an, étaient recensés dans « la file d’attente de raccordement » en France. Cela signifie que ces projets ont au moins atteint « la commande de l'étude de phase II : étude de faisabilité pour les réseaux de transport et étude détaillée pour les réseaux de distribution ». Une mise en service de ces projets peut être envisagée dans un délai de 2 à 5 ans.

La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) fixe pour objectif d’injecter 1,7 TWh de biométhane dans les réseaux gaziers français en 2018 et 8 TWh en 2023. Cet objectif de 8 TWh de « gaz renouvelable » injectés en 2023 « nécessite de multiplier par 3 le nombre de projets par rapport à la dynamique actuelle », alerte la filière.

Pour rappel, la loi de transition énergétique pour la croissance verte adoptée à l'été 2015 fixe un objectif de 10% de gaz renouvelable dans la consommation gazière française à l'horizon 2030. Notons que, si la production de biométhane issu de la méthanisation est « la première technologie de production de gaz renouvelable, dès à présent mature », le Panorama du gaz renouvelable envisage « à moyen et long terme » de nouveaux procédés de production de biométhane tels que la gazéification de la biomasse sèche, le power-to-gas ou encore la valorisation de microalgues.

Projets d'injection de biométhane par région
Près de 43% des projets d'injection de biométhane inscrits « dans la liste d'attente » sont situés dans 3 régions françaises (Hauts-De-France, Grand-Est, Nouvelle Aquitaine). (©Connaissance des Énergies, d’après gestionnaires de réseaux)

Des émissions supérieures de 3,6% au budget carbone

Selon les premières estimations du ministère de la transition écologique et solidaire, les émissions françaises de gaz à effet de serre (GES) auraient atteint 463 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt éq.CO2) en 2016, soit une baisse de 15,3% par rapport au niveau de 1990. Elles auraient toutefois augmenté par rapport à 2015 et dépasseraient de 3,6% le plafond annuel indicatif de 2016 fixé dans le cadre de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC).

Pour rappel, cette stratégie définie par la loi de transition énergétique pour la croissance verte indique les grandes orientations nécessaires pour atteindre les objectifs français en matière de réduction des émissions de GES. Des plafonds d’émissions, dits « budgets carbone » sont fixés sur plusieurs années avec des objectifs sectoriels. Le « premier budget carbone » entre 2015 et fin 2018 vise notamment à limiter les émissions françaises à une moyenne de 442 Mt éq.COpar an sur la période.

Si la France a loupé sa cible en 2016, c’est en partie en raison de ses fortes émissions liées aux transports, supérieures de 6% à l’objectif de ce secteur. La hausse de ces émissions sectorielles serait notamment due aux faibles prix des produits pétroliers qui ont stimulé la consommation de carburants selon le ministère en charge de l'énergie. Les émissions de GES des bâtiments sont pour leur part 11% plus élevées que l’objectif sectoriel de 2016, « des préoccupations » portant notamment sur le rythme de rénovations lourdes des bâtiments existants. Ces deux secteurs seraient respectivement responsables de 29% et 19% des émissions estimées de GES de la France en 2016 (20% pour l’agriculture).

Émissions de gaz de serre et « budgets carbone » de la France
Émissions de gaz de serre et « budgets carbone » de la France (©Connaissance des Énergies, d'après ministère de la transition écologique et solidaire)

Face à ce constat, le ministère en charge de l’énergie signale que « les politiques publiques en matière de transports, bâtiments et forêt-bois nécessitent des renforcements très substantiels pour atteindre l’ambition voulue ».

Selon le ministère, le Plan Climat présenté en juillet 2017 doit entre autres permettre de renforcer les réductions d’émissions de gaz à effet de serre, avec notamment une hausse plus rapide qu’initialement prévu de la contribution climat énergie (« taxe carbone ») et un plan de rénovation énergétique visant à mettre fin aux « passoires thermiques » en 10 ans.

La stratégie nationale bas-carbone doit être révisée d’ici à fin 2018 afin de fixer une nouvelle trajectoire sur la période 2019-2023 (2e période de la stratégie nationale bas-carbone). Suite à une consultation publique en ligne qui s’est déroulée fin 2017, le ministère en charge de l’énergie a indiqué qu’il publierait une synthèse des contributions dans le « courant du premier trimestre 2018 ».

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