La réduction de l'intensité énergétique est aujourd'hui une préoccupation centrale des industriels. Ici, l’usine de Renault à Flins. (©Yannick Brossard-Renault)
Depuis 2005, la consommation d'énergie recule presque chaque année en France, alors qu'elle avait montré une tendance à la hausse d'ici là de décennie en décennie. La tertiairisation de l'économie, la hausse des prix de l'énergie et les politiques mises en place pour réduire des émissions de gaz à effet de serre en sont la cause.
Les émissions de CO2 liées à la combustion d'énergie en France métropolitaine ont atteint 4,3 tonnes par habitant en 2021. Ces émissions sont en déclin quasi constant depuis 1990, reflétant les efforts continus du pays pour améliorer son efficacité énergétique et réduire son empreinte carbone.
Consommation d'énergie primaire
En 2021, la consommation d'énergie primaire en France s'est élevée à 2 769 TWh, un chiffre brut qui, une fois ajusté pour les variations climatiques, atteint 2 759 TWh.
Fin 2024, aucune donnée plus récente n'avait encore été publiée.
L'ajustement des variations climatiques consiste à corriger les données de consommation d'énergie pour tenir compte des fluctuations saisonnières ou des conditions météorologiques exceptionnelles, telles que des hivers plus froids ou plus doux que la moyenne. Cela permet d'obtenir une mesure plus représentative de la tendance sous-jacente de la consommation énergétique, en éliminant les effets temporaires liés au climat.
L'année a marqué une reprise notable avec une augmentation de 4,4 % de la consommation corrigée du climat, après une baisse historique de 8,3 % en 2020, conséquence directe de la pandémie.
Mix énergétique en France : la consommation par source
Le mix énergétique de la France en 2021 se caractérise par une forte dominance du nucléaire, qui représente 40 % de la consommation totale d’énergie primaire.
Le pétrole suit avec 27,7 %, tandis que le gaz naturel en constitue 15,5 %. La demande en gaz est toutefois en forte baisse en France depuis 2021.
Les énergies renouvelables, bien que croissantes, représentent 13 % du mix, dont la biomasse solide (4,8 %), l’hydraulique (2,1 %), les biocarburants (2,1 %) les pompes à chaleur (1,5 %), l’éolien (1,3 %) et le solaire (1 %). Le reste est réparti entre le charbon (3 %) les déchets non renouvelables (0,7 %).
Depuis 1990, la consommation de charbon et de pétrole a respectivement chuté de 72 % et 27 %, tandis que celles du nucléaire, du gaz naturel, et des énergies renouvelables ont significativement augmenté, ces dernières ayant plus que doublé.
Les secteurs de consommation énergétique
En 2021, la répartition sectorielle de la consommation d'énergie en France montre que l'agriculture représente 3 % (52 TWh), le tertiaire 16 % (261 TWh), l'industrie 19 % (311 TWh), le résidentiel 30 % (492 TWh) et les transports 31 % (501 TWh).
Par rapport à 1990, la part de l'agriculture est restée stable à 3 %, celle du tertiaire a augmenté de 13 % à 16 %, tandis que celle de l'industrie a diminué de 24 % à 19 %. Les parts du résidentiel et des transports ont légèrement évolué, le résidentiel restant à 30 % et les transports passant de 30 % à 31 %.
À jour en 2024 - Source : Chiffres clés de l'énergie Édition 2023 - Graphique : Selectra
En 2020, les dépenses énergétiques des consommateurs finaux se sont élevées à 137 milliards d’euros, dominées par les transports (38 %), suivis du résidentiel (35 %), du tertiaire (15 %), de l’industrie (9 %), et de l’agriculture (2 %).
Jusqu'à 2010 inclus, le périmètre géographique est la France métropolitaine. Puis il inclut les cinq DROM - Source : SDES, Bilan énergétique de la France - Graphique : Selectra
Les transports
Les transports constituent également un plus grand consommateur d’énergie que l’industrie en France, malgré les prix élevés des carburants, l'essor du covoiturage et la qualité du réseau de transports en commun.
Les voitures électriques vont causer une électrification de la consommation, mais il n'est pas dit que la consommation totale liée aux transports baisse, d'autant que les pertes liées à la production d'électricité sont plus élevées que celles du pétrole.
Les logements
La prépondérance du secteur résidentiel justifie l’importance du plan de rénovation des bâtiments dans la transition énergétique.
En 2019, 2,3 millions de ménages ont achevé 3,6 millions de gestes de rénovation énergétique dans des maisons individuelles, permettant un gain énergétique total de 8,1 TWh/an, soit 2,5 % de la consommation d’énergie finale conventionnelle de ces habitations. Les rénovations les plus fréquentes ont concerné les toitures et combles (980 000 gestes), tandis que les gains énergétiques les plus significatifs ont été réalisés sur les systèmes de chauffage, où 572 000 interventions ont généré 45 % des gains totaux. Les autres travaux, incluant la rénovation des toitures, murs, et systèmes de ventilation, ont également contribué de manière notable aux économies d'énergie.
Au 1er janvier 2022, parmi les 30 millions de résidences principales en France, 1,5 million de logements (soit 5 % du parc) étaient classés comme peu énergivores (étiquettes A et B du DPE). En revanche, 5,2 millions de logements (17 % du parc) étaient considérés comme des « passoires énergétiques » (étiquettes F et G). Ces passoires sont plus courantes parmi les maisons individuelles (20 %) que dans les habitats collectifs (14 %). L’étiquette la plus répandue reste la D (32 % du parc), suivie par les étiquettes C et E, qui représentent respectivement 24 % et 22 % du parc.
L'industrie
L'importance de réduire la consommation d'énergie dans l'industrie est souvent mise en avant, en particulier au sujet de certains secteurs industriels dits « électro ou gazo-intensifs » qui doivent améliorer leurs processus pour gagner en efficacité énergétique.
Cette situation est en partie liée à une désindustrialisation de la France au cours des dernières décennies et aux efforts importants d’efficacité énergétique réalisés par les industriels(1). En 1973, l’industrie avait ainsi une consommation près de 50% plus élevée qu’aujourd’hui. Comptant à l’époque pour 35,9% de la consommation d’énergie finale en France, ce secteur consommait toutefois déjà moins d’énergie que les bâtiments (42% en 1973).
Précisons que les acteurs industriels ont des consommations très variables selon les activités. La sidérurgie française compte par exemple à elle seule pour 3,2% de la consommation d’énergie nationale, soit légèrement plus que tout le secteur agricole en France.
Consommation d'énergie finale
La consommation finale d’énergie, ajustée pour le climat, a atteint 1 770 TWh en 2021.
La consommation d'énergie peut être décomposée en consommation finale et en pertes de transformation, de transport et de distribution. Elles désignent l'énergie perdue lors de la conversion des sources d'énergie (comme le pétrole ou le gaz) en électricité ou en chaleur, ainsi que lors de leur acheminement à travers les réseaux électriques ou de chaleur jusqu'aux utilisateurs finaux. Ces pertes, inévitables en raison des limites technologiques et physiques, représentent une part significative de l'énergie primaire consommée : environ 35% en France.
Ces pertes ont crû de 5,2 % en raison principalement de la reprise de la production nucléaire et des pertes de chaleur induites, ainsi que de la pétrochimie.
Intensité et performances énergétiques
La France a réussi à réduire son intensité énergétique de manière quasi continue depuis 20 ans, avec une diminution annuelle moyenne de 1,4 % pour l'intensité finale et de 1,5 % pour l'intensité primaire.
Depuis 2000, toutes les activités ont vu leur intensité énergétique baisser. La baisse la plus marquée a été observée dans le secteur résidentiel (- 24 % en 20 ans), reflétant les performances améliorées des nouveaux logements et les efforts de rénovation des anciens.
Dans l’industrie, l’adoption de procédés moins énergivores a également contribué à une réduction significative (- 21 %), et malgré une dégradation en 2020 due à la crise sanitaire, les gains ont été en grande partie récupérés en 2021.
Dans les transports, l’efficacité énergétique des véhicules légers s'est améliorée de 17 % en 20 ans, tandis que celle des poids lourds a progressé de manière plus modeste (- 12 %).
L'agriculture, quant à elle, montre une intensité énergétique plus volatile en raison des aléas climatiques.