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Faut-il sortir des énergies fossiles ou vaut-il mieux encore une fois éluder la question ? Toutes les options restent ouvertes au sixième jour de la 28e conférence de l'ONU sur le climat, tandis que le réchauffement climatique ne connaît pas de répit.
Options ouvertes
La deuxième version du texte qui servira de base de discussion en vue d'une adoption d'ici à la fin de la COP a été rendue publique mardi à 05h00 heure locale. Il synthétise en 24 pages les différentes options poussées par les quelque 200 pays qui négocient fiévreusement à Dubaï.
Leurs divergences de vue se reflètent dans les différentes options laissées ouvertes sur la question de l'avenir des énergies fossiles, au cœur de la COP28. D'une "sortie ordonnée et juste des énergies fossiles" à rien du tout sur le sujet, toutes les options sont sur le table, suggérant de féroces batailles d'ici la fin théorique de la COP28 le 12 décembre.
« Appelez-les ! »
Le ministre saoudien de l'Énergie s'est dit "absolument" opposé à un accord portant sur une réduction des énergies fossiles, montrant à quel point les camps traditionnels campent sur leurs positions.
"Et je vous assure que personne - je parle des gouvernements - n'y croit", a dit le prince Abdelaziz ben Salmane dans une interview donnée depuis Ryad à Bloomberg, diffusée lundi. "Je voudrais lancer un défi à tous ceux qui... disent publiquement que nous devons (réduire les énergies fossiles), je vous donnerai leur nom et leur numéro, appelez-les et demandez-leur comment ils comptent s'y prendre".
« L'éléphant dans la pièce »
"On n'a pour l'instant pas de visibilité sur l'équilibre de l'accord dans les textes proposés, puisque toutes les options sont sur la table aujourd'hui", a dit à l'AFP Laurence Tubiana, architecte de l'accord historique de Paris en 2015.
Les négociations "sont difficiles parce qu'on est au moment où tout est sur la table et on ne voit pas le point d'équilibre". "C'est d'un côté normal à ce stade de la négociation mais elle s'annonce particulièrement difficile parce qu'on parle de l'éléphant dans la pièce que sont les énergies fossiles et de façon très directe", juge-t-elle dans un entretien à Dubaï.
« Inévitable »
Il est "désormais inévitable" que le seuil de 1,5°C de réchauffement de la planète soit dépassé "de manière constante" et il y a une chance sur deux pour que cela arrive dans seulement sept ans, ont alerté mardi les scientifiques du Global Carbon Project.
Selon cette étude de référence, les émissions de CO2 produites par l'utilisation du charbon, du gaz et du pétrole dans le monde pour se chauffer, s'éclairer ou rouler devraient en effet franchir un nouveau record en 2023.
« Fausses solutions »
"En dépit de leurs promesses, les gouvernements n'ont pas assez agi pour réduire le réchauffement projeté pour l'avenir, certains se tournant plutôt vers des fausses solutions comme le captage et le stockage de carbone pour perpétuer la dépendance mondiale aux énergies fossiles", estime le Climate Action Tracker dans sa dernière évaluation, publiée également mardi.
Selon cette étude, les engagements climatiques pris par les pays à travers le monde mènent à un réchauffement de 2,5.C à la fin du siècle. Ce chiffre reflète leurs engagements formalisés dans les "contribution déterminée au niveau national" (NDC) à l'horizon 2030.
Le rapport note que les Emirats, hôtes de la COP28, ont renforcé leurs engagements mais "ne seront pas capables de les atteindre avec leurs politiques actuelles", pointant en particulier les 150 milliards de dollars d'investissements prévus dans le développement du pétrole et du gaz.
« Dégagez les pollueurs ! »
Des dizaines de personnes ont manifesté à l'entrée de la COP28 sous un soleil déjà mordant mardi matin, devant une grande image d'une planète en flammes. "Dégagez les pollueurs !", chantait la petite foule.
Près de 2 500 lobbyistes des énergies fossiles ont en effet obtenu une accréditation pour la conférence, selon une coalition d'ONG mardi. "J'ai zéro confiance dans le fait que la COP réussira" si "les Nations unies continuent de permettre à l'industrie des énergies fossiles" d'en mener les débats, dit à l'AFP Thomas Harmy Joseph, de l'ONG américaine Indigenous Environmental Network.