Parc solaire photovoltaïque de Southern Oak aux États-Unis. (©Invenergy)
Dans un commentaire publié ce 30 novembre, le directeur exécutif de l'AIE Fatih Birol souligne « cinq mesures interdépendantes » à mettre en œuvre pour « maintenir la porte ouverte » à une trajectoire « 1,5 °C ».
5 mesures d'ici à 2030
L'AIE appelle, d'ici à 2030, à simultanément :
- tripler les capacités électriques renouvelables installées dans le monde, sachant que cet objectif à lui seul « laisserait le monde sur la voie d’un réchauffement climatique dangereux, bien au-dessus de 2°C » ;
- doubler le rythme des progrès en matière d’efficacité énergétique ;
- faire en sorte que l'industrie des combustibles fossiles, en particulier les sociétés pétrolières et gazières, prennent des engagements visant à « aligner leurs activités sur l'Accord de Paris », en commençant par réduire de 75% les émissions de méthane liées à leurs opérations ;
- établir des mécanismes de financement à grande échelle pour tripler les investissements dans les énergies « propres » dans les économies émergentes et en développement ;
- s'engager à prendre des mesures garantissant « un déclin ordonné de l'utilisation des combustibles fossiles », incluant la fin des autorisations de nouvelles centrales au charbon sans captage du CO2.
Notons que le président de la COP28 Sultan Al Jaber a annoncé ce 2 décembre l'engagement (non contraignant) de 118 pays, soit plus de la moitié des États représentés à la Conférence climat, à « travailler ensemble » pour porter les capacités renouvelables dans le monde à 11 000 gigawatts (GW) à l'horizon 2030, contre 3 372 GW à fin 2022 selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena).
Rappels sur les mix énergétique et électrique
Pour rappel, les énergies fossiles ont encore compté pour près de 82% de la consommation d'énergie primaire et environ 61% de la production d'électricité dans le monde en 2022. La consommation mondiale de charbon - pourtant décrié pour les émissions importantes de CO2 associées à sa combustion - a en particulier encore augmenté de 0,6% en 2022 et cette filière a compté pour 35,4% de la production mondiale d'électricité l'an dernier.
Le développement des énergies renouvelables s'est quant à lui poursuivi, en particulier dans le secteur électrique : la production d'électricité des filières renouvelables hors hydroélectricité (qui reste de loin la principale filière renouvelable dans le mix électrique mondial) a encore augmenté de 14% en 2022 (après une hausse de 16% en 2021). La Chine occupe toujours une place centrale pour le développement de ces filières, le pays ayant notamment compté pour 37% de l'ensemble des nouvelles installations de capacités solaires dans le monde en 2022 et pour 41% de celles de capacités éoliennes.
Selon le World Energy Transitions Outlook 2023 de l'Irena, les émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie devraient être réduites à près de 23 Gt à l'horizon 2030 (contre 36,8 Gt CO2 en 2022) pour espérer limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C. Mission impossible alors que DNV envisage, dans son scénario tendanciel, une chute de seulement 4% de ces émissions d'ici à 2030 (avec un pic atteint en 2024) ?
L'Irena poursuit toutefois d'esquisser une trajectoire compatible avec un scénario « + 1,5°C », reposant en grande partie sur des progrès majeurs en matière d'efficacité énergétique et une électrification très rapide reposant sur les filières renouvelables et l'hydrogène « propre ». Concrètement, le scénario « 1,5°C » de l'Irena prévoit, tout comme le scénario « Net Zero by 2050 » de l'AIE, un triplement des capacités renouvelables installées dans le monde entre 2022 (3 382 GW) et 2030 (11 174 GW).