Lac de Wabigoon à côté duquel sera implanté le centre de stockage des déchets nucléaires canadiens. (©CNW Group/Nuclear Waste Management Organization)
Au Canada, la Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN) a annoncé le 28 novembre avoir retenu le site pour le stockage géologique des combustibles nucléaires usés canadiens(1).
Un site au nord-ouest de l'Ontario
Le parc nucléaire canadien est constitué de 19 réacteurs à « eau lourde » en service répartis entre 4 centrales(2). En 2023, il a produit près de 84,6 TWh, soit environ 13,7% de la production totale d'électricité dans le pays cette année-là.
Un plan de gestion à long terme du combustible nucléaire usé issu de ce parc a été adopté en 2007 par le gouvernement canadien : un stockage des déchets radioactifs en grande profondeur est retenu et la SGDN, équivalent de l'Andra française au Canada(3), est alors chargée de la mise en œuvre de ce projet.
Fin 2019, deux sites avaient été sélectionnés en Ontario, au nord-ouest et au sud-ouest de la Province.
Un début de construction prévu « vers 2033 »
Place désormais à un processus réglementaire de plusieurs années visant à « s’assurer que le projet respectera ou surpassera les critères réglementaires rigoureux établis pour protéger la santé, la sécurité et la sûreté des gens et de l’environnement ».
Il mobilisera notamment deux acteurs indépendants : la Commission canadienne de sûreté nucléaire et l’Agence d’évaluation d’impact du Canada.
La SGDN envisage le début de la construction de son site de stockage vers 2033, en vue d'un début d'exploitation au début des années 2040.
Quelles différences avec le projet Cigéo en France ?
Si le projet de stockage de déchets nucléaires canadien est prévu en stockage profond, il diffère à plusieurs égards du projet Cigéo en France, a rappelé l'Andra à Connaissance des Énergies.
Type de déchets stockés
Le projet canadien va stocker l'intégralité des assemblages de combustibles nucléaires usés provenant du parc nucléaire national. En France, tous les combustibles usés sont retraités à l'usine d'Orano de La Hague.
L'uranium et le plutonium (constituant respectivement près de 95% et 1% du combustible usé français) sont en effet considérés comme valorisables. Cigéo ne stockera in fine que les 4% de combustible restants correspondant à des déchets « ultimes » de haute activité.
Des concepts de stockage différents
Pour rappel, le confinement des déchets prévu par Cigéo consiste en un stockage profond dans une couche de roche argileuse imperméable.
Le projet canadien prévoit quant à lui un concept « multi-barrières » (avec 5 barrières successives) et un stockage dans une roche cristalline.
Avancement du projet
Cigéo est par ailleurs plus précoce que le projet canadien : la construction d'un laboratoire souterrain où sont effectués des tests a débuté dès 2000 (le projet canadien ne prévoit pas une telle installation). La demande formelle d'autorisation de création de Cigéo, déposée en janvier 2023, est aujourd'hui toujours en cours d'instruction (les avis de l'ASNR sur le projet sont attendus l'an prochain, dès le 1er trimestre 2025 pour la partie concernant la sûreté pendant l'exploitation de Cigéo et aux environs de l'été 2025 pour la sûreté après la fermeture du site).