La radiateur électrique de Lancey peut être piloté à distance par l’usager afin d’optimiser son confort. (©Lancey Storage Energy)
Lors du salon Pollutec organisé la semaine dernière à Lyon, un nouveau radiateur électrique « intelligent » a reçu le premier prix de la Vitrine de l’Innovation. Intégrant une batterie et de nombreux capteurs, il permettrait, selon son concepteur Lancey, de réduire sensiblement sa facture d’électricité. Explications.
Une batterie à recharger en « heures creuses »
Le radiateur électrique conçu par la jeune start-up française Lancey(1) présente différents gages de confort et d’optimisation de sa consommation : rayonnement infra-rouge « lointain » à basse température, détecteurs de présence et de fenêtre ouverte, etc. Sa principale innovation réside toutefois dans un élément inédit pour un appareil si commun : une batterie lithium fer phosphate (LFP) intégrée. Celle-ci peut stocker 1 kWh, soit jusqu’à 2 heures d’autonomie de chauffage selon Lancey.
Pour l’utilisateur final, l’intérêt de ce stockage est avant tout économique. Comme les chauffe-eau électriques, le radiateur peut stocker de l’électricité lorsque celle-ci est la moins chère sur le réseau : la batterie est rechargée en heures creuses lorsque l’électricité du réseau est peu coûteuse et déchargée en heures pleines lors des pics de consommation sur le réseau (typiquement entre 18h et 20h l’hiver)(2).
L’intégration de la batterie au sein même du radiateur, qui fait l’objet de différents brevets, présente plusieurs avantages. Elle permet d’exploiter directement la chaleur « fatale » de ladite batterie (en contribuant au chauffage) et dispense par ailleurs d’y associer un onduleur, ce qui permet de réduire sensiblement le prix du dispositif : la batterie fournirait in fine un kWh près de 30% moins cher par rapport à la Powerwall de Tesla selon Raphaël Meyer, président de la start-up. Ce dernier indique que le choix de la batterie s’est porté sur une technologie plus stable que celles des batteries embarquées (voitures électriques, portables, etc.), avec une moindre densité énergétique mais une plus grande longévité (durée de vie assurée de 10 ans(3)).
Un radiateur connecté sachant réduire l’appel de puissance de l’habitat
Le radiateur de Lancey ne se limite toutefois pas à passer « la pointe » de consommation à moindres frais. Lors de son installation, il peut se connecter directement au nouveau compteur communicant Linky (dont le déploiement est en cours en France(4)) ou à un compteur digital classique (grâce à la fourniture d’un modem par Lancey(5)) afin de détecter l’usage d’autres postes de consommation électrique dans l’habitat concerné.
Lorsque les appareils de cuisson ou une machine à laver sont par exemple utilisés, le radiateur peut automatiquement être alimenté par sa batterie, ce qui permet de réduire l’appel de puissance total de l’habitat. L’usager peut de cette manière diminuer la puissance de l’abonnement souscrite auprès de son fournisseur d’électricité (dont il s’acquitte chaque mois en plus des kWh facturés).
En optimisant le coût de l’électricité consommée et en réduisant la puissance de l’abonnement électrique, Lancey estime ainsi qu’une économie de 50% peut être attendue par les consommateurs sur leur facture d’électricité liée au chauffage par rapport à un radiateur électrique énergivore de première génération.
Un acteur des « smart grids » utile pour stabiliser le réseau
Côté réseau électrique, Lancey envisage que l’ensemble de ses radiateurs intelligents puissent, à leur échelle, contribuer à la stabilité du réseau électrique en s’effaçant aux moments les plus opportuns. Les radiateurs constitueraient ainsi un élément de flexibilité supplémentaire pour intégrer davantage d'électricité renouvelable intermittente (photovoltaïque et éolienne) sur le réseau français. C’était d’ailleurs l’ambition initiale de Lancey, confie Raphaël Meyer qui souligne l’intérêt environnemental de réduire la « pointe » de consommation électrique (qui mobilise des moyens de production plus onéreux et souvent plus émetteurs de gaz à effet de serre).
La start-up communique aujourd’hui également sur la vocation sociale de son radiateur : lutter contre la précarité énergétique qui touche près d’un Français sur cinq. Lancey entend ainsi notamment séduire les bailleurs sociaux pour rénover le parc ancien de logements équipés de « grille pains ». Pour rappel, près de 30 millions de convecteurs électriques énergivores sont installés dans les bâtiments français et leur remplacement peut faire l’objet de différentes aides.
La question du surcoût du radiateur par rapport à un convecteur électrique classique se pose naturellement pour avoir une idée plus précise du gain de ses utilisateurs. La batterie, composant clé de l’appareil, constitue aujourd’hui « une part importante » du prix de revient du radiateur (dont le prix de catalogue actuel est fixé à 1 000 euros) mais Lancey mise sur une baisse importante de son coût et développe à cette fin sa propre ligne d’assemblage.
A l’heure actuelle, le radiateur est encore en phase d’expérimentation avec une centaine d’appareils testés principalement en Isère par des bailleurs sociaux (mais également dans des bureaux). Après avoir eu un retour d’expérience sur ces radiateurs, Lancey envisage le lancement de leur commercialisation auprès du grand public fin 2017 et se fixe un objectif de 2 000 ventes en 2017.