- Source : Ademe
En 2017, l’énergie nucléaire a compté pour 71,6% de la production électrique en France métropolitaine, très loin devant l’hydroélectricité (10,1%), le gaz (7,7%), l’éolien (4,5%) ou encore le solaire photovoltaïque (1,7%). La nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), présentée le 27 novembre par Emmanuel Macron et François de Rugy, prévoit entre autres de ramener à 50% la part du nucléaire dans ce mix à l’horizon 2035 en fermant 14 réacteurs nucléaires(1) d’ici là.
Dans cette étude publiée le 10 décembre(2), l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) présente 7 trajectoires d’évolution du mix électrique français entre 2020 et 2060 censées refléter les différentes « incertitudes liées à cet horizon lointain » (niveau de la consommation, coût des technologies, acceptabilité plus ou moins forte des énergies renouvelables, etc.). Sur cette base, l’Agence considère que « l’optimisation économique de l’évolution du système électrique français conduit à une part d’EnR de 85% en moyenne en 2050, et de plus de 95% en 2060 ».
L’intégration croissante des EnR dans le mix électrique pourrait même permettre de baisser à long terme le coût total hors taxes de l’électricité en France selon l’Ademe (à 90 €/MWh en 2050, contre près de 100 €/MWh à l’heure actuelle). Cette prévision prend en compte les contraintes particulières des filières renouvelables à production intermittente et le coût associé (en matière de stockage, de flexibilité des réseaux, etc.), précise l’étude. L’Ademe estime entre autres que le développement des installations photovoltaïques au sol pourra s’effectuer sans soutien public à partir de 2030 (et à partir de 2035 pour les parcs éoliens terrestres).
Point très débattu, le développement d’une filière industrielle EPR « ne serait pas compétitif pour le système électrique français d’un point de vue économique » selon l’Ademe (sur la base d’un coût de production de 70 €/MWh pour l’EPR en série)(3). L’Agence appelle en revanche à prolonger la durée d’exploitation d’une partie du parc nucléaire existant, en atteignant l’objectif de 50% de nucléaire dans le mix électrique national entre 2030 et 2035.
L’Ademe indique que cette étude présente, « comme toute modélisation technique de système complexe », des limites, notamment du fait des incertitudes sur l’évolution du « contexte technico-économique ». L’optimisation économique présentée n’intègre par ailleurs pas les impacts sur l’emploi ou l’environnement. L’Agence souligne enfin que l’acceptabilité sociale serait un défi majeur dans le cadre du déploiement massif des EnR envisagé, incluant notamment un peu plus de 60 GW d’éoliennes terrestres en France à l’horizon 2060 (la capacité éolienne terrestre installée dans l'hexagone début 2018 était de 13,7 GW).
Dans la trajectoire dite « Référence » de l’Ademe, les énergies renouvelables compteraient pour près de 87% de la production électrique française en 2050. (©Connaissance des Énergies, d’après Ademe).
Sources / Notes
- Dont les 2 réacteurs de la centrale de Fessenheim.
- Cette publication de l’Ademe est une synthèse. L’étude complète sera rendue publique au premier trimestre 2019.
- L'Ademe évalue à 39 milliards d’euros au minimum le surcoût pour la France du déploiement d’une telle filière (24 GW d’EPR en 2060). Construire et démarrer un seul EPR en 2030 nécessiterait un soutien public de 4 à 6 milliards d’euros pour atteindre la rentabilité selon les estimations de l’Agence. Le soutien public annoncé aux EnR dans le cadre de la nouvelle PPE est de « 7 à 8 milliards par an » pour les années à venir.