©Storengy/Antoine Meyssonnier
Le gestionnaire de capacités de stockage gazier Storengy a souligné, lors de sa conférence de presse annuelle ce 19 novembre, le rôle stratégique de ses actifs pour assurer la sécurité d'approvisionnement en France. Mais aussi dans le cadre de la transition énergétique, avec l'adaptation de ses sites au stockage d'hydrogène.
Près de 130 TWh de capacités de stockage
Pour stocker du gaz naturel en grandes quantités, la France a recours à différentes structures géologiques souterraines existantes ou qui sont aménagées : les nappes aquifères, les gisements d'hydrocarbures épuisés dits « déplétés » et les cavités salines(1).
La France dispose actuellement de l'équivalent de 130 TWh de capacités de stockage de gaz, ce qui correspond à environ un tiers de sa consommation annuelle.
Sur ce total, 100 TWh sont exploités par Storengy, filiale d'Engie qui dispose de 14 sites de stockage gazier en France (et de 7 autres en Allemagne et au Royaume-Uni, ce qui en fait le 1er opérateur de stockage souterrain en Europe).
Un rôle « crucial » lors des pics de consommation
Storengy rappelle que ses capacités de stockage sont « cruciales » pour assurer la sécurité d'approvisionnement des 10,5 millions de consommateurs de gaz naturel en France (compte tenu de la production très limitée sur le territoire national).
« Avoir ce volume accessible localement, c'est se prémunir vis à vis des facteurs externes influençant les prix » et anticiper les problèmes d'approvisionnement, comme l'a mis en exergue la crise énergétique suite à la guerre en Ukraine.
L'Union européenne impose à ce titre aux États membres d'atteindre un niveau de remplissage de 90% de leurs capacités de stockage gazier au 1er novembre (un niveau atteint dès le 5 septembre cette année par la France(2)).
En hiver, les sites de stockage fournissent « plus de 50% de la consommation de gaz lors des pics », souligne Storengy. Par exemple, le 10 janvier 2024,1 706 GWh de gaz avaient été soutirés des sites de stockage français, ce qui correspondait à 65% de la consommation ce jour-là.
L'hiver 2024-2025 est ainsi considéré comme « sécurisé », avec un système « robuste » permettant d'aider les pays voisins en cas de besoin.
Quel est l'impact du stockage sur vos factures de gaz ? (coût de l'ATS gaz).
Une transformation majeure à venir
Si la situation actuelle des acteurs du stockage gazier est « confortable » pour l'hiver à venir, le secteur va être confronté à de grands bouleversements à l'avenir. La consommation française de gaz est en effet en baisse : elle s'est élevée à 381 TWh en 2023, passant ainsi en dessous de la barre annuelle des 400 TWh.
Storengy souligne toutefois que l'électrification du système énergétique ne pourra pas être totale et prépare ainsi ses sites à stocker du gaz « renouvelable », à savoir du biométhane (dont le développement a dépassé les objectifs de la PPE(3)) et plus encore de l'hydrogène.
À ce titre, Storengy travaille actuellement sur 3 projets dédiés au stockage d'hydrogène en France : HyPSTER (premier démonstrateur de stockage souterrain d'hydrogène renouvelable dans l'Ain(4)), Storgrhyn (développement de capacités de stockage additionnelles en cavité saline dans la région Grand-Est) et GéoH2 (démonstrateur de stockage d'hydrogène dans les cavités salines de Manosque).
Storengy précise que les cavités permettant actuellement de stocker du gaz naturel peuvent être utilisées pour stocker de l'hydrogène à l'avenir mais que les installations en surface devront changer (notamment compte tenu de la petite taille de la molécule d'hydrogène nécessitant une étanchéité différente).
Dans cette optique, le gestionnaire français attend que des objectifs de développement clairs du stockage d'hydrogène soient fixés pour « dérisquer » les investissements associés. « Si début août 2024, le paquet législatif de l'UE sur la décarbonation de l'hydrogène et du gaz est entré en vigueur, il s’agit désormais pour l’ensemble des Etats membres disposant de stockages, de poser rapidement un cadre réglementaire à mettre en place avant 2033. »