Migration climatique : un enjeu diplomatique pour les villes africaines

  • Source : Ifri

Face à la « mobilité climatique », les collectivités locales africaines « ne peuvent rester inactives » et s'organisent pour « trouver des partenaires (inter)nationaux, pour mener des actions localement et revendiquer l'accès aux financements internationaux », indique Janina Stürner-Siovitz dans une étude publié ce 21 novembre par le Centre Énergie de l'Ifri, alors que la COP29 vit ses dernières heures à Bakou.

Définition de la mobilité climatique

La « mobilité climatique » désigne « tout mouvement de personnes motivé par les effets néfastes des changements climatiques, soudains ou lents », selon la définition de l'African Climate Mobility Initiative (ACMI). Cette mobilité « se produit à l’intérieur et au-delà des frontières nationales et implique différents niveaux de contraintes, d’action et de vulnérabilité, englobant à la fois les déplacements forcés et les migrations, y compris les relocalisations planifiées ». Elle peut être « temporaire ou permanente ».

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM, organisation liée aux Nations unies depuis 2016(2)) a publié en 2023 un rapport sur « le futur de la mobilité climatique »(3). Elle y estime que « les effets directs du changement climatique, exacerbés par des impacts secondaires tels que le déclin de la productivité agricole, devraient entraîner la migration interne de 44 à 216 millions de personnes d’ici à 2050, en fonction des scénarios d’émissions »(4).

Un enjeu particulier en Afrique subsaharienne

La question de la mobilité climatique est particulièrement prégnante en Afrique qui est fortement impactée par les effets du changement climatique (avec notamment des sécheresses, inondations, glissements de terrains dans des zones vulnérables).

La Banque mondiale consacre des rapports (« Groundswell ») à ces mouvements de populations liées aux effets du changement climatique : elle prévoit dans ses scénarios que l'Afrique subsaharienne sera principalement touchée par cette mobilité climatique, avec 87,5 millions de « migrants climatiques » d'ici à 2050 (contre 19,3 millions en Afrique du Nord). Il est précisé que la plupart de ces mouvements s'effectuent à l'intérieur des pays et non en traversant les frontières.

Les villes « intermédiaires » (entre 50 000 et 1 million d'habitants en Afrique) sont considérés comme plus attractives que les grandes métropoles dans le cadre de ces migrations climatiques.  Pourtant les villes africaines sont vulnérables face au changement climatique et elles sont impactées par les politiques nationales et internationales (ou l'absence de ces politiques), tout en étant sous-représentées dans les débats concernant le changement climatique.

« Diplomatie des villes »

« Pour surmonter ce paradoxe de gouvernance, un nombre restreint mais croissant de collectivités locales africaines telles qu’Accra, Freetown ou Nyamagabe ont recours à la diplomatie des villes », indique Janina Stürner-Siovitz. Les représentants des villes cherchent à « placer la dimension urbaine plus haut dans l’agenda intergouvernemental de la mobilité climatique ».

Les villes aspirent également à accéder davantage aux financements internationaux en matière d'adaptation aux changements climatiques. Parmi leurs réussites, citons les nombreux partenariats développés par le MMC (Mayors Migration Council) qui ont abouti au lancement d'un nouveau fonds dit « GCF » (Global Cities Fund for Migrants and Refugies), dont ont bénéficié 14 villes africaines à ce jour.

Lire l'étude :
Migration climatique : un enjeu diplomatique pour les villes africaines

Sources / Notes

  1. Janina Stürner-Siovitz est chercheuse spécialiste de la diplomatie des villes dans les domaines des migrations et en particulier de la mobilité climatique.
  2. L'OIM plaide régulièrement pour que la mobilité climatique soit reconnue comme « une composante essentielle des efforts d’adaptation au climat ».
  3. Pensons à demain, agissons aujourd’hui : Le futur de la mobilité climatique, OIM, 2023.
  4. En 2022, déjà « quelque 32 millions de personnes dans le monde ont été déplacées à l’intérieur de leur propre pays en raison de catastrophes ».