Selon l’EIA, la consommation mondiale de pétrole et d’autres hydrocarbures liquides pourrait atteindre 113 millions de barils par jour en 2040, contre 95 Mb/j en 2015. (©Anadarko)
La consommation mondiale d’énergie pourrait augmenter de 28% entre 2015 et 2040 selon les dernières prévisions de l’EIA (agence américaine d’information sur l’énergie) présentées hier. Le mix énergétique mondial devrait pour sa part rester très largement dominé par les énergies fossiles dans les décennies à venir.
Une hausse continue de la consommation énergétique mondiale
Selon le scénario de référence de l’« International Energy Outlook 2017 » de l’EIA, la consommation mondiale d’énergie primaire, qui s'élevait à 575 milliards de MBtu(1) en 2015, pourrait atteindre 663 milliards de MBtu en 2030 et 736 milliards de MBtu en 2040, soit une hausse de 28% en un quart de siècle.
Malgré les appels à davantage de sobriété pour lutter contre le changement climatique, l’EIA entrevoit ainsi une croissance sensible de la consommation, portée à plus de 60% par les pays d’Asie-hors OCDE(2). Précisons que l’EIA a toutefois fortement revu à la baisse son estimation de la consommation mondiale en 2040 par rapport à son rapport de prospective de 2016 (de 815 milliards de MBtu à 736 milliards de MBtu).
L’EIA rappelle que la hausse de la consommation mondiale d’énergie sera en grande partie liée à la croissance économique(3) et démographique. L'Afrique, dont la population pourrait avoisiner 2,5 milliards d’habitants au milieu du XXIe siècle selon l’ONU(4), pourrait toutefois consommer trois fois moins d’énergie que les États-Unis en 2040(5) en raison du lent développement de leurs infrastructures énergétiques.
Grâce aux actions d’efficacité énergétique, l’intensité énergétique mondiale (consommation d’énergie rapportée au PIB) devrait diminuer de 1,9% par an en moyenne entre 2015 et 2040. (©Connaissance des Énergies, d’après EIA)
Une croissance des énergies décarbonées… qui restent encore très minoritaires dans le mix mondial
L’EIA envisage une hausse de la consommation de toutes les énergies entre 2015 et 2040, y compris celle de charbon (qui augmenterait jusqu’en 2025, puis diminuerait légèrement). Les énergies renouvelables, encore très minoritaires dans le mix énergétique mondial (12,5% en 2015 selon l'EIA), pourraient connaître la plus forte croissance (avec une hausse de leur consommation de 2,3% par an en moyenne entre 2015 et 2040), suivies par l’énergie nucléaire (+ 1,5% par an sur la période). Malgré cette croissance des énergies décarbonées, les énergies fossiles compteront encore pour 77% de la consommation mondiale d’énergie en 2040 selon les projections de l’EIA.
Selon l’EIA, la part des énergies renouvelables dans la consommation mondiale d’énergie pourrait passer de 12,5% en 2015 à 17,4% en 2040. (©Connaissance des Énergies, d’après EIA)
Le pétrole restera la principale source d'énergie dans le mix énergétique mondial en 2040 selon l’EIA : il pourrait satisfaire 31% de la consommation mondiale d’énergie à cet horizon (avec un prix de 109 $ par baril), contre 33% en 2015. La consommation de gaz naturel pourrait quant à elle augmenter de 1,4% par an d’ici à 2040, en ayant recours aux vastes ressources non conventionnelles (gaz de schiste et de réservoir compact, gaz de houille, etc.).
Alors que le charbon est montré du doigt en raison des fortes émissions de gaz à effet de serre associées à sa combustion, il pourrait, selon l’EIA, continuer à jouer un rôle central dans la production mondiale d’électricité en 2040 (près de 30,5% du mix de production), grâce à la hausse de la consommation en Inde mais aussi en Australie et dans certains pays asiatiques et africains(6).
Le charbon pourrait rester la principale source de production électrique mondiale en 2040 selon l’EIA, légèrement devant les énergies renouvelables et le gaz naturel. (©Connaissance des Énergies, d’après EIA)
Selon l’EIA, les émissions mondiales de CO2 liées à la combustion d’énergie fossile pourraient augmenter de 0,6% par an entre 2015 et 2040 (contre + 1,3% en moyenne entre 1990 et 2015). Une projection peu compatible avec les objectifs ambitieux de l’Accord de Paris sur le climat. Pour rappel, les travaux du GIEC indiquent qu’il faudrait réduire les émissions mondiales de l'ensemble des gaz à effet de serre de 40% à 70% d’ici à 2050 (par rapport au niveau de 2010) pour contenir à 2°C le réchauffement d’ici à 2100(7). Entre 1970 et 2010, ces émissions ont augmenté de 80%, principalement en raison du doublement de la consommation d’énergie dans le monde sur cette période.