Les États-Unis, l'Australie et le Qatar ont compté à eux seuls pour plus de 60% des exportations mondiales de GNL en 2023. (©Qatargas)
L'expansion rapide des infrastructures nécessaires pour soutenir le commerce croissant du GNL reflète l'importance croissante du transport par méthanier dans la sécurité énergétique mondiale. En 2023, 20 pays ont exporté du gaz naturel liquéfié (GNL) dans le monde, dont 10 en Afrique et au Moyen-Orient.
Comment exporte-t-on et importe-t-on du GNL ?
Un pays producteur de gaz naturel commence par extraire le gaz de ses gisements, soit onshore soit offshore.
Le gaz naturel, conventionnel ou non, est ensuite acheminé par pipeline vers une usine de liquéfaction, où il est refroidi à environ -162°C pour être transformé en gaz naturel liquéfié (GNL), réduisant ainsi son volume de 600 fois pour faciliter le transport du gaz naturel, bien plus que les gazoducs.
Une fois liquéfié, le GNL est stocké dans des réservoirs cryogéniques avant d'être chargé sur des méthaniers spécialement conçus pour maintenir le gaz à une température très basse. Tous les pays exportateurs de GNL disposent par définition d’une façade maritime : le transport du GNL par navire méthanier permet de s’affranchir partiellement des contraintes géographiques et géopolitiques. Notons que l’île de Trinité-et-Tobago, 11e exportateur mondial de GNL, ne dispose pas de gazoducs la reliant aux pays voisins et peut uniquement exporter du gaz sous forme liquéfiée à l’heure actuelle.
Ces navires transportent le GNL vers les terminaux d'importation des pays consommateurs, où il est déchargé et regazéifié dans des installations dédiées.
Le gaz redevient naturel et est injecté dans les réseaux de distribution locaux pour être utilisé par les industries, les ménages ou les centrales électriques à gaz.
Flux de GNL dans le monde
En 2023, les flux mondiaux de GNL ont atteint 401 millions de tonnes (MT), en hausse par rapport aux 372,3 MT enregistrés en 2021, témoignant d'une augmentation continue de la demande.
Un tournant a eu lieu en 2022, ayant permis pour la première fois au transport de gaz par méthanier de dépasser celui par gazoduc. Pour se défaire de sa dépendance historique au gaz russe, l’Union européenne a pu compter sur la croissance des marchés d'exportation de GNL existants tels que les États-Unis et le Qatar et de nouveaux en développement, comme en Afrique. Le secteur du gaz naturel liquéfié (GNL) a ainsi pu s'adapter à la demande « avec une agilité incroyable », soulignait l’Union internationale du gaz en 2022, le qualifiant d' « assurance flexible à long terme pour la sécurité d'approvisionnement ».
2/3 des flux d'import se font toutefois en Asie.
Capacités de liquéfaction et de regazéification
La capacité mondiale de regazéification s'élevait à 1 143 millions de tonnes par an (MTPA), permettant aux importateurs de transformer le GNL pour le rendre utilisable. Parallèlement, la capacité de liquéfaction, qui permet de transformer le gaz naturel en GNL pour le transport, était de 481 MTPA en 2023.
Dans le rapport(1) mis en ligne en février 2023, l'IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis) considère toutefois que les « mesures agressives pour réduire la consommation de gaz pourraient rendre inutiles les nouvelles capacités d'importation de GNL » en Europe.
« Bien que les marchés du GNL puissent rester tendus pendant plusieurs années, le marché mondial du GNL verra une vague de nouveaux projets entrer en service en 2025-27, créant potentiellement une surabondance prolongée d'offre et un retour à des prix bas au niveau mondial », estime l'IEEFA.
Les États-Unis, premier exportateur mondial de GNL en 2023
L'Australie était devenue en 2020 le principal exportateur mondial de GNL, avec la montée en puissance de nouveaux projets (comme Prelude FLNG), avant que le Qatar retrouve sa place de premier exportateur.
En 2023, ce sont toutefois les États-Unis qui sont devenus le premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (3e en 2022)(2).
Cinq pays ont exporté à eux seuls les trois quarts des volumes de GNL transitant dans le monde en 2023 (dont 60,4% provenant de 3 pays) :
- les États-Unis : 21,1% des exportations mondiales de GNL en 2023 (avec 84,5 millions de tonnes exportées) ;
- l'Australie : 19,8% (79,6 Mt) ;
- le Qatar : 19,5% (78,2 Mt).
- la Russie : 7,8% (31,4 Mt) ;
- la Malaisie : 6,7% (26,8 Mt).
Suivent l'Indonésie (3,9%, 15,6 Mt), le Nigéria (3,2%, 13,0 Mt), l'Algérie (3,2%, 13,0 Mt), Oman (2,8%, 11,4 Mt), la Papouasie-Nouvelle-Guinée (2,1%, 8,4 Mt), Trinité-et-Tobago (1,9%, 7,7 Mt), les Émirats arabes unis (1,3%, 5,0 Mt), Brunei (1,1%, 4,6 Mt), la Norvège (1,1%, 4,4 Mt), l'Angola (0,9%, 3,7 Mt), le Pérou (0,9%, 3,7 Mt), l'Egypte (0,9%, 3,6 Mt), la Guinée équatoriale (0,7%, 2,8 Mt), le Mozambique (0,7%, 2,7 Mt) et le Cameroun (0,4%, 1,5 Mt).
Soulignons la très forte progression des États-Unis sur le marché du GNL (21,1% des exportations mondiales en 2023, contre 12,6% en 2020). Les États-Unis ont mis en service de nombreuses installations de liquéfaction depuis 2018 (Cameron, Corpus Christi, Cove Point, Elba Island, Freeport, etc.) pour augmenter les exportations d'une partie de leur production de gaz de schiste sous forme liquéfiée (la première livraison de GNL américain vers l'Union européenne a eu lieu en avril 2016 au Portugal).
Le conflit en Ukraine, et notamment la fin des importations allemandes via Nord Stream, a très fortement accéléré ce mouvement : les importations européennes de GNL américain ont augmenté de 153% en 2022 par rapport à 2021.
D'où vient la demande de GNL ?
Près de 65% de la demande mondiale de GNL en 2023 provenait d’Asie, les principaux pays importateurs étant la Chine (17,6% des importations mondiales de GNL), le Japon (16,5%) et la Corée du Sud (11,3%).
L'Europe a compté pour environ 30,2% des importations mondiales de GNL en 2023, la France étant le premier pays européen importateur avec l'Espagne. Les deux représentent près de 4% des importations mondiales.
Au total, 48 pays ont directement importé du GNL via leurs terminaux méthaniers en 2023. Beaucoup plus en ont obtenu dans leurs réseaux respectifs de gaz, du fait des interconnexions frontalières.