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Le gouvernement américain a annoncé vendredi un moratoire sur la construction de nouveaux terminaux d'exportation de gaz naturel liquéfié (GNL), le temps d'évaluer notamment leur impact sur l'environnement, un coup d'arrêt pour une industrie en pleine accélération.
"A mesure que les exportations augmentent, nous devons examiner les demandes d'exportation à la lumière des analyses les plus récentes sur le plan économique, environnemental et de la sécurité nationale", a déclaré la ministre de l'Energie, Jennifer Granholm, lors d'une conférence téléphonique.
L'annonce intervient alors que la campagne présidentielle est pleinement lancée et qu'un face-à-face semble inévitable entre Joe Biden, qui a notamment fait passer en 2022 un plan massif de financement de la transition énergétique, et Donald Trump, qui met en doute le principe même du réchauffement climatique malgré un consensus scientifique.
Dopés par l'envolée de la production du gaz de schiste, les Etats-Unis sont déjà le premier exportateur mondial de GNL, selon des données publiées par l'organisation internationale Cedigaz pour le premier semestre 2023.
Sept terminaux d'exportation de GNL sont déjà opérationnels aux Etats-Unis, avec environ 328 millions de mètres cubes par jour, selon l'agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).
Aucun nouveau permis d'exportation ne sera délivré avant que que le ministère américain de l'Energie (DOE) n'ait mis à jour son analyse de chaque projet, a dit Mme Granholm.
En l'état, les nouveaux projets en gestation devaient faire monter la capacité d'exportation des Etats-Unis à 1,35 milliard de mètres cubes par jour, selon la ministre.
- Besoins "à long terme" -
Anticipant un moratoire, évoqué par plusieurs médias américains, l'organisation de défense de l'environnement Sierra Club avait estimé qu'une telle décision "représenterait un changement de politique positif et significatif".
Début décembre, en marge de la conférence COP28 sur le climat, plus de 250 organisations et groupes de défense de l'environnement avaient demandé à Joe Biden de ne plus autoriser de nouveaux terminaux GNL, rappelant que le gaz naturel était une énergie fossile polluante.
Dans une lettre adressée jeudi à Jennifer Granholm, plusieurs instances de représentation du secteur de l'énergie avaient demandé à la ministre de renoncer à ce moratoire.
Elles faisaient notamment valoir que l'industrie du gaz naturel était créatrice d'emplois aux Etats-Unis, permettait de sécuriser les approvisionnements de l'Europe, privée de gaz russe depuis l'embargo consécutif à l'invasion de l'Ukraine.
"Il nous faut mieux comprendre les besoins du marché, la demande et l'offre à long terme, ainsi que les facteurs environnementaux", a plaidé Jennifer Granholm, qui a assuré que les projets déjà autorisés ne feraient pas l'objet d'un réexamen.
"Cela n'affectera pas notre offre actuel ou à court terme", a insisté la responsable.
"Nous sommes déterminés à renforcer la sécurité énergétique des Etats-Unis et de nos alliés", a-t-elle, ainsi qu'à "protéger les Américains contre le changement climatique, tandis que nous sommes à la pointe de la transition vers des énergies propres".